Lu : Jamais seul (ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations) de Marc-André Selosse

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 26 août 2018

Au milieu des romans policiers et des ouvrages de sciences-fictions qui ont accompagné mon été 2018, un ouvrage m’a marqué pour son originalité, son expertise et son approche « décalée ». Je parle ici de JAMAIS SEUL- Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations de Marc-André SELOSSE.DkyQJzFWsAEL2Ex.jpg large

Voici donc un livre extrêmement riche en savoir qui vous fera considérer le monde des « microbes » sous un jour nouveau, ouvrant la porte à la compréhension du rôle de ce « petit » monde, bien au delà du regard « pathologique » que nous lui portons souvent exclusivement. « Lave toi les mains ! »

Voici un livre illustrant comment les partenariats au sein des organisations vivantes – symbioses et bien plus – nous ont construits et font ce que nous sommes, font ce que sont les arbres sont, font ce que les animaux sont, font ce que les fromages sont, font ce que les civilisations sont… Brefs, que nous l’acceptions ou pas, nous sommes liés à ce monde microscopique.

Voici un livre qui vous aidera à lire l’invisible au travers de nombreuses histoires micro et macro-biologiques qu’on a envie de raconter autour de soit. Pour briller en société, lisez cet ouvrage !

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Ceci étant dit, je me sens bien en difficulté de résumer l’ouvrage, tant il est riche et complet (parfois complexe pour le lecteur peu cultivé que je suis). Faute de le résumer donc, je vais partager, deux souvenirs anecdotiques de lecture en espérant que chacun ira y chercher sa propre inspiration.

  • la vache n’est pas herbivore !

Parmi les jolies histoires racontées ici, je suis heureux d’avoir appris que les vaches ne sont pas des herbivores. Mince ! Je suis ingénieur des industries alimentaires et personne ne m’avait appris ça ! Ces animaux placides qui passent leur temps à brouter et à mâchouiller; de manière fort sobre en énergie (pas de chasse ou de recherche de nourriture) ; et bien, ces animaux se nourrissent des micro-organismes qu’elles « élèvent » dans leur rumen (et qui eux se nourrissent de l’herbe ingérée par leur hôte). Le micro-organisme n’est pas viable hors du rumen de la vache et la vache ne sait pas se nourrir sans ses hôtes.

  • « la faim rassemble, tandis que l’abondance disloque la symbiose »

Les plus grandes réussites en matières de symbiose se produisent quand les milieux sont pauvres, quand on a besoin de mettre en commun ses spécificités pour l’intérêt commun. Quoi de mieux pour une plante de démultiplier le pouvoir d’absorption / captation de ses racines grâce aux filaments de champignons. Chaque centimètre cube de sol contiendrait entre 100 et 1000 mètres d’hyphes de champignons mycorhiziens connectés aux racines des plantes ! La recherche de nutriments est optimisée.

Par contre si comme dans l’agriculture « moderne », on enrichit le sol à l’extrême, les plantes peuvent survivre sans les mycorhizes ou nodosités de leurs vieux alliés. Toutes les « compétences » de collaboration plantes / champignon, acquises au cours des 400 millions d’années antérieures sont en partie détruites.

Extrapolons. Cette nécessité de la « crise des ressources » pour collaborer me permet une légère digression dans « mon » univers. Je me demande toujours pourquoi si peu d’entreprises actionnent le levier « écologie industrielle » / « partenariats de proximité ». La réponse est peut-être que dans notre monde, au moins économiquement, l’accès au ressources est encore trop facile. Les collaborations ne pourront se faire que dans un monde plus contraint. 

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Conclusion : « les microbes sont nos amis, il faut les aimer aussi…« 

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Le dilemne des vacances : sobriété ou plaisir, faut-il vraiment choisir ?

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 10 août 2018

Retour de vacances…

Le plaisir des vacances pour les riches occidentaux dont je fais partie (sans fierté, mais c’est un fait), c’est de se déconnecter des soucis du quotidien, de passer plus de temps avec nos proches dans un contexte non contraint, de prendre le temps de découvrir des choses que l’on ne regarde pas sous la pression du quotidien. Certains courants voient dans ce rituel une défaillance de notre système productif et de notre mode de vie [« Le tourisme est une compensation thérapeutique permettant aux travailleurs de tenir la distance et d’accéder aux mirages de la qualité de vie »] – et prônent l’immobilité.

Je comprends le raisonnement. Reste que pour moi, les vacances permettent de créer des souvenirs, de vivre des moments avec ceux qu’on aime le plus, de concevoir du positif en oubliant provisoirement (et lâchement) les petits et grands problèmes de notre monde. Voici donc une limite à mon tempérament anxiogène.

Ce besoin de vacances ne doit pas cacher cependant que, pour ne parler que d’un enjeu environnemental, le tourisme représente entre 5 et 8% des émissions de gaz à effet de serre mondiales (lien) et sa généralisation n’a rien de réjouissant pour nos écosystèmes. Bien-sur, le tourisme fait vivre beaucoup de gens sur Terre (1 emploi sur 11 selon cet article : lien), mais nous ne pouvons ignorer la pente catastrophique sur laquelle la planète est engagée en matière climatique, et les épisodes caniculaires de cet été n’en sont que des épiphénomènes visibles. Prendre l’avion trop fréquemment est un problème et ce n’est pas le prix du billet qui va inciter le vacancier à la sobriété, puisque, je le rappelle une nouvelle fois, le kérosène des avions est 100% free tax !

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Partir en vacances est donc dans un même temps plaisir et source de culpabilité croissante. Encore une raison de devenir schizophrène…

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Contrairement au journaliste anglais Leo McKinstry (lien), assumant humoristiquement son amour de la sédentarité et sa détestation des voyages, j’aime ces moments particuliers mais je ne souhaite pas – ou le moins possible – contribuer à la création de l’enfer que nous construisons petit à petit.

Cet été, j’ai donc tenté de jouer la carte de la sobriété et notre petite famille est partie de la maison à vélo, pour rejoindre la mer, en profitant du réseau de pistes cyclables vendéen (près de 2000 km je crois – lien). 160 km à parcourir avec une étape en camping, des squats de jardins d’amis et une soirée en gite.

Je n’étais pas sûr que mes jeunes enfants (8 et 10 ans) adhèrent au concept de rouler 30/40 km par jour ; pas sûr non plus que nous nous éclaterions au camping municipal situé à 30 km de la maison le premier soir ; pas sûr enfin que nous pourrions transporter notre maison avec nous (car il s’est avéré que nous ne sommes pas encore équipés / conditionnés aux voyages « légers »)… et pourtant, ça a marché !

Quelques éléments de retour d’expérience :

  • Contrairement aux idées reçues, les enfants ne sont pas le facteur limitant (c’était moi le maillon faible, avec ma remorque trop lourde, quel coup à l’orgueil du mâle !). Ils ont assuré ! Je reconnais que leur motivation était souvent proportionnelle à la taille de la piscine du lieu d’hébergement suivant… La contrepartie positive reste éducativement acceptable, non ?
  • La modeste réussite de notre challenge « on va à la plage à vélo » nous renvoie une petite fierté collective : we did it ! Nous ne sommes pas restés à « attendre » les vacances. Nous les avons vécues activement. Je crois sincèrement que tout le monde y a trouvé son compte.
  • Les petites galères font parties du projet, même si elles furent rares (beaucoup de ronces sur les pistes cyclables de Vendée). Quand on y est préparé, on les positive.
  • Économiquement, c’est imbattable des vacances à vélo, même avec des restos et des bières pour les grands…
  • Nous ne sommes ni de grands sportifs, ni de grands aventuriers et pourtant, des vacances sobres en carbone (sans avion et avec peu d’auto) sont accessibles avec beaucoup de plaisir et de souvenirs, grâce au vélo. C’est vraiment chouette la mobilité à bicyclette.
  • Enfin, que l’on ne me dise plus que la Vendée est un département plat !

Nous avons collectivement décidé de recommencer l’aventure l’année prochaine avec une vraie remorque de portage et sur un autre parcours. Qui a dit que les vacances étaient forcement énergivores ?

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Chronique Ecolo-Buissonnière n°14 : « On est dans le kaka de Yak… et en même temps… »

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 27 juin 2018

Bientôt en ligne (lien), ma dernière chronique Ecolo-Buissonnière sur un sujet traité dans un post précédent : les rencontres internationales francophones – Transition Énergétique et Sociétale. En attendant, voici le texte et ses liens.

Spéciale dédicace à Bernard.

« Aujourd’hui, je viens vous chroniquer sur le thème de la GONALGIE.

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J’ai en effet assisté, il y a quelques jours à un colloque international de rhumato-sociologie passionnant. Le thème de ce symposium était l’amélioration de l’articulation du genou. Devant mon envie irrésistible de briller en société, m’en voilà parti pour vous conter ceci.

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Le constat au niveau mondial n’est pas brillant. L’articulation du genou n’est pas un sujet très vulgarisé et pourtant trouver remèdes aux maux de l’articulation du GENOU répondrait à bien des enjeux de notre temps. En aviez-vous conscience ?

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Notamment, saviez-vous que la mauvaise articulation du JE-NOUS est une des causes principales de notre individualisme ? de notre incapacité à nous approprier les enjeux globaux comme le réchauffement climatique ou l’extinction de la biodiversité ? non ?

Il faut dire que l’articulation JE-NOUS est soumise à bien des contraintes : l’obésité du poids des enjeux mortifères qu’il nous faut porter, la sédentarité d’un système privilégiant l’individu au collectif, les ondes négatives permanentes provenant des chaines d’infos continues qui nous poussent toujours plus à ignorer le NOUS au profit du JE.

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C’est un peu de cela dont il a été question lors des premières journées internationales francophones de la Transition énergétique et sociétale, puisqu’il s’agit bien de cela.

L’articulation du JE et du NOUS résume bien la question affichée en ouverture de session : « En quoi l’innovation sociale et les dynamiques collectives facilitent l’émergence et le développement des projets de transition sur les territoires locaux ? ».

Nos invités du CTS ne seront pas perdus lors de cette chronique, car je vais relater arbitrairement, maladroitement et subjectivement ce que je retiens de l’évènement pendant lequel leur promotion 2017-2018 a présenté son évènement de clôture.

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J’ai donc passé 2 journées et 2 soirées au milieu de chercheurs, de philosophes, de sociologues, d’acteurs associatifs, de gens de collectivités, de référents d’entreprises, de québequois chauves, d’helvétiques barbus… sans oublier les « collégiens de la transition ». Tout ce beau monde pour phosphorer sur le Faire Ensemble.

Le concept du FAIRE ENSEMBLE est vraiment intéressant… pour tout dire, si j’étais Monsanto, expert de l’appropriation du vivant, je brevèterais le principe ! c’est vrai quoi, le potentiel est énorme : si ça marche massiquement, on tient une pierre philosophale ! Y a vraiment du pognon à se faire ! En attendant de privatiser le concept, les présents à ces journées ont fait de la mise en pratique.

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La mise en pratique a commencé par une mise en abime lors de la conférence du philosophe suisse Dominique Bourg que je résume avec mes mots et une métaphore pleine de bon gout. L’Humanité toute entière est plongée dans une sorte de fosse à lisier de yak malade. Nous sommes dans ce truc malodorant. C’est même nous qui avons creuser la fosse et construit le système l’alimentant. Le niveau monte. Nous respirons difficilement avec une paille… mais nous nous sommes finalement bien habitués à la situation. Nous l’acceptons et n’envisageons pas de bouger des quelques mètres qui nous sortirait de la fosse. C’est tellement plus facile d’attendre que de bouger ! Le niveau de kaka de Yak monte encore.188540-004-9F52B89C

Ce kaka de Yak c’est le réchauffement climatique couplé à l’extinction de la biodiversité qui conditionnent pourtant notre vie de bipède dominateur et « en même temps » si fragile.

Le dispositif nous alimentant en excrément est le système marchand qui amplifie en permanence l’ampleur de nos soucis.

Pour nous sauver du Kaka de Yak, Dominique Bourg mise sur un changement de paradigme rendant notre modèle de vie compatible avec la fragilité des éco-systèmes. Comment ?  En devenant des humains plus spirituels, plus proches de la Nature. Trouver notre épanouissement dans un équilibre avec la Nature plutôt que de nous épanouir dans le mirage de la consommation.

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Parenthèse / télescopage d’actu sur notre rapport à la Nature : la philosophe Cynthia Fleury  vient de codiriger un ouvrage, L’Exigence de la réconciliation. Biodiversité et société. Elle dit que notre relation à la Nature ne fait que régresser (yc en termes de fréquence de confrontation). « La biodiversité a besoin d’être incarnée. Plutôt que trop la naturaliser, il faut en faire une affaire véritablement humaine ». Il y a urgence. Car si les sociétés humaines ont besoin que la biodiversité fonctionne bien pour garantir leur survie, leur bien-être et leur cadre de vie, elles ont oublié qu’elles en faisaient partie. Tout ce que dit Cynthia Fleury est du miel (bio…).

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Revenons-en à notre kaka de yak. Franchement, à la sortie de la conférence, je ne voyais pas quelle Arche de Noé pourrait nous sauver du péril du KakadYak. Un kayak peut-être ? Pas une Cadillac en tout cas (j’ai un peu honte là).

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Bien que plongé dans le doute, j’ai quand même brulé dans ma charrette des temps modernes 4 L d’essence E10 parfumée au sang d’orang outan pour donner une chance à l’Humanité de s’en sortir et suis revenu le lendemain pour suivre deux journées de réflexion actives.

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Pour la suite, je suis bien incapable de résumer le déroulement et la production de ces journées, mais ce qui m’en reste comme impressions, au-delà d’une ambiance joyeuse et constructive, tourne autour du verbatim emblématique des années 2017/2018 : « en même temps ». Je vous en propose une petite série, sans connotation politique :

  • EN MÊME TEMPS n°1 : Nous n’avons jamais autant détruit la vie sur Terre EN MÊME TEMPS aux quatre coins de la Terre des acteurs se bougent et proposent des solutions pertinentes. Je vous invite à parcourir le recueil de contributions réalisé l’occasion de ces premières rencontres internationales et qui a été mis en ligne en open-source pour partager 33 projets à l’initiatives de chercheurs, d’associations (…). En quelques lignes vous y trouverez expliqué par exemple le projet « Cowatt co-toiturage solaires en Pays-de-la Loire » ou une analyse de « la culture de la proximité et de la transition à Montréal »…
  • EN MÊME TEMPS n°2 : Nous n’avons pas de solutions immédiates et instantanées pour changer nos modes de vie, EN MÊME TEMPS les solutions passent par cette appropriation collective du « faire ensemble ». Le chemin de la réflexion est un bout de la solution. Accepter cet investissement temps et la frustration de n’avoir fait que parler. « Notre maison brule »… et nous discutons du plan d’intervention entre pompiers aux compétences et langues différentes
  • EN MÊME TEMPS n°3 : Acteurs du privé, des asso, des collectivités, chercheurs (…) en fonction de notre point de vue, nous avons souvent du mal à nous comprendre EN MEME TEMPS il n’y aura pas de changement d’échelle chacun dans notre coin. C’est de mon point de vu l’atout n°1 de ces journées de rencontres. Ce n’est pas si souvent que des militants discutent avec des entreprises et des chercheurs pour résoudre un problème commun !
  • EN MÊME TEMPS n°4 :  à la surprise des participants québecois, belges ou suisses, nous les français, nous demandons au « pouvoir public » plus de liberté et EN MÊME TEMPS plus de moyens et l’énergie du déclenchement. Nous sommes tellement jacobins…
  • EN MÊME TEMPS n°5 : Une partie de la société est prête à contribuer à ce « faire ensemble », EN MÊME TEMPS nous manquons de compétences pour réellement passer à l’action. La pratique de la Démocratie, ça s’apprend et l’éducation populaire a quasiment disparut. En voilà du concret pour agir vite !
  • EN MÊME TEMPS n°6 : Tous ces moments à promouvoir le FAIRE ENSEMBLE et l’intelligence collective et EN MÊME TEMPS se rendre compte lors des captivantes interventions de Damien Carême maire de Grande Synthe et de Jo Spiegel maire de Kingersheim, se rendre compte que le leadership permet l’action. sans leadership ???

Bref, ce n’est pas simple et EN MÊME TEMPS ce n’est pas une raison pour ne pas s’atteler à la tâche. Merci aux organisateurs, merci à Bernard et… pensez à soigner vos JE – NOUS. »

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Retour en images sur les rencontres internationales francophones – Transition Energétique et Sociétale

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 10 juin 2018

J’ai eu la chance de participer aux premières rencontres internationales francophones organisé par le programme TES (Transition Énergétique et Sociétale) qui se sont données pour objectifs de répondre à la question : « en quoi l’innovation sociale et les dynamiques collectives facilitent  l’émergence et le développement des projets de transition sur les territoires locaux ? »

Sur la base d’un recueil de contributions (accessible ICI), plus de 120 acteurs d’univers différents (chercheurs, associations, collectivités, entreprises…) ont contribué à la construction de réponses, sur la base des expériences acquises. Plus que les productions des différents ateliers, le chemin suivi pour réfléchir ensemble donne l’originalité de ce moment grave sur le fond et réjouissant sur la forme. Le Verbatim tant à la mode  « en même temps » a donc ici aussi trouvé sa place !

Pour en savoir plus sur le programme et les intervenants, c’est ICI.

Pour le compte-rendu des productions, c’est à suivre dans les semaines à venir.

De mon côté je vous propose « mon parcours » au travers de mes prises de notes dessinées ci-dessous. Tout a commencé par la conférence de Dominique Bourg (philosophe Suisse):

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Puis, la plénière d’ouverture :

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Des ateliers :

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La conférence du maire de Grande-Synthe, Damien Carême, dans le cadre de la soirée de clôture de la Promotion 2017/18 du Collège des Transitions Sociétales :

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Et enfin la conclusion de l’évènement par la conférence de Jo Spiegel, maire de Kingersheim :

Conf Jo Spiegel

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Chronique Ecolo-Buissonnière n°13 : « Auprès de mon arbre »

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 25 mai 2018

Déjà ma treizième chronique ! en podcast ICI et en texte (et sourcé) ci-dessous :

Je trouve le sujet de l’arbre très inspirant !

Inspirant… Expirant… Inspirant… Expirant… Rien que de le dire, ça fait du bien.

Il y a plein de raisons à s’attacher à un arbre. Et je ne parle pas là de pratiques écolo-fétichistes ; je veux dire que l’arbre est remarquable en bien des points :

  • il est remarquable d’abord pour son talent de transformer du CO2 en O2 par le miracle de la photosynthèse. La forêt française capterait 15% des émissions de CO2 du pays selon le Ministère de l’Agriculture et de la forêt),

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  • il est remarquable ensuite pour sa prise en charge, gratuite et désintéressée, de l’hébergement du vivant, prenons en de la graine (73 mammifères, 120 oiseaux en France).

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  • L’arbre est remarquable enfin pour ses investissements extra-professionnels. Sur son temps libre ; l’arbre lutte contre l’érosion, dépollue notre l’eau, nous aide à lutter contre les ilots de chaleurs en ville (lien), il nous apaise aussi.  La pratique japonaise du « bain de forêt » (Shinrin-Yoku) aboutirait de manière prouvée à une baisse significative du stress et de l’épuisement, moins de troubles de l’attention, une amélioration des défenses naturelles et des effets positifs sur la tension artérielle.  (lien).

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  • Enfin l’arbre donne même de sa personne pour nous chauffer… y-a-pas à dire, ça buche un arbre !

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J’ai envie de dire, qu’il mérite bien plus que les produits laitiers d’être désigné comme notre « ami pour la vie ». Ça se chante moins bien, mais on peut essayer : « Les arbres non tronçonnés sont nos amis pour la vie ». ça marche !

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Je rajouterai qu’un arbre c’est beau. Je ne connais pas grand-chose de plus beau qu’un arbre en fait… A part une forêt d’arbres bien-sûr (c’est de l’humour de conifère, ça pique un peu…).

L’arbre m’inspire tellement, qu’arrivé au bout de cette première page, ma chronique n’a pas encore commencé (elle durera exceptionnellement 35 minutes. Désolé pour les invités) ;

Ma chronique parlera aujourd’hui d’un livre exceptionnel, d’un héros des temps modernes, d’une femme hors-norme qui ont tous trois pour points communs : racines, bois et feuillages. Dit autrement, des histoires d’arbres qui vont nous emmener dans les Alpes françaises, au Kenya et en Inde.

Encore un voyage au bout du monde à 0 émission carbone ! C’est cadeau. Allez, sans mauvais jeu de mot : au boulot !

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Et pour ne pas frustrer ceux qui ne pourrons pas rester jusqu’à la fin de ma chronique, je vais vous en livrer la conclusion : « Ces trois parcours individuels nous montrent des chemins accessibles pour changer le monde et notre relation au vivant. Et tous trois utilisent les arbres comme véhicule pour ce changement. »

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Pour ceux qui sont restés, commençons par le livre. Si quelqu’un avait la curiosité de me demander quel est mon livre préféré. Ce serait celui-là. Un jour j’en ai même commandé une quinzaine pour les offrir à ceux que j’aime. Depuis, je suis heureux de le retrouver dans les toilettes chez maman. Son apparente simplicité (au livre) est inversement proportionnelle à la quantité d’énergie positive transférée au lecteur.Capture

Il y est question du plus modeste et humble des hommes, isolé dans sa montagne et ignorant les deux guerres mondiales qui se déroulent aux pieds de ces dernières. Cet homme seul, observé ponctuellement par le touriste narrateur, bouge des montagnes ou plus précisément crée une forêt, à force de persévérance et de patience. Le livre c’est l’homme qui plantait des arbres de Jean Giono (que je recommande en version illustrée).

Médaille d’or au classement LLLPMP 2010 (Les Livres Lus Par Ma Pomme.)

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Acte 2 : L’étoffe boisée d’un héros. J’ai dû lire le livre de Giono pour la première fois en 2010 et voilà qu’en 2013, je tombe sur un article de courrier international décrivant un fait divers comme je les aime. Pas un fait divers déprimant que l’on retrouve toutes les 5 minutes sur BFM TV, mais un fait divers qui nous permet de deviner notre potentiel de grandeur.

Ce fait divers parlait d’un indien, Jadav Payeng, un homme ordinairement extraordinaire qui a tout simplement mis en application la fiction de l’homme qui plantait des arbres, probablement sans avoir jamais entendu parler de Giono. Il a fait pousser une vaste forêt sur un banc de sable de 550 hectares situé au milieu du fleuve Brahmapoutre.

C’est drôle comme nom de fleuve BRAMA-POUTRE pour une histoire d’arbre. Non ? continuons…

L’article racontait comment cet homme avait été choqué en 1979 de voir sur une île du fleuve des dizaines de serpents morts de chaud, faute d’ombre. Les autorités n’étant pas réceptive à ce micro problème, le bonhomme a décidé de s’y mettre. Seul. D’abord des bambous, ensuite des arbres, en prenant soin d’importer des fourmis de son village pour structurer le sol. Aujourd’hui sa forêt est un refuge pour la biodiversité locale (éléphants, rhinocéros…). C’est seulement depuis 2008 que son initiative est reconnue par les autorités indiennes.

Une vie de solitude il est vrai mais une partie de moi est jaloux de ce courage que je n’aurai jamais.

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Terminons par le cas de « Celle qui plante des arbres ». Connaissez-vous Wangari Maathai ?

Tout le monde devrait la connaitre cette femme, prix Nobel de la paix en 2004 et disparue en 2011.Capture

Wangari Maathai a eu l’enfance africaine de millions de petits africains : aux champs au contact quotidien de la terre, dans un Kenya gérant tant bien que mal sa transition post-coloniale, au sein d’une famille traditionnelle. Elle a eu plusieurs chances : la première, des parents qui envoient une de leurs filles à l’école, la seconde, l’opportunité de faire ses études aux USA dans le cadre d’un programme international. De retour au Kenya, elle aurait pu capitaliser ce coup de pouce du destin et devenir fonctionnaire, membre de l’élite d’un pays en reconstruction ; ce qui aurait déjà été remarquable.

Mais voilà, elle a choisi de se battre sur plusieurs fronts tout au long de sa vie : féminisme, corruption, pauvreté, écologie. Car pour elle tous les sujets étaient liés. Pas de bonne gouvernance sans prise en compte de l’éco-système… et réciproquement. Une pensée révolutionnaire qui lui valut de nombreux passages en prisons.

Son œuvre : le Mouvement de la Ceinture Verte, qui a permis de planter plus de 40 millions d’arbres en faisant participer les paysans (paysannes surtout) dans un processus de plantation de masse, au sein d’un réseau qu’elle a mis des années à construire. Le mouvement continue : www.greenbeltmovement.org  

Seconde recommandation de lecture : son autobiographie

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Il est temps de conclure.

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L’arbre est notre passé : savez-vous que le plus vieil arbre vivant du monde est un pin

californien dont l’âge est estimé à 4.842 ans !

L’arbre est notre futur car il porte les solutions à nos problèmes de croissance des adolescents idiots que nous sommes. Même le mot croissance, quand il s’agit d’arbre, prend une toute autre signification. L’arbre est une solution accessible. Les portugais nous l’on montré récemment en plantant en une demi-journée 60.000 arbres sur un espace dévasté par un incendie (lien).

Surtout, l’arbre est inspirant comme le démontre mes 3 héros du jour. Avec les arbres on ne peut pas se planter…

 

Bonus : Pour voir ça sous l’angle de l’humour « et tout le monde s’en fout » : LIEN

 

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Carbon’at fête ses 10 ans chez REMY-COINTREAU à ANGERS le 26 juin 2018

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 4 mai 2018

L’Association Carbon’at nous prépare un moment riche en contenu pour ses 10 ans !

Le nombre de place est limité et priorité est donnée aux adhérents. Pour s’inscrire, c’est ICI

Invitation anniversaire Carbon'at

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RUPTUR : un nouvel acteur pour promouvoir l’Economie Bleue

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 30 avril 2018

... et donc un second post pour parler d’une initiative locale (Vendée et Loire-Atlantique) que j’ai découvert cette semaine, à l’occasion d’une réunion de présentation à la CCI de Vendée : l’Association RUPTUR.

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Inspiré par Gunter Pauli (voir ci-dessous sa présentation), un groupe de chefs d’entreprise s’est regroupé  autour de l’objectif de « réinventer notre façon d’entreprendre, de se développer ou de se diversifier [...] notre mouvement vise à montrer que l’on peut rejeter 0 déchet, ne pas polluer et être aussi rentable qu’une entreprise lambda. S’inspirer par la nature, remettre en question les règles des affaires et des marchés, penser local et territorial, donner aux jeunes générations les clés de penser autrement, voici tout l’enjeu de notre mouvement.« 

Je retiens de cette présentation un volontarisme qui fait du bien, une promotion salutaire de l’expérimentation (et donc du droit à l’erreur) et une envie de « faire »…

L’idée est que les solutions existent un peu partout et qu’elles sont autant d’opportunités à saisir pour concilier activité économique et prise en compte des enjeux environnementaux.

La perspective « Zéro pollution » est affichée en étendard, ce qui m’évoque la lecture du (très bon) livre de Yannick Roudaut (lien).

[Mon avis reste celui de l'humilité sur le thème du "Zéro...". La simplification des enjeux expose au risque de la communication abusive involontaire sur des projets forcement imparfaits. Il n'existe pas selon moi de solutions miracles qui gagnent sur tous les tableaux.]

Les projets de RUPTUR sont nombreux, ambitieux et déjà très avancés au regard de la jeunesse de l’Association (moins d’un an !) :

  • 8 chantiers sont déjà ouverts. L’association veut valider les modèles, aider le lancement de projets innovants pertinents
  • le 17 mai : une matinée de travail à Nantes chez Keran
  • 25 et 26 septembre : 2 journées bleues aux Sables d’Olonnes (avec la présence de Gunter Pauli)
  • au premier semestre 2019 : début des expéditions Jules Vernes pour découvrir physiquement les initiatives africaines, asiatiques…

Impressionnant !

Arrivons-en à l’inspirateur de l’initiative : Gunter Pauli. De qui s’agit-il ?

Wikipedia présente Gunter Pauli ainsi : « GP est un industriel belge né en 1956 à Anvers. Dans les années 1990, il reprend la société Ecover et la transforme en modèle d’économie verte. Quand il s’aperçoit que la base de son entreprise repose sur l’exploitation de l’huile de palme qui détruit les forêts ainsi que l’habitat des orang-outans, il la vend et se consacre à un modèle plus durable qu’il nomme l’économie bleue. Il créé alors la fondation ZERI (Recherche et Initiatives pour Zéro Pollution).

Membre du Club de Rome, il milite pour la diffusion de solutions véritablement durables à dimension sociale, notamment à travers des livres, des conférences et l’éducation des jeunes. »

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Il a été nommé le Steeve Jobs du Développement Durable par le Huffigton Post en 2016 (lien). Il revendique « 10 ans, 100 innovations, 100 millions d’emplois! » . L’article cite une phrase souvent prononcée par Idriss Aberkan, autre TEDx man réputé sur le sujet (lien) : « Comme toute révolution l’abolition de l’esclavage est effectivement passée par trois étapes dans l’esprit humain: on l’a considérée comme ridicule, puis comme dangereuse, puis comme évidente.« 

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Gunter Pauli parle aux entrepreneurs car il vise les opportunités économiques ouvertes par l’assimilation de nos contraintes sociétales. Je n’y vois aucun problème… tant que l’on garde une vision globale et argumentée sur les bénéfices – coûts des solutions développées et sur leur contribution aux enjeux prioritaires, histoire de travailler sur le « macro » et pas le « micro ».

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Lien vers vidéo sur une intervention APM en 2017

Je suis enthousiaste par la volonté affichée par ce groupe de dirigeants de mon territoire.

Il me semble pertinent de faire lien avec les autres initiatives du territoire : associatives sur le champ éducatif (lien), universitaire sur la compréhension des comportements (lien), associative (lien)…

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DCE : un outil au service des établissements scolaires pour rendre la Transition Energétique concrète

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 29 avril 2018

Il se passe des choses sur nos territoires et ce serait dommage de ne pas les valoriser. Si des médias nouveaux comme DEMAIN VENDEE s’attèlent (fort bien d’ailleurs) à cette tâche, je prends la plume numérique pour mettre en valeur, sur deux posts distincts, deux initiatives de mon territoire qui méritent une attention (voir plus si affinité).

Ce premier post est consacré à une opération nommée DÉFI CLASS’ÉNERGIE,logo_e3 mis en œuvre par l’association ELISE au sein de laquelle je suis bénévole. Je suis donc d’une certaine manière « intéressé » à la réussite de cette initiative mais je me sens surtout suffisamment informé pour revendiquer sa pertinence. De quoi s’agit-il ?

Pour ceux qui connaissent, c’est une opération inspirée du DÉFI DES FAMILLES A ÉNERGIE POSITIVES (lien post précédent).

Sur une période donnée (ici l’année scolaire), un établissement engage, en cohérence avec le projet pédagogique de l’année, une campagne de suivi des consommations énergétiques de ses infrastructures et met en œuvre un plan d’actions d’économie d’énergie. L’idée est d’utiliser les bâtiments comme support pédagogique.

Pour conduire le projet, l’établissement est accompagné par des techniciens / animateurs de l’Association ELISE (en Vendée, mais le dispositif existe partout en France) qui vont faire une première visite technique, animer des actions avec le corps enseignants en utilisant les outils d’éducation à l’énergie pertinents (balades thermographiques, affichages…) et aider en cours d’année à suivre les évolutions des consommation (saisies, analyses…).

L’objectif est de baisser globalement de 8% la consommation d’énergie des bâtiments. Si ça marche, les charges de l’établissement vont donc baisser sur la période.

Sur l’année scolaire 2017-2018, l‘école du Donjon à Sigournais (85) a engagé un projet DCE. C’est le premier établissement vendéen à avoir testé le dispositif ! Ci-dessous le reportage de DEMAIN VENDEE sur cette opération (lien) et une communication sur le sujet ICI.

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Au delà des actions menées avec et par les élèves tout au long de cette année scolaire : balade thermographique, journée sans cartable, livre d’or, classe « empreinte écologique », classe « électricité »…

Au delà des messages passés à ce jeune public pour sensibiliser et permettre les transitions dans les années à venir…

Au delà des économies réalisées par l’école, qui dépassent largement les 8% visés sur les 3 paramètres : consommation d’eau, consommation d’électricité, consommation de fuel…

Au delà de tout ça donc, je retiens les partenariats qui ont permis la réalisation de ce projet.

Une Association comme ELISE n’a pas de financement public pour mettre en œuvre ce type d’actions. Elle doit donc financer ces 6 à 10 moments d’intervention au sein de l’établissement scolaire par une facture. Les écoles n’ont pas toutes les moyens d’investir sur ce type de projet. C’est là que des partenaires externes peuvent intervenir dans le dispositif. Dans le cas de Sigournais, trois structures ont participé au financement de l’opération : le SyDEV (Syndicat Départemental d’Energie et d’Equipement de la Vendée), Garczyinsky Traploir Vendée (entreprise locale) et le Crédit Agricole. Grâce à leur participation, le projet a pu voir le jour, qu’ils en soient ici remerciés !

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 La Transition Énergétique implique aussi des transitions dans les modèles de financement des missions d’intérêt collectif.

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Chronique Ecolo-Buissonnière n°12 : La Finance Responsable (de quoi ?)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 27 avril 2018

L’émission est en ligne ICI. (nouveauté :une lecture dédiée de la chronique est maintenant possible).

DbnKDKIX0AA_nhIComme d’habitude le texte et les liens sont ci-dessous, au cas où ça intéresserait quelqu’un (on ne sait jamais !)

Tout d’abord Marie, je dois préciser que le mail reçu de votre part me précisant le sujet traité aujourd’hui n’était pas clair : allions nous parler de la finance « responsable » de nos maux ou de la finance « responsable » (dans ses pratiques) ? J’étais un peu en panique pour rédiger un truc alors dans le doute, j’ai traité les deux sujets.

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Sans l’identifier comme notre ennemie (ce qui serait pure sémantique électorale) il est difficile de nier que le secteur de la Finance n’ait pas un peu pourri quelques fruits. Tiens, le cas de la nourriture est explicite. Selon un rapport Oxfam de 2015 (lien), l’ultra-financiarisation des marchés agricoles est une cause première de la perturbation des prix alimentaires (cf crise de 2008). Comment ?

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Sachez qu’il existe des placements au doux petits noms de « fonds indiciels de matières premières » qui ont pour caractéristique de permettre aux opérateurs de parier à sens unique sur la hausse des prix. Ce faisant ils font augmenter de manière artificielle la demande en produits agricoles sur les marchés et dans la vraie vie ensuite les prix flambent.  Responsabilité pointée en 2008 et encore en 2015, nos banques « du bout de la rue » continuaient à spéculer sur les matières premières et donc sur la faim pour au moins 3 561 millions d’euros selon OXFAM.

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Ceux qui jouent à acheter – vendre devant un triptique d’écrans 50 pouces se doutent-ils qu’ils impactent sur la capacité d’une partie de la planète à manger le soir en rentrant à la maison ? c’est peu probable, l’homme n’est pas à ce point vénal… Si ?

Ah bon

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Comme le sujet que je maitrise le mieux c’est moi, je vais vous raconter la Finance Responsable vue de ma vie.

Il y a quelques années j’ai été invité à aller voir ma conseillère dans la banque qui gère mon compte courant. C’est une grande Banque de la place que nous appellerons le… Caution Agraire, histoire de garder l’anonymat.

Donc, ma conseillère du Caution Agraire, très réactive et pertinente dans son action du quotidien – je tiens à le préciser – avait souhaité me présenter, un samedi matin, la personne en charge des placements. Une Chance ! On m’a dit : « C’est bête M Dothée de faire dormir votre épargne, parlons-en ».

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Vous savez que le montant de l’épargne en France s’élève à 4.000 milliards d’euros? Bon, moi je ne représente pas grand-chose là-dedans mais à nous tous on pèse lourd ! vous imaginez ce qu’on peut faire avec 4.000 milliards d’euros ? L’association Négawatt a estimé la mise en œuvre de son ambitieux scénario de transition énergétique permettant de sortir du fossile et du fissile (Et comme chacun sait, sortir du fossile et du fissile c’est difficile :-) ) à 1.160 milliards d’euros d’ici à 2050. On peut donc financer près de 4 transitions énergétiques avec mon épargne !!

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Tu m’étonnes qu’on m’invite à parler de mes milliards…

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Donc, mes amis financiers de proximité, remplis de bon sens près de chez moi, ont voulu me montrer la voie de la raison. On m’a dit que je pouvais espérer des hauts rendements à risques maitrisés. C’est ce que leur demande la plupart de leurs clients, je ne leur en veux pas.08 Lucky Luke Tous a l'Ouest

Moi, j’ai expliqué que ma vision de la banque était celle de Lucky-Luke. Je vous confie de l’argent et vous me le rendez si j’en ai besoin. Vous le protégez quoi. Je trouve que c’est étrange cette habitude de penser que l’argent doit travailler… C’est les gens qui travaillent non ?

Mais moi n’y connais rien.

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« Alors admettons » j’ai dit. « Allons-y pour la multiplication de mes milliards. Mais Attention, je veux savoir exactement à quoi va servir mon argent ». Parce que j’en suis un peu responsable de ces sous, j’en ai la responsabilité. Je les adopté et je me sens redevable de leur devenir. Imaginez qu’ils soient utilisés, je ne sais pas moi, pour construire une usine à charbon en inde, à financer l’industrie des armes à feu américaine, ce serait ballot. Et pour tout dire IRRESPONSABLE !

Je dis donc à mon vendeur de rêve que je veux de préférence que mes milliards servent des intérêts locaux et/ou sociétaux. Je veux aussi qu’on me le prouve. Dans ces conditions OK, je vous les prête mes milliards !

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Un silence gêné se fit dans ce charmant bureau récemment rafraichit dans un esprit cosy, à même de créer de la confiance entre banquier et sociétaire. C’est vrai qu’on était bien assis.

« mais Monsieur DOTHEE, c’est pas comme ça que ça marche… regardez les belles performances de ces 3 dernières années sur notre assurance vie, on peut vous garantir 8%… et blabla».

J’ai alors parlé finance responsable, CIGALES, d’Energie Partagée, de la NEF, du classement des banques proposées par les Amis de la Terre, de leur mauvaise position…

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On ne se comprenait pas. Ils étaient des slovaques. J’étais un papou.

Ça ne matchait pas.

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Ma charmante conseillère m’a même demandé, la voix cassée, pourquoi j’étais insatisfait de ses services… J’avais envie de pleurer parce que je l’aimais bien, que j’avais pas envie qu’elle perde de la rémunération à cause des mes idées (perçues comme extra-terrestre) et en plus j’avais perdu 1 h de ma vie un samedi matin…

Rendez-vous bien compte que ma plus forte valorisation de cette expérience, c’est aujourd’hui à ce micro.

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Alors les mauvais jours, le duo de mots « finance responsable » me semble être un parfait oxymore, digne du clair-obscur, de la réalité-virtuelle, du Trump-président ou plus dans nos domaines de la voiture-propre …

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Les bons jours, je me dis qu’on ne peut pas se passer de la Finance pour financer les transitions.  Je me dis que pour qu’on se reconcilie, la première étape est de passer la barrière de la confiance et que les Banques arrêtent le green-washing. Et quand je vois comment cette autre grande institution de la place française (que nous appellerons la Structure Globale), quand je vois comment elle communique (lien) en affichant 46,4% de sources renouvelables dans les énergies et des projets d’électricité qu’elle finance… en comptabilisant l’énergie nucléaire comme une énergie «renouvelable»

…. Je me dis : c’est pas gagné…

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Mais ne regardons pas que le côté obscure de la force. Depuis ce rendez-vous manqué avec ma conseillère, beaucoup de choses ont changé.

Si ce rdv avait lieu aujourd’hui, j’aurais plein de bonnes nouvelles, glanées sur Novethic à partager avec elle et son expert en argent facile. Par exemple j’ai appris que notre golden président le 22 mars dernier (lien); à la Commission Européenne a affiché un volontarisme rare : je cite « nous pouvons imposer notre modèle de finance durable et devenir le leader mondial dans ce domaine »

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On est presque sauvé!

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Et blague à part, des choses concrètes semblent s’annoncer avec notamment un projet d’éco label européen pour les produits financiers. Histoire de freiner le Greenwashing effréné de certaines grandes banques comme la Structure Globale par exemple.

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La vraie bonne nouvelle c’est qu’avec nos milliards d’épargne, nous avons un pouvoir d’influence énorme, que les offres alternatives fleurissent (Nef, Cigales, Crowdfunding, Energie Partagée, Cowatt…) et que nous commençons seulement à le comprendre. Peut-être encore plus que nos modes de consommation matériels, nos arbitrages en termes d’épargne peuvent réellement influer les transitions. C’est peut-être ça la FINANCE RESPONSABLE.

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Chronique Ecolo-Buissonière n°11 : Le plastique c’est fantastique ou le plastoc c’est du toc ?

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 23 mars 2018

Je me rends bien compte que je ne produis plus grand chose sur ce blog à part mes chroniques mensuelles. Ce n’est pas un abandon mais plutôt un effet indésirable d’une activité professionnelle un peu trop forte. Je vais revenir !

En attendant, je suis (fort peu modestement), assez fier de ma dernière production. En ligne avec du son ICI.

Je me suis inspiré d’une chanson pour enfant (lien) racontant la vie d’une goutte d’eau pour écrire le conte de « Pétrolette ».

 

Aujourd’hui, je vais commencer ma chronique en prenant un costume de conteur pour vous raconter la douce et plastifiée histoire de Pétrolette, espiègle petite goutte de Pétrole, née dans un énorme champ pétrolifère située sous ce que nous appelons la péninsule arabique…

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La vie de Pétrolette s’est très longtemps résumée à de longues périodes d’attentes tranquilles, périodes de contemplation et de lentes maturations collectives sur une accueillante Roche mère profonde.

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D’où et comment elle sa famille se sont retrouvées là, elle ne s’en rappelle pas. Sa grand-mère lui raconte parfois qu’avant, il y a très très très longtemps ses ancêtres étaient des arbres ! des milliers et des millions d’arbres enfouis et dont le carbone s’est concentré à force de temps et de pression… Elle perd un peu la boule mamie !

Un jour, il s’est passé quelque chose qui a changé la vie tranquille de Pétrolette. Un énorme tuyau s’est mis à aspirer sa famille liquide. « Enfin un peu d’action » s’est dit Pétrolette qui rigolait à hydrocarbures déployées dans ce grand tobogan inversé.

Après un très court voyage en bateau (oui, tout parait court aux gouttes de pétrole, habituées à compter le temps en centaines de milliers d’années), les choses se sont gâtées pour Pétrolette et les siens : ils étaient sur le point de se faire raffiner !

D’abord on les a chauffés à 400 degrés, puis passé dans des tuyaux, encore chauffés…. Bref, Pétrolette s’est retrouvée dans l’équipe des Naphtas. Ça veut dire qu’elle n’était pas destinée à devenir du carburant mais à composer des polymères que l’on appelle le plastique.

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Pétrolette était plutôt contente de son sort car elle n’avait pas envie d’être cramée dans le moteur d’un SUV, même payé en 10 fois sans frais. Elle se dit qu’elle va être utile… servir à quelque chose. C’est donc avec enthousiasme qu’elle quitte sa raffinerie à destination de l’usine qui va la transformer en … un truc !

Et le hasard fit d’elle …. un très joli suremballage d’orange bio pré-épluchée. Une innovation parait-il. Elle se dit qu’elle a un rôle sociétal, Pétrolette. Elle est contente.

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Enfin, arrive le moment où elle va rencontrer SON utilisateur. L’émotion de ce moment est tant attendu. C’est important, quand on pense à toute l’énergie qui a été dépensée pour faire de Pétrolette ce qu’elle est maintenant (savez vous que dans les années cinquante on dépensait un baril de pétrole pour en extraire 50 et qu’aujourd’hui on se trouve parfois dans la situation de 1 pour 8 ?).

La rencontre a pris 5 secondes… « L’adoptant » pas très précautionneux était un rejeteur précoce qui a laissé ce qui reste de pétrolette s’envoler sous la bourrasque littorale de ce matin de printemps.

Avant que l’orange pré-épluchée soit digérée, Pétrolette était sur la plage, et il ne se passe pas 1 mois avant qu’elle se retrouve en pleine mer avec plein d’autres congénères. Elle aime bien flotter Pétrolette. Avec des amis c’est encore mieux.

Aujourd’hui, elle se trouve dans l’estomac d’une tortue qui va en mourir. Mais ne vous inquiétez pas pour Pétrolette, elle a encore quelques décennies avant de se décomposer en mini pétrolettes et de se retrouver dans le poisson que vous ingérerez en toute insouciance. Pour elle, ça va aller…

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Voilà pour le conte de fée.

Des vortex géants de plastiques s’installent au cœur de nos océans et, comble de malheur, d’invisibles particules de déchets plastiques s’invitent, c’est officiel, dans nos assiettes. Si notre consommation de plastique se maintient en 2050 les océans renfermeront massiquement plus de plastique que de poissons.

 

Chaque année, les Européens produisent 25 millions de tonnes de déchets plastiques, dont moins de 30% sont recyclés. Un plan européen pour améliorer ce recyclage est en train de voir jour en 2018, mais c’est peut-être du pays du plastique levant que le changement va réellement arriver. La Chine, première terre d’accueil de nos détritus plastiques, ferme ses frontières aux déchets étrangers. L’Europe tremble. Que va-t-on faire de ces matières que l’on ne veut pas voir ?

 

En Europe c’est le Royaume-Uni qui semble porter le combat contre le plastique jetable. Courrier International n°1422 nous apprend en reprenant un article du Times qu’une série de documentaires de la BBC (Blue Planet 2) a généré une prise de conscience populaire et que du coup Théresa May a engagé une série de mesures relativement ambitieuses que les médias reprennent sous le nom de « La guerre contre le plastique est engagée »  (lien)

 

Le gouvernement français vise lui un objectif de 100 % de plastiques recyclés à l’horizon 2025. Est-ce possible alors que la France ne recycle actuellement que 21 % dans ce pays qu’Alexis de Tocqueville décrivait comme le pays « des règles dures et de l’application molle » ? (Lien)

Mais c’est un peu plus compliqué. Rappelons d’abord que le plastique constitua dans les années 1960 une formidable découverte de la chimie du pétrole. En 1963, deux co-prix Nobel sont attribués en chimie des plastiques. Le plastique est devenu depuis une source de richesse (27,5 milliards d’euros de contribution aux finances publiques dans les pays européens) et d’emplois (plus de 1,5 million d’emplois en Europe).

 

Moi, tout seul de mon côté, j’ai décidé en début d’année, fort modestement de ramasser les déchets que je trouverai pendant mes ballades et donc de partir me promener avec un sac poubelle. J’ai du coup découvert qu’une start-up nantaise avait mis en ligne une application Run Eco Team qui challenge ce concept.

 

Dorénavant jouer à nommer PÉTROLE ce que vous appeliez avant PLASTIQUE.

 

 

Pour aller plus loin :

 

et une vidéo sur le continent de plastique

 

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