Chronique n°17 : medecine douce, érection et responsabilité sociétale…
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 1 février 2019
Et voici la chronique de janvier 2019. A lire ci-dessous et à entendre ICI dès qu’Euradio aura mis le podcast en ligne.
Bon, nous sommes en janvier… C’est la première chronique de l’année… Plus que jamais, en décembre 2018, nous nous sommes souhaités de « bonnes haines de Noël ». En janvier, qu’on y croit ou non, il nous faut bien dire un truc gentil et poli sur les vœux de début d’année pour avoir l’autorisation sociale de poursuivre la discussion.
Allons-y pour les poncifs d’usage sur le champ du mystique (« bonne année », « bonne santé »!!… Comme si quelqu’un avait le « 06″ du gestionnaire de notre karma !). Après, ça tombe bien, le sujet du jour étant la médecine douce, le « bonne santé » est cohérent. Allez, causons maintenant « médecine douce ».
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Devant ma faible connaissance du sujet, j’ai dû consulter mon pot Wiki pour disposer d’un vernis et faire illusion le temps d’une chronique de 3 minutes cinquante.
J’ai donc appris – pour faire simple – que les médecines douces (également appelées alternatives ou parallèles) sont celles qui n’utilisent pas molécules chimiques pour soigner les patients.
La définition était illustrée de 4 mots en « ie » et un en « nose » ostéopathie, chiropraxie, étiopathie, kinésiologie, hypnose.
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En première approche, je me suis dit que c’était déjà ce que l’on faisait dans ma belle campagne vendéenne. On déploie une médecine douce très efficace pour baisser la consommation de médicaments : traduits en « ie » et « nose » (pour faire intelligent) ça donnerait : Medecinestpartie ou la sansmedecinsitulose.
Plus de médecin, moins d’accès au soin, moins de médicaments, CQFD !
En fait, je ne suis pas bien sûr que la promotion des déserts médicaux soit une médecine douce recommandable car en plus d’être un phénomène contribuant à l’épidémie hivernale de giletsjaunite, on voit bien en parallèle que l’auto-prescription augmente.
L’organisation représentant l’automédication responsable (puisque ça existe : l’AFIPA) affiche un chiffre d’affaire annuel de 2,3 milliards d’euros par an, en augmentation constante tous les ans.
Arrivé à ce stade de la chronique, je sens bien que mes divagations rurales sont hors de propos…
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Mes investigations sur la toile (toile qui est de plus en plus gluante et puante ces derniers temps) ont mis en avant beaucoup d’articles qui me renvoyaient sur la médecine traditionnelle chinoise. C’est une des inspirations de la médecine douce semble-t-il.
Cette médecine qui puiserait ses origines au troisième millénaire avant JC, a pour théorie que le fonctionnement de l’organisme ne peut être séparé des influences de l’environnement ou des répercutions psychologiques.
Et c’est du sérieux.
Saviez-vous que la Pitié-Salpêtrière, à Paris, accueille le Centre intégré de médecine chinoise depuis 2009 ?
Saviez-vous que la scientifique chinoise Tu Youyou a été co-lauréate en 2015 du prix Nobel de médecine pour la mise au point d’un traitement contre le paludisme inspiré par cette médecine millénaire ?
Saviez-vous enfin que cette médecine représenterait un business de plusieurs millions de dollars par an ?
Moi tout ça, je l’ai découvert.
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Mais rien n’est blanc ou noir, que l’on parle de fiscalité, de mobilité électrique ou de médecine millénaire chinoise. Cette dernière n’est pas vierge de toute ombre sur notre écosystème, notamment pour sa tendance à reconnaitre des bienfaits thérapeutiques à des bouts d’animaux que nous ne trouverons très bientôt plus que dans les zoos ou sous forme de peluches dans la chambre des enfants.
Les cornes des rhinocéros en Afrique sont par exemple réputées pour soigner la fièvre et le délire. Mais d’autres animaux sont concernés : le tigre, les hippocampes, les tortues, le cobra indien, les ours noirs d’Asie…
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Et là j’en viens à la qualité de mon érection.
Imaginons que je sois un quinqua chinois de la classe moyenne montante, avec suffisamment de moyens pour me payer une médecine douce traditionnelle. Imaginons (pure hypothèse encore) que je commence à douter du fonctionnement de la mécanique d’une partie de mon anatomie, indispensable pour ma confiance en moi, elle-même indispensable à ma performance d’homo-économicus.
J’ai légitimement envie d’une aide – d’une béquille quoi – La chimie me rebute : je ne veux pas de pilule bleue bourrée de nitrate… et Papa m’a toujours dit qu’il n’y a rien de mieux que la corne de rhinocéros pour ce type de soucis. Et puis, c’est naturel au moins… On pourrait dire « Bio » même. Voilà…
En novembre 2018 les autorités chinoises ont laissé planer le doute sur l’annulation de l’interdiction de commercialisation de produits issus du tigre et du rhinocéros. Et même si finalement l’interdiction de la commercialisation de ces bouts d’êtres vivants a été maintenue, le mal est fait. Le marché noir est re-boosté. Le continent africain ne résiste pas aux sommes astronomiques proposées pour ces antidotes traditionnels.
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Pour que quelques mâles retrouvent de prétendues vigoureuses érections à un bout de la planète, l’Afrique se vide de sa vie sauvage, probablement irrémédiablement. LIEN
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C’est tout moi ça. On me demande une chronique sur la médecine douce et me voilà partie sur la barbarie ordinaire de l’humain du 21ème siècle.
Excusez-moi d’éclairer en permanence nos côtés obscurs, mais par définition éclairer un côté obscur le rend moins obscur… Non ?
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Ce cheminement et ma lecture concomitante du SIECLE BLEU de Jean-Pierre GOUX, puis d’ECOTOPIA d’Ernest CALLENBACH, m’ont cependant amené à meposer une question quasi-philosophique que je vais partager avec les nombreux neurones réunis autour de cette table et éventuellement de l’autre côté du transistor (transistor, mot plus utilisé depuis janvier 1985 sur RTL).
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Notre tendance à améliorer notre propre bien être individuel est-elle compatible
avec l’enjeu majeur de la préservation de la Santé de Gaia ?
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Je précise Gaia c’est pas une copine à moi. Gaia est la personnalisation de la Terre, notre mère nature, notre substrat, notre village, notre ile, notre vaisseau, notre poussière d’étoile. Bref, un truc fragile que seuls ceux qui sont partis se promener dans l’espace ont pu voir dans toute sa finitude et toute sa fragilité. A défaut d’un voyage spatial tapez BlueTurn sur votre moteur de recherche, vous en prendrez plein la vue.
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Donc : quel est le sens à être en bonne santé sur un bout de caillou mort ? Est-il même possible de l’envisager ? Si la médecine chinoise prend en compte l’environnement du patient pour traiter la pathologie, ne faudrait-il pas gagner du temps et passer plus d’énergie à traiter les troubles de l’environnement plutôt que de se soigner tous individuellement dans notre coin ?
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A ces questions nous sommes surement d’accord – je ne chronique pas sur RMC Sport – mais qu’est-ce qui fait que concrètement notre Société ne ressent pas que l’écosystème est malade de ses excès ?
Ha, si seulement chacun pouvait ressentir dans ses chaires la disparition d’une espèce sauvage par une bonne gastro nocturne. [ce qui reviendrait à ce que l’on observe pour d’autres raisons tous les samedis : faire chier le monde pour le changer].
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Aujourd’hui, j’ai moyennement envie de rigoler car je ressens que la pente est mauvaise, que l’individualisme prend encore un peu plus le pas de jour en jour, que tous les Grands Débats ne causeront que de nos soucis individuels et pas collectifs, que personne sur Terre n’est en mesure prendre le leadership pour mettre en œuvre un protocole de soin. On a mal et on est mal.
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C’est un peu le sujet de Siècle bleu de Jean-Pierre Goux qui sous la forme d’un thriller efficace décrit une montée de conscience collective sur la fragilité de notre Terre et la nécessité de changer 3 ou 4 trucs pour prolonger l’aventure humaine un peu plus longtemps. L’histoire commence par une forme pacifique d’éco-activisme et finit par…
… vous ne pensiez pas que j’allais vous le dire ? Vous avez qu’à le lire.
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Siècle bleu, édition La Mer Salée, à lire en écoutant le dernier album de Nina Attal en concert le 9 mars sur l’Ile d’yeu.
Tous les liens et commentaires des lectures citées sont disponibles sur mon blog.
Soignez-vous bien.
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