Référendum d’Initiative Partagée sur la privatisation d’ADP : la démocratie par le clic

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 26 août 2019

Je crois en la démocratie et j’aime bien penser que l’on peut encore innover positivement en la matière.

La possibilité d’expérimenter le tout neuf soutien à la tenue d’un Référendum d’Initiative Partagée – dit « RIP »- a donc attiré fort logiquement mon attention.

Il ne me manquait plus qu’à avoir un avis sur la question posée…

…et concernant la privatisation de l’exploitation des Aérodromes de Paris (ADP) je dois bien avouer que j’ai d’abord pensé qu’il ne s’agissait « que » d’une question de gros sous (entrée d’argent pour l’État), de business (pour l’entreprise privée qui obtiendrait la gestion), de statut des salariés (et de conditions de travail mais il reste à me démontrer que les conditions de travail sont forcement plus mauvaises dans le privé) et d’efficacité de gestion (inversement il reste à me démontrer que l’efficacité est forcement plus grande dans le privé)… En plus, dans Aérodromes de Paris, il y a Paris et donc en vendéen bien rural que je suis, je me suis assez rapidement senti peu concerné.Gael Giraud

C’était jusqu’à ce que je tombe sur le tweet d’un économiste que j’estime beaucoup : Gaël Giraud (ci-contre).

Sa petite phrase a tourné dans ma tête tout l’été. Pas quotidiennement, non, mais comme un petit truc qu’on avait à faire et qui traine : ça revient régulièrement au hasard des infos à la radio, des passages à Paris…  

Pourquoi donc disait-il que nous perdrions en capacité d’action en cas de privatisation ?

Alors j’ai creusé un peu…

Ce n’est pas vraiment l’argumentaire officiel, en ligne lien, insistant sur la nécessité du maintien du service public aérien qui m’a convaincu. C’est plutôt le débat autour des tribunaux d’arbitrage privés du CETA et le lent mouvement européen vers la prise de conscience de l’impact environnemental du transport aérien qui m’ont permis la prétention de stabiliser un avis.

Pour faire très simple : il me parait assez logique qu’une entreprise qui investirait des centaines de millions d’euros dans ce projet, n’accepterait pas facilement les contraintes de limitation des vols, de taxation du kérosène (…) qui perturberait son business plan. Je pense que nous avons suffisamment de voyants environnementaux au rouge en ce moment pour ne pas nous contraindre en plus dans notre capacité d’action climatique future. Bref, j’ai exprimé un soutien à la proposition de loi pouvant éventuellement aboutir à la tenue d’un réferendum.

J’encourage tout le monde, non pas à se prononcer contre cette privatisation, mais à se poser les questions qui peuvent permettre d’aboutir à une position personnelle sur le sujet et accessoirement à exercer votre muscle démocratique (qui est plus faible quand vous ne l’utilisez pas) ; car ne pas se positionner contre ce projet en s’étant poser la question des enjeux n’est pas la même chose que de ne pas sepositionner contre sans s’être posé de questions (vous me suivez ?).

[Pour rappel, la question n’est pas « Pour ou contre l’existence Emmanuel Macron« ].

Pour vous exprimer sur le sujet (il reste encore plusieurs mois pour se prononcer), munissez-vous de votre carte d’identité, préparez-vous à naviguer sur le site le moins ergonomique de la galaxie rédigé langage « administration publique » (proche du burgonde), et allez par ici : https://www.referendum.interieur.gouv.fr/

 

 

 

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VBCEF2 (Vacances Bas Carbone en Famille, année 2)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 21 août 2019

Nous n’avons pas toujours la main pour minimiser notre impact climatique. Le boulot, la consommation, la mobilité… sont pour beaucoup de « conscients » des sources de frustration au quotidien.

Il me semble que le sujet des vacances (pour ceux qui peuvent s’en offrir bien sûr) est le plus accessible à traiter sur le champ de la sobriété énergétique : sans rogner sur le plaisir, on a accès à de nombreuses expériences potentielles peu émissives en gaz à effet de serre. Il suffit de chercher un peu. L’année dernière, nous étions partis de la maison à vélo (lien). Difficile de faire mieux d’un point de vue sobriété carbone (et financière!).

Cette année, nous avons quand même pris la voiture pour un aller-retour à la gare TGV la plus proche (Niort). 120 km de plus que l’année dernière… mais nous avons la satisfaction d’avoir fait plus de vélo que d’auto cette année encore !

Attention, je ne cherche pas ici à être moralisateur ou à afficher une exemplarité (qui n’en n’est pas une), mais je partage seulement notre expérience qui peut peut-être en inspirer d’autres… Histoire de positiver les vacances « bas carbone ».

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  • Nous sommes 4, âgés de 10 ans, 11,5 ans et 90 ans pour les 2 autres en cumulé
  • Notre destination : Amsterdam
  • Durée du séjour : 4,5 jours
  • Objectif : découvrir ce coin d’Europe à vélo

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Si dans le port d’Amsterdam, nous n’avons pas vu de marins qui chantent, dans la ville d’Amsterdam nous avons vu un paquet de vélos qui roulent ! Il faut dire que la Hollande possède plus de vélos en circulation que d’habitants ! Les vacances étaient une belle opportunité pour profiter des infrastructures cyclo XXL.

Nous avons opté ce coup-ci pour des tandems Adulte-enfant (lien) pour nous extraire en sécurité de la foule de l’hypercentre d’Amsterdam (la folie pure en ce mois d’aout). Il faut être conscient que l’autochtone utilise le vélo pour ses déplacements du quotidien et du coup, on sent bien que les touristes lui pourrissent un peu la vie. ça roule vite. très vite. Attention donc si vous êtes avec des enfants, ça peut être dangereux de rouler en mode « touriste » en hyper-centre.

Une fois parcourus les 300 premiers mètres qui nous ont éloigné du centre de la ruche, nous avons découvert une sorte de paradis du cycliste urbain / péri-urbain. Les infrastructures cyclistes hollandaises sont surprenantes; le must je pense : des autoroutes à vélo entretenues partout, une signalisation dédiée, des ponts / tunnels spécifiques, des pistes cyclables éloignées des voitures, des déviations en cas de travaux, une priorité permanente sur les voitures (…). Tous les candidat.e.s aux municipales de 2020 devraient faire un stage « mobilité urbaine » dans cette ville !

D’un point de vue pratique, en période estivale, je recommande vivement de loger loin des hôtels du centre et des vapeurs de cannabis. Les quelques français que nous avons croisés qui avaient fait le choix de rester dans l’hyper-centre l’ont regretté. Nous avons opté pour un AirBnB dans un quartier résidentiel sur Amsterdam Noord, accessible de la gare en une quinzaine de minutes à vélo en prenant une navette fluviale gratuite conçue (elle aussi) pour les vélos.

Cette année encore, pas beaucoup de culture pour nous, je le reconnais (pour ceux qui veulent rentrer dans un musée, pensez à réserver plusieurs jours à l’avance sur internet) mais du vélo en famille, de la découverte de paysages nouveaux, des pique-niques, des pauses bière / jus de fruit…

Nous avons opté pour 3 rando-vélo dont les parcours sont repris sur les cartes ci-dessous car nous avons eu beaucoup de mal à les trouver lors de notre préparation de voyage. 135 km au total pour des balades à faible effort (c’est plat de chez plat). Nous recommandons tout particulièrement la balade dans le Waterland au Nord d’Amsterdam. Dépaysement garantie.

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parcours J3

Des moulins, des canaux, de l’eau partout, des chevaux…

Alors oui, je concède que nos vacances ne sont pas les moins chères du marché (500 € de train, 200€ de location de vélo, 800 € de location de maison) ni les plus dépaysantes culturellement, mais nous avons adoré notre séjour dans cette belle capitale d’Europe et découvert en bonus une organisation de la mobilité vélo très inspirante.

Nous sommes contents de nos excursions, avons des souvenirs plein la tête et je n’ai pas le sentiment d’avoir privé mes enfants d’une expérience indispensable à l’autre bout du monde.

Je cherche maintenant de l’inspiration pour une nouvelle semaine à vélo en 2020 (Canal de Nantes à Brest ?). Tous les conseils sont les bienvenus.

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Chronique Ecolo-Buissonière n°22 : BUG NATURE

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 2 juillet 2019

et hop, une chronique de plus :

- en son ICI

- en texte et en lien ci-dessous :

 

« Parfois vous êtes le pare-brise, parfois vous êtes l’insecte »

 

Voici ce que dit le refrain de la chanson de Dire Straits que nous venons d’écouter et qui sent bon les années 90, époque où il y avait encore des insectes à tuer sur les pare-brises. Cette chanson a pour titre THE BUG.

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Un bug, avant d’être le dysfonctionnement numérique que nous connaissons tous, désigne un insecte, une punaise plus précisément… C’est drôle que nous ayons choisi de donner le nom d’un organisme vivant pour désigner une nuisance qui nous empêche de poursuivre nos activités d’Homo Œconomicus.

En fait ce n’est pas drôle… mais ça m’a semblé être une bonne introduction pour une chronique dédiée à notre perception polysémantique du mot NATURE. Polysémantique désignent un mot qui a plusieurs significations. Et ça je peux le prouver, écoutez attentivement :

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Pouvons-nous sincèrement parler de RETOUR A LA NATURE, sans envisager que ce dernier ne soit pas CONTRE NATURE au regard de notre évolution humaine NATURELLE ? Car un RETOUR A LA NATURE sincère, dépasserait la simple relation à un ESPACE NATUREL PHYSIQUE ou une rapide conversion au NATURISME, mais impliquerait aussi une forme de surpassement de notre simple NATURE HUMAINE pour démontrer notre capacité à dominer notre écosystème. On peut penser notamment aux CATASTROPHES NATURELLES, elles-mêmes révélatrices de notre extrême fragilité. Une recherche de pouvoirs SURNATURELS en quelque sorte que nous tirerions, non pas d’un anonyme NATUROPATHE de la rue de la Nature à Saint Trojan les Pins mais plutôt de l’absorption par voies NATURELLES, d’un yaourt NATURE pas comme les autres car chargé des valeurs sacrées de la NATURALITE !

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Ça ne veut pas dire grand-chose ce que je viens de déclamer mais ça met en lumière que sous le vernis de ce mot de 6 lettres, se cache des nuances et même de contradictions de sens qui parasitent notre perception individuelle et collective de ce qui est ou ce qui n’est pas « NATUREL ».

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Question à 10 coquelicots : L’Homme fait-il partie de la Nature ?

C’est vrai quoi, l’Homme a beau être le plus grand destructeur de vie terrestre qui n’ait jamais existé, cet état de fait mortifère l’exclut-t-il pour autant de cet ensemble qu’est la Nature ? Même si nous sommes le Bug qui détruit la matrice de l’intérieur, il n’en reste pas moins que nous sommes peut-être nous aussi « naturel » ?

Et du coup si oui… ce que nous produisons l’est-il en conséquence, par filiation ?

Par exemple, faire du vélo peut sembler « naturel » à beaucoup d’entre nous, pourtant ce vélo ne pousse pas dans les arbres, il n’est donc pas naturel. Aie… j’ai mal à la tête…

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Autre vision, dans un livre apocalyptique dont j’ai déjà causé dans ce micro, LE MONDE ENFIN (lien), l’Homme disparait peu à peu de la surface du globe (pour une sombre histoire d’épidémie incurable) et LA NATURE reprend le dessus. L’autre. Celle qui ne nous inclut pas. La colonisation des espaces se fait à sens inverse de ces 1000 dernières années. Pour l’auteur, le bug est réparé. Le virus qui tue l’Humanité est l’anti-virus qui sauve la « Nature ». C’est-à-dire exempte d’Hommes.

A l’inverse, des plus optimistes penseront que l’Humanité porte à la fois le mal et son antidote et donc que la Nature a besoin de son bourreau pour être sauvée. Abyssale ma balade en ce lendemain de bac philo, non ?

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Question à 100 coquelicots maintenant : Les poussières d’étoiles (terme hautement poétique emprunté à Hubert REEVES) qui nous ont constitués sont-elles naturelles ?

Doit-on considérer comme naturel cet improbable concours de circonstance qui a permis l’arrivée de la vie sur terre ?  Lisez Hubert Reeves et vous comprendrez que rien de ce qui nous est arrivé n’est naturel. C’est seulement un coup de pot énorme. Attention, ça nous responsabilise d’autant plus en tant que bipède pensant à faire prospérer ce merveilleux capital tombé du ciel.

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Question à 1000 coquelicots enfin : la Nature peut-elle revendiquer les mêmes droits qu’une personne devant la loi des Hommes  

Connaissez vous Te Awa Tupua ?

ça se passe en Nouvelle-Zélande. Depuis 2017 le fleuve Whanganui (Te Awa Tupua en Maori), a les mêmes droits qu’une personne (lien). Le texte fait valoir que le fleuve est une entité vivante, « partant des montagnes jusqu’à la mer, y compris ses affluents et l’ensemble de ses éléments physiques et métaphysiques ». Le fleuve est désormais mieux protégé, et des plaintes pourront même être déposées en son nom. La tribu n’est pas la propriétaire du fleuve mais son gardien, chargée de le protéger pour les générations actuelles et futures. Elle a reçu 80 millions de dollars néo-zélandais (52,2 millions d’euros) en guise de réparations financières, et 30 millions pour améliorer l’état du cours d’eau.

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Pourquoi je vous cause de NATURE aujourd’hui ?  A cause de mails répétés de notre duo d’animatrices qui m’ont abreuvé de « naturel » dans la préparation de l’émission mais aussi du fait de la disparition récente de Michel Serres, incarnation humaine de la bienveillance et de la transmission du meilleur du savoir humain. Il a écrit un bouquin fondateur : le CONTRAT NATUREL qu’il est plus que temps de lire, et qui sera ma prochaine lecture. En attendant je ne peux que citer le critique littéraire Hervé Bonnet. (Lien)

« il est urgent que l’humanité contracte avec la terre en inventant pour elle, à l’instar du contrat social, un contrat naturel où justice sera faite à la nature désormais comptable d’une déclaration universelle de droits de la nature. »

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Voilà…

Nous étions dans aux derniers étages de l’immeuble de la pensée et nous redescendons maintenant au rez-de-chaussée nauséabond pour sortir les poubelles.

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La NATURE fait vendre. Le marketing ne s’y est pas trompé. La Nature donne confiance. Comme tout le monde y attache des valeurs positives à défaut d’y attacher le même sens, les publicitaires autrement nommés « grands garants de valorisation des trucs à vendre » exploitent le filon. On est rémunéré au concept créé, on a exploité un mot issu de l’écologie: la NATURALITE. C’est joli naturalité. Il faut que votre produit renvoie implicitement une image non industrielle. On en achète dans tous les conditionnements (surtout en plastique d’ailleurs).

Tout ça pour dire que même si un retour à la NATURE ne me parait pas si facile à définir,  le combat pour la sauvegarde du vivant qui donne sens à la sentence NO NATURE NO FUTUR il peut passer par une augmentation des interactions avec la Nature et une meilleure connaissance du vivant qui nous entoure. La question de la sauvegarde et de l’entretien de notre écosystème, passe par notre envie de Nature.

 

Allez bouclons la boucle de la chronique et concluons avec un dernier conseil de lecture…

Bug

Je sors emballé du Tome 2 de BUG de Enki Bilal. Le pitch : dans un futur proche ultranumérisé, un Bug, dont l’origine est inexpliquée, efface brusquement toutes les datas numériques d’une planète Terre shootée à la numérisation : les gens ne peuvent plus rentrer chez eux, sont incapables de se déplacer d’un point A à un point B sans leur assistance numérique, ne savent plus conduire… Bref un scénario très crédible, à la Black Mirror, qui met en évidence qu’un Homme performant dans un contexte donné, est une loque dans un contexte où on lui retire tous ses assistants numériques.

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Pour l’auteur, le retour à la Nature est notre résilience à pouvoir faire « sans » ses appendices artificiels…

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Et n’oubliez pas :

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« Parfois vous êtes le pare-brise, parfois vous êtes l’insecte »

 

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Chronique Ecolo-Buissonière n°21 : On est en TRAIN de tuer notre Dragon

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 18 mai 2019

Ci dessous les mots et les liens de ma dernière chronique. L’émission est en ligne ICI.Capture

Merci encore à Simon Stone de www.discoverytrains.net et à Pascal Daubouin du collectif OUI AU TRAIN DE NUIT (lien) pour leur participation. Ils m’ont largement inspiré ma bafouille.

 

Causons trains de nuit.

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Causons une nouvelle fois trains de nuit devrai-je dire puisque, rappelez-vous, dans une émission précédente d’une émission dédiées aux légumineuses, nous avions déjà envisagé la vie en collectivité dans un compartiment couchette après la consommation d’un cassoulet. Podcast en ligne.

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Causons train de nuit donc, car nous sommes actuellement en TRAIN de nous priver d’un allier de poids dans la guerre qui est engagée contre un réchauffement climatique ne dépassant pas les 2°c.

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Nous sommes en effet dans une situation qu’un stratège amateur de 12 ans jouant à Stratégo trouverait aberrante. Je vous résume ça en 4 actes :

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1-    Le climat se réchauffe. Tout le monde en est convaincu…

A part peut être Pascal Praud… Vous avez peut-être vu cette séquence hallucinante d’irrespect et de sexisme où cet animateur de débat low cost a déclaré qu’un matin de mai, il a eu froid, alors… le concept de réchauffement climatique ça le fait doucement marrer.

C’est le genre de gars qui doit dire, « la faim dans le monde ? Laissez-moi rire, j’ai vu la queue à la boulangerie hier » ou « bien-sur les Dragons existent, j’en ai vu 3 dans Game of Throne hier soir ».

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2-    La mobilité humaine à la surface de notre caillou est toujours croissante et malheureusement, c’est une des causes principales de l’évolution haussière de nos rejets de Gaz à effet de serre.

 

3-    Les trains de nuits sont une réponse bas carbone à ce besoin de mobilité continentale. Aucune polémique sur le sujet, l’impact carbone d’un déplacement train est toujours inférieur à tout autre type de déplacement longue distance.

 

Je vous recommande la lecture d’un bel article de THE CONVERSATION réajustant notre lecture de l’impact carbone « au km » par une lecture « à l’heure ». « Alors que les émissions d’un kilomètre en avion équivalent à peu près à un kilomètre effectué seul en voiture, une heure en avion est 13 fois plus émettrice qu’une heure en voiture. Monter à bord d’un avion rendra votre trajet 125 fois plus émetteur en moyenne que de monter dans une voiture ; et plus de 1 500 fois plus émetteur que de monter dans un train… »

 

4-    Nous désinvestissons le sujet. Il nous reste, sauf erreur, deux dernières lignes de train de nuit :  Le Paris-Briançon et le Paris-Latour-de-Carol. Ce mode de transport longue distance n’a plus la cote depuis des décennies, notamment car nous avons fait le choix de la diminution de la durée du trajet (TGV) au dépend de l’optimisation de la durée utile de voyage (voyager la nuit).

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Voilà. Nous nous privons délibérément d’un atout majeur pour combattre le péril climatique.

Je vous raconte l’histoire autrement :

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Nous sommes à la veille de l’ultime bataille à mener contre les marcheurs blancs qui veulent détruire l’Humanité.

Tout n’est pas perdu, nous avons des atouts pour les combattre. Notamment un Dragon dans la force de l’âge, que nous appellerons le Dragon Wagon, car ça sonne bien. Dragon Wagon, il a un effet destructeur certain sur notre ennemi.

Mais… le responsable des finances du Royaume ayant dit que Dragon Wagon coutait trop cher à nourrir au quotidien, on a décidé de le laisser crever

Et si ce n’était que cela…

Comme nous nous considérons en mesure de gagner très facilement notre guerre contre le réchauffement climatique, nous avons aussi décidé de donner un petit avantage à l’ennemi. Ce petit avantage, c’est la défiscalisation du transport aérien.  On s’est dit que ce serait bien de faire en sorte que les avions (qui sont avant tout je vous le rappelle, en termes de poids, des réservoirs volants) volent free taxes, histoire de justifier par le « marché » que notre Dragon Wagon coute trop cher.

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Donc, les trains de nuit seraient-ils un vestige du passé ?

Pas si sûr quand on va voir ce qui se passe chez certains de nos voisins européens…

Connaissez-vous OBB (lien). Il ne s’agit ni de papier à rouler ni du dernier titre de hip-hop à la mode. OBB c’est la compagnie autrichienne de chemin de fer et son expérience semble contre dire le constat NO FUTUR des trains de nuit.

Quand en 2016, la compagnie allemande Deutsche Bahn (DB) décide, comme la SNCF, de laisser tomber les trains de nuit, la compagnie autrichienne lui rachète une quinzaine de trains pour les exploiter elle-même. 40 millions d’euros d’investissement plus tard, le responsable communication de la société autrichienne publique de chemin de fer déclare à la RTBF :

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« Il y a deux ans, quand les chemins de fers allemands ont décidé de ne pas continuer à assurer leur service de train de nuit, cela a été une très grande opportunité pour les chemins de fers autrichiens de rejoindre ce marché et de lancer de nouvelles lignes. Il y a deux ans, nous avons augmenté notre réseau de 50 % et nous offrons maintenant 17 lignes directes de train de nuit à travers l’Europe. »

La DB disait perdre 37 millions d’euros par an avec ses trains de nuit (les comptes auraient été manipulés selon une enquête  du quotidien allemand Tagesspiegel all. ). Si l’OBB ne donne pas de chiffre, elle assure que ces lignes sont rentables avec un taux de remplissage de 65%.

Les trains de nuit exploités par l’Autriche ont transporté 1,4 million de passagers par an depuis fin 2016.

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Pourquoi donc, pour les autrichiens, le critère de choix du mode de transport pour se déplacer d’un point A à un point B n’est-il pas exclusivement la durée du parcours comme on nous l’a mis dans la tête en France ?

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A ce stade de la chronique, je vais me considérer légitime pour donner mon avis d’expert d’usage. J’ai en effet calculé que ces 20 dernières années, pour le boulot ou les vacances, à raison de 40 voyages de 400 km par an, j’ai parcouru environ 3,2 millions de km en train. Donc mon statut d’expert me permet de vous proposer 4 pistes que nous devrions envisager pour sauver notre Dragon Wagon.

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Problème + solution pour le même prix dans une seule chronique ! C’est cadeau !

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PISTE N°1 : Agir sur la conscience environnementale des usagers. En Suède, ce phénomène tout nouveau a un nom : le FLYGSAM (littéralement « honte de prendre l’avion » : lien). En 2018 ; 4% de Chiffre d’affaire en moins pour l’aviation et une augmentation de 10% du 1er opérateur ferroviaire suédois. Même en France Air

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PISTE N°2 : Agir sur le prix. Il est illusoire de demander au voyageur de payer deux à 4 fois plus cher pour prendre le train à la place de l’avion. Si le climat est vraiment prioritaire, la question est : faut-il rendre les voyages en train moins chers en les subventionnant ou l’avion plus cher en corrigeant l’absence de fiscalité sur le kérozène ? (un indice chez vous : on a plus sous). Pour mémoire, le réseau Action Climat déclarait à France info (lien) que « Si on taxait le kérosène à la hauteur des carburants, on arriverait à des recettes, pour tous les vols, de 3,6 milliards d’euros ». De quoi remettre quelques lignes et quelques wagons en état de marche.

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PISTE N°3 : Agir sur le plaisir d’usage. Il y a de la place pour innover en termes de confort, évoluer dans les services proposés, sortir de l’image négative des trains de nuit, proposer une expérience, un moment agréable. Au Royaume-Uni, la compagnie privée Caledonian Sleeper vient d’investir 173 millions d’euros dans de nouveaux wagons. Ambition forte à comparer aux 30 millions qui seront investis par la France pour rénover ses propre wagons.

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PISTE N°4 : Proposer les voyages de nuit sur le site de vente en ligne ! c’est aberrant mais aujourd’hui, comme Harry Potter on doit chercher le quai caché pour prendre son train. On ne trouve pas toujours les trajets pour les lignes françaises et jamais pour les lignes internationales. On sait faire pour les avions, pas pour les trains.

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Allez, on se quitte sur des signaux faibles qui redonnent espoirs. Après les sénateurs le mois dernier, les députés semblent prendre conscience de quelque chose. Ce mardi 7 mai, la Commission des Finances a voté un amendement en faveur des Intercités de nuit. (Lien)

 

On peut encore sauver notre Dragon Wagon ! (pour les vacances, prenez le train)

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DATA GUEULE nous présente la Géo-ingéniérie (qui vaut la peine)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 3 mai 2019

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Géo-ingénierie :

 

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Chronique Ecolo-Buissonière n°20 : c’est la Pata !

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 29 avril 2019

Cette chronique n°20 est bien numérotée puisque j’y cause d’ami.e.s de 20 ans ! la vie est bien faite parfois.

La vingtième donc, en mots ci-dessous et en son ICI.

 

Aujourd’hui est un jour de chronique spécial pour moi et je m’en vais vous dire pourquoi avant de ne pas traiter le sujet du jour puisque j’en avais préparé un autre. Avant d’être hors sujet donc, je vais abuser de ma position de chroniqueur libre dans mon strict intérêt personnel. Je vais faire, comme on dit dans le métier, une « Carlos Ghosn »…  sans prendre le risque cependant d’aller me promener au Japon dans la soirée.

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Il se trouve en effet que je suis entrainé depuis quelques semaines dans la préparation d’un évènement fort particulier, qu’est celui de la préparation de l’anniversaire des vingt ans de mon diplôme de fin d’étude (que je suspecte encore d’avoir obtenu grâce au fait d’arme de l’organisation du gala de dernière année…).

Donc, grâce à la magie des réseaux sociaux et à l’initiative de quelques collègues de promo, me voilà, soir après soir, en contact direct avec les joyeux fantômes de mon passé. Des gens avec qui j’ai vécu près de 3 années dans une période où les souvenirs impriment bien le cortex. Des personnes, qui pour beaucoup avaient disparu de mes radars.

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Et PAF ! du jour au lendemain, les photos du passé se confrontent à celles du présent avec des enfants partout. Les souvenirs potaches croisent les informations sur nos vies professionnelles souvent bien éloignées du diplôme qui nous destinait tous à travailler dans une usine agro-alimentaire.

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Soir après soir, Régine me fait marrer avec son poney qui a peur des souris, Jean-Philippe avec son concours de grues, Frédérique avec ses soucis de camionneurs… Ils n’ont pas l’air d’avoir trop changé. Sauf mon binôme bien-sur qui n’a plus un poil sur le caillou et qui est tatoué de partout !

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Mais la pression des retrouvailles approche. #retrouvaillesarecomming

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Comment leur dire…

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Comment leur dire ce que je suis devenu…

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Comment les alerter sur le fait que je suis maintenant un anxiogène de première ?

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Avant, le seul stress que je provoquais venait du malaise engendré par mes blagues foireuses… Mais maintenant c’est différent ! Il faut qu’ils sachent que ma vision du monde a radicalement changé en 20 ans… Que moi aussi je vois des marcheurs blancs partout (lien chronique précédente).

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Je me suis dit que le meilleur moyen était de profiter de cette chronique pour montrer par le versant éclairé ce que je m’efforce de faciliter en autopsiant le cas d’une entreprise inspirante. Histoire de donner du concret à mon Graal.

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Et là REPAF. Transition.

Je vais chroniquer sur l’autobiographie de celui qui incarne l’âme de mon entreprise référente.  A ce stade je devrais citer le bonhomme en question mais faisons trainer encore le suspense quelques secondes. Quand je demande aux gens qui m’entourent qui est leur entrepreneur emblématique, on me cite pèle mêle : Elon Musk, Bill Gates…

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Et quand je dis le nom de mon référent à moi, les gens sourient toujours. Ça ne semble pas sérieux.

C’est vrai que Yvon Chouinard ça ne sonne pas « Silicon Valley », c’est moins stylé comme dirait ma fille.pata

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Et pourtant c’est bien de lui dont je vais vous causer en racontant, vite fait, l’histoire de Patagonia par les yeux de son créateur, un entrepreneur pas comme les autres.

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« aucun enfant ne rêve de devenir un homme d’affaire »

voici les premiers mots du premier chapitre de l’auto-biographie d’Yvon Chouinard. Phrase symbolique d’un homme qui a réussi presque malgré lui, en partant de rien, à créer ce que l’on appelle aujourd’hui une licorne (une des rares entreprises à afficher un chiffre d’affaire de plus d’1 milliard de dollars). C’est le seul qui en a un peu honte aussi…

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Son nom franchouillard, il le tient de ses origines québecoises d’où ses parents ont émigré dans les années 40 pour s’installer finalement en Californie en 1946.

Le gosse Yvon est passionné de nature, monte à 15 ans un club de fauconnerie. Il voudrait être trappeur plus tard. Il pêche, surfe…

Il est surtout passionné d’escalade Yvon. Il passe son temps à grimper, et manque à plusieurs reprises d’y passer, à cause notamment d’un matériel très insuffisant. En 1957, il achète une forge et une enclume chez le ferrailleur du coin et se met à forger son matériel d’alpinisme.

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Bref, il forge des pitons une partie du temps et les utilise l’autre partie. Il se met à les vendre et ça marche. Chouinard Equipment est née dans le début des années 60. En 1970, c’est le premier fournisseur d’escalade américain.

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Il devrait être content Yvon. Mais non.  Dans son livre, il écrit son désespoir de voir que son entreprise contribue autant à la dégradation de l’environnement. En effet, aux USA ; les pitons étaient retirés à chaque utilisation, ce qui détruisait la roche. Le nombre d’escaladeurs augmentant, l’impact était de plus en plus visible. Il décide donc du jour au lendemain d’arrêter de fabriquer, pour cette raison, les pitons qui ont fait sa réussite. Il développe à la place des coinceurs en aluminium. L’entreprise communique sur le pourquoi de cette décision et revendique une escalade « propre ». Nous sommes au début des années 70 et ça marche.

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Autre virage quand il a l’idée de proposer des vêtements aux escaladeurs. Polos, anoraks, gants, bonnets… Une offre inexistante dans les années 70. Le quincailleur se lance dans la mode pour sportifs. Il mit de la couleur et surtout de la technique au service des sportifs. En 1973, la marque Patagonia est née.

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En 1977 l’effectif passe à 16 personnes mais Yvon Chouinard continue de passer une part importante de son temps à surfer et faire de l’escalade. Il pratique le MBA (Management by Absence).

Grâce à nombre d’innovations et de développements (polaires, sous-vêtements techniques…), du milieu des années 80 au début des années 90 le chiffre d’affaire de Patagonia bondit de 20 millions à 100 millions de dollars; avec une attention toute particulière au recrutement : il faut que les gens aiment les produits, les utilisent et qu’ils aient d’autres activités externes à l’entreprise.

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x« Puisque je n’avais jamais souhaité être un homme d’affaire, il me fallait au moins quelques bonnes raisons pour accepter de le devenir […] le travail devait rester agréable »

ce qui se traduit par une des premières crèches d’entreprise, des horaires à la carte car « un vrai surfeur ne décide pas d’aller surfer mardi prochain à 14h » !

x

Mais c’est la conscience environnementale du patron qui caractérise le plus Patagonia, probablement car il est resté très proche de cette dernière (surf, escalade…). Un texte présente les valeurs de l’entreprise, qu’il enseignait en interne sous le terme de Philosophie Patagonia, dont je ne retiens ici qu’une phrase mais qui mériterait une chronique entière :

« toutes les décisions de l’entreprise sont prises dans le contexte de la crise environnementale »

En 1986, Patagonia s’engage a reverser chaque année 10% des bénéfices à des ONG (ou 1% du CA). Engagement tenu depuis. 66 millions de dollars de reversés à la date de l’édition de l’autobiographie !

Patagonia est aussi une entreprise militante qui s’affiche sur des causes comme en 1984 la protection du Parc Yosemite ou plus récemment en reversant l’intégralité du cadeau fiscal de début de mandat de Donad Trump à des associations.

Dès 1994, l’impact de la production des vêtements est au centre des attentions. L’éco-conception est la règle, traduite par du sourcing bio, suppression des toxiques et surtout en prenant la responsabilité de chaque produit de sa « naissance à sa renaissance ». Les produits doivent durer, être réparables, simples… Dans le métier du textile les enjeux se jouent souvent dans la chaine d’approvisionnement et j’encourage le curieux auditeur à consulter sur le site internet de la boite son FootPrintChronicles qui affiche une transparence totale sur la chaine d’approvisionnement.

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Si la réussite Patagonia ne s’est pas faite sans à-coups, il est intéressant de comprendre ce qu’Yvon Chouinard a essayé d’insuffler à son entreprise :

« pratiquer des sports à risques m’avait enseigné de ne jamais dépasser ses limites. […] quand une entreprise essaie d’être ce qu’elle n’est pas, qu’elle essaie de tout avoir, elle court à sa perte. Il était temps d’appliquer un peu de philosophie zen à notre entreprise ».

Il revendique souvent de freiner la croissance de sa boite. Là-dessus, il a un peu échoué…

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Jamais Patagonia n’est rentrée en bourse, pour éviter de subir la pression court termiste de l’actionnaire. Cette entreprise a le statut légal de Benefit Corporation depuis 2012, année où la Californie a rendu possible le statut d’entreprise à intérêt général, ce que la France a intégré en avril 2019 dans son corpus législatif (lien) . Si Patagonia venait à être vendue, ces valeurs ne pourraient changer qu’à l’unanimité du conseil d’administration.

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Bref, je vous recommande vivement la lecture de « Confessions d’un entrepreneur…pas comme les autres » Edition Vuibert pour prendre un peu d’inspiration et constater que l’entreprise est aussi un lieu des solutions.

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Dorénavant quand vous verrez un truc qui réussit, faites comme moi et dites, « C’est la Pata »!

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… Et à mes amis de 1999, n’ayez point peur, on peut œuvrer à l’évolution positive du système et (en) passer (ant) une bonne soirée ensemble…

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Chronique Ecolo-Buissonière n°19 : Glandeurs Non Violents

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 20 mars 2019

Ma dernière chronique (mars 2019) en son ICI et en mots ci-dessous :

En choisissant de traiter le sujet des Glandeurs Non Violents, je suis conscient de snober le sujet du jour qu’est la Communication Non Violente… Ce n’est pas que je ne me sente pas empathique personnellement et en capacité d’écouter et parler avec tous. Pour preuve, je passe ma vie à être un écolo intégriste pour les uns et un dangereux compromissionnaire acquis au Système pour les autres. En disant pourtant à peu près la même chose à mes interlocuteurs…

 

Le sujet Communication Non Violente est intéressant … mais il se trouve que ma dernière lecture cause si bien des arbres que j’avais envie de chroniquer chlorophylle. C’est comme ça. Une envie de vert, ça ne se discute pas.

 

Le livre c’est LA VIE SECRETE DES ARBRES du maintenant célèbre forestier allemand Peter WOHLLEBEN grâce à une audience peu ordinaire : plus de 1 millions d’exemplaires vendus dans le monde !

 

Cette chronique est aussi l’occasion pour moi d’ouvrir un nouveau combat. Nouveau combat qui est donc à ajouter aux dizaines d’autres abordés dans les 18 chroniques précédentes (déjà !). En vrac et non exhaustivement : la fiscalité du kérozène des avions, la masse croissante des voitures, la survie des trains de nuits, le plastique tueur d’Océan, les déserts médicaux, l’éradication organisée des grands mammifères et l’éradication plus anarchique des insectes, l’articulation du Je Nous, le combat contre les innovations toxiques, le mauvais usage de notre épargne, la mauvaise fois en matière de transition, le refus de la complexité, la publicité…

Le nouveau combat qui complète cette liste est linguistique celui-là.

Je voudrai vous faire un peu réfléchir à l’importance du gland et à la profonde injustice de la trop péjorative perception du glandeur dans notre monde moderne.

GNV

J’œuvre donc ici à la réhabilitation du gland comme un matériau noble de notre environnement et à celle de glandeur comme laborieux intérimaire de nos forêts.

Commençons par le début. Je vous présente le gland.

Le gland est le fruit du chêne, il est très riche en lipide (jusqu’à 50% de sa masse). La fructification demandant beaucoup d’énergie aux arbres, ils ne peuvent se permettre ce type de projet reproductif tous les ans.

La période de production des glands est appelée la glandée et se trouve donc fort irrégulière en quantité selon la météo, la santé de l’arbre ; son âge…

Par effet ricoché la santé des populations de sangliers ou de cochons sauvages mangeurs de glands, sont très impactées par ces irrégularités de glandée.

« Les années de petite glandée, les 3 petits cochons ont faim »

 

Et il n’y a pas que les petits cochons sauvages qui apprécient le gland. L’ONF aussi.

L’automne dernier, l’Office National des Forêts de Tronçais (lien) a sollicité pour la première fois depuis quatre ans, des glandeuses et des glandeurs pour une mission de la plus haute importance. Le quotidien auvergnat La Montagne a rapporté notamment que Gisèle a été missionnée pour parcourir les 430 ha de la forêt de Tronçais et récupérer les glands en bon état pour optimiser le processus naturel de renouvellement des générations. Ainsi 7 à 10 000 Litres de glands en pleine forme vont pouvoir être replanté.

Sans ce travail de petites mains, physique et demandant un œil expert pour ne pas ramasser des glands véreux (quel plaisir que de clamer que « glander n’est pas de tout repos » !). Sans ce travail donc, il faudrait s’en remettre à Dame Nature et compter sur quelques oiseaux ou mammifères oubliant leur surplus de stocks de glands cachés à des endroits qui doivent de surcroit être acceptables pour la croissance de bébé chêne.

Vous devez savoir que le taux de mortalité infantile est élevé chez les arbres.

Par exemple, un hêtre va produire durant sa vie de 150 ans, 60 fructifications, ce qui représente 1,8 millions de fruits (les faines). Et vous savez statistiquement combien vont réussir à produire un arbre adulte ? 1 seul !

Donc, pour une fois que l’homme peut donner un petit coup de main à la nature… remercions les glandeuses et glandeurs de leur boulot utile !

——————————————————————————–

Ce que je trouve beau, c’est que les glands et autres faines ne maitrisent rien de leur destinée mais participent pourtant à quelques choses de plus grand que leur simple existence. Toutes les forêts du monde sont passées par l’étape « gland » (ou équivalent).

Tout le pétrole que nous nous dépêchons de bruler de peur d’en laisser aux générations suivantes, vient quand, on y réfléchit bien, de ces petites choses insignifiantes que nous écrasons lors de nos balades en forêt.

Le gland est bien plus grand qu’il n’en a l’air, pensez-y dorénavant avant d’utiliser ce mot comme une insulte.

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J’en reviens au livre LA VIE SECRETE DES ARBRES. C’est un livre agréable à lire, captivant, cumulant les anecdotes faciles à transposer dans notre quotidien.

On y cause intelligence des arbres, communication, souffrances, relations de solidarité ou compétition, stratégie et innovation dans le but de bénéficier de la meilleure situation. La meilleure place « au soleil ».  On parle aussi de déplacement, de migrations…

Tous ces mots (intelligence, communication, innovation…) sont peu usités dans le contexte végétal. C’est le pari de l’auteur qui use et abuse de l’anthropomorphisme pour nous faire entrer en empathie avec le monde peu connu des arbres.

A le lire, on s’attendrait presque à voir l’arbre le plus proche de votre fenêtre (moi c’est un Erable), on s’attendrait presque à le voir vous sourire et partir se promener et marcher comme les Ents dans le seigneur des anneaux.

Il a été reproché à l’auteur de trop jouer sur la corde des sentiments humains (« bébé-arbres », « maman-arbre »…). Je pense que l’auteur a vraiment une vision humaine de ses amis arbres.

Et quand bien même il y aurait manipulation ! Qui reproche au marketing de faire parler des hamburgers ou des bonbons, qui critique les auteurs de publicité vantant que le dernier SUV de 2 tonnes saura vous rendre plus heureux.

S’il le faut, marketons les enjeux sociétaux ! Utilisons les armes du camp adverse. Aux armes stylistiques subversives Ecrivains !

Et tant pis si ce n’est pas de la communication non violente : Oups, pardon, je dérive…

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Ce week-end, au retour de l’Ile d’Yeu où j’ai assisté à un superbe concert de Nina Attal, je me disais que la souffrance après cette lecture, c’est de savoir que l’Europe n’a conservé que 3% de ses forets primaires et que – selon l’auteur – seules ces formes forestières sont adaptées à la vie épanouie des arbres.

L’espérance après cette lecture c’est de savoir la formidable résilience des arbres. Il faut seulement les laisser faire et penser avec une montre d’arbre qui mesure le temps long (il faut selon l’auteur moins de 400 ans pour reconstituer une forêt primaire européenne).

Et je rappelle que sans ses alliés arbres Frodon et ses potes n’auraient pas pu sauver la Terre du Milieu. Qui sait ce qui nous serions devenu sans les arbres.

J’arrête les bêtises. Lisez ce livre et passez quelques minutes à regarder vos voisins arbres. Vous allez voir, ça fait du bien.

 

C’était la seconde fois que je chroniquais sur les Arbres. Il y a une raison. Je ne les connais pas bien mais suis sûr de les aimer. Et puis cette citation de François René de Chateaubriand me hante un peu :

 

“Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent.”

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Lu : La mission de l’entreprise responsable (principes et normes de gestion)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 20 mars 2019

La loi PACTE vient d’être votée et elle annonce peut-être des changements majeurs pour les entreprises et pour l’intérêt collectif. En effet, parmi les multiples sujets traités dans cette loi, y est décrit la possibilité juridique de modifier les statuts des Entreprises à Mission. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans le bouquin que je vais essayer de peacher ici.

La mission de l'entreprise

Les travaux de Blanche Segrestin, qui m’avait captivé lors d’une conférence en 2015 (lien), s’intéressent à ce qui caractérise la « responsabilité » de l’entreprise au travers l’histoire, de la Rome antique à aujourd’hui en tournant autour du concept de « norme de gestion » qui définit la « bonne gestion en Société » (intégrant l’intérêt collectif et pas que l’intérêt individuel).

Bien que très technique (c’est un bouquin de chercheurs), cet ouvrage présente l’énorme mérite de rentrer dans le fond des choses et faire l’autopsie de la situation présente pour comprendre en quoi l’entreprise « maximisatrice de profits » n’est pas une fatalité. Le sujet majeur traité ici, est plus que jamais d’actualité : A quoi peut (doit) ressembler l’entreprise responsable du XXIème siècle ?

Un coup d’œil dans le rétroviseur – chapitres 1,2,3 -

Qui savait que Cicéron avait théorisé « la bonne gestion » sous le mot gerere ? Il décrivait ainsi l’idéal d’action publique par faces complémentaires et indissociables : l’exigence de l’esprit (compétence, étude, réflexion) ET la vertu politique intégrant justice et bienveillance. La bonne gestion de l’action politique intégrait donc efficacité et responsabilité.

Le retour à l’Histoire, permet aussi de rappeler la différence entre entreprise et société. Ce n’est pas du tout la même chose ! Si les entreprises ont explosé lors des révolutions industrielles, c’est avant tout grâce à leur capacité à innover, à surfer sur les inventions scientifiques du moment, à organiser le travail. Les entrepreneurs étaient avant tout des « explorateurs« ; pas des commerçants.

Le bug système est arrivé dans les années 1970, moment où le capitalisme financier est monté sérieusement en puissance, où l’actionnaire « individuel » a progressivement laissé la place à l’ »actionnariat industriel » via l’apparition de nouveaux intermédiaires. La priorité de l’entreprise s’est mis alors à glisser vers le court-termisme avec une relation de dépendance Actionnaires – Dirigeants paradoxale : exigence de la part des actionnaires de maximiser les profits sur le court terme (au détriment notamment de la R&D couteuse et trop aléatoire) et influence forte sur les prises de décisions du dirigeant, sans aucune responsabilité en cas de défaillance, contrairement aux dirigeants, responsables devant le code du travail mais aussi devant les fiduciary duties anglo-saxonnes (obligation de protection des intérêts de tous les actionnaires). C’est ce que les auteurs appellent le « contrôle sans responsabilité » des actionnaires.

Et maintenant on va où ?
- chapitre 5

Pour les auteurs, la RSE « volontaire » est insuffisante pour intégrer l’intérêt général dans le logiciel de l’Entreprise, car hors cadre de tout contrôle juridique opposable et finalement accessible que dans les rares cas de profitabilité. Il faut donc, selon les auteurs toujours, introduire des normes de gestion permettant de dépasser la stricte performance économique; de donner aux actionnaires des responsabilités équivalentes à celles des dirigeants, mais aussi clarifier la légitimité d’intervention de chacun au regard d’un « contrat de gestion ».

Ce « Contrat de gestion », passé entre associés et dirigeants :

« …doit remplir plusieurs conditions. Le mandat doit d’abord respecter les normes de responsabilité et d’équité. En pratique, cela empêche les forme de rémunération actuelle, indexée en large part sur la valeur actionnariale. Le mandat doit ensuite désigner un inconnue désirable et d’intérêt collectif, c’est ce qu’on appelle une « mission ». »

Nous y voilà. L’apparition de nouveaux cadres légaux permettant la reconnaissance des entreprises à mission (Profit with Purpose Companies) est donc une piste crédible. Ces entreprises (comme Patagonia, j’y reviendrai dans un prochain post, puisque que je lis actuellement l’auto-biographie passionnante d’Yvon Chouinard), ont inscrit dans leurs statuts les finalités sociales et environnementales additionnellement à la recherche de profit. Et ça change tout !

En protégeant juridiquement les entreprises qui décident de s’engager dans une finalité plus large que le seul profit, elles affirment leur différence bien au delà de la simple communication de court terme et assurent la pérennité de la mission de l’entreprise au delà de la présence du leader charismatique. Le Dirigeant peut prendre des décisions qui ne vont pas strictement dans l’intérêt de l’actionnaire sans être accusé de « mauvaise gestion ».

Conclusion partielle

Le chapitre 7 est dédié à la « ré-invention du cadre de responsabilité de l’entreprise » est, me semble-t-il, le plus intéressant. Je laisse le soin au lecteur de le découvrir par sa lecture complète et reprends seulement ci-dessous une phrase extraite de sa conclusion :

« … Cet examen montre que la mission réinvente profondément le schéma de l’objet social, en l’adaptant aux enjeux contemporains d’innovation. La mission en tant qu’engagement à un effort d’exploration, de recherche et d’innovation, apparait en tout cas prometteur pour organiser une action collective à la fois efficace et responsable. »


Dans ce livre la RSE prend cher… Sans être dans une posture défensive stricte, je me permettrai seulement de nuancer les constats, souvent pertinents pour les multinationales et que je ne retrouve pas dans les PME – ETI de mon territoire qui agissent plus qu’elles ne communiquent. Reste que les pistes proposées vont dans le sens de la montée en gamme dans l’engagement sociétal. Nous avons tout intérêt à utiliser la RSE comme une étape indispensable au passage de l’entreprise à mission.

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Bref, nous risquons de beaucoup parler « entreprise à mission » dans les mois et années à venir. Nous ne sommes pas donc à l’abri que cette « réforme » des entreprises soit utile et salutaire !

Cette lecture me semble être une introduction indispensable à l’action et je la recommande vivement.

 

 

 

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Lu : La Vie secrète des Arbres (ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 7 mars 2019

arbre

LA VIE SECRÈTE DES ARBRE est un livre très accessible, captivant, cumulant les anecdotes faciles à transposer dans notre quotidien et nos (trop rares) relations avec les arbres. Une mine pour tous ceux, comme moi, qui aiment les arbres sans trop savoir pourquoi et sans expertise sur le sujet.

On y cause intelligence, communication, souffrance, relations de solidarité ou compétition, stratégie et innovation dans le but de bénéficier de la meilleure situation. La meilleure place « au soleil ».  On parle aussi de déplacement, de mobilité…

Vous conviendrez que tous ces mots sont habituellement peu usités dans le contexte végétal !

C’est le pari de l’auteur qui use (et abuse ?) de l’anthropomorphisme pour nous faire entrer en empathie avec le monde peu connu des arbres et qui mérite une attention urgente.

A le lire, on s’attendrait presque à voir l’arbre le plus proche de votre fenêtre (moi c’est un Erable), vous sourire, vous faire un signe de la branche et partir se promener (marcher comme les Ents dans le Seigneur des anneaux).

Il a été reproché à l’auteur de trop jouer sur la corde des sentiments humains (« bébé-arbres », « maman-arbre« , « cerveau de l’arbre« …). Je n’y vois personnellement pas une volonté de manipulation par ce procédé mais un style narratif, point. Je pense que l’auteur a vraiment une vision « humaine » de ses « amis arbres ».

Et quand bien même il y aurait manipulation…

Qui reproche au marketing de faire parler dans les publicités des hamburger, des bonbons ou même de faire croire que le dernier SUV vous rendra heureux dans une ville idéalisée ?

S’il le faut, usons de manipulation littéraire sur les enjeux sociétaux pour donner envie d’aller plus loin. (non?).

 

Le message de l’auteur est clair : comprenons les arbres de nos forêts et laissons leur une place dans notre système productif.

Il en va de notre intérêt de préserver ceux qui ont littéralement rendu notre écosystème terrestre vivable.

L’auteur revendique la nécessité de récréer des forêts primaires dans une Europe qui les a quasiment totalement éradiquées (seulement 3% des forets européennes sont primaires). Mettons nous aussi au diapasons de la temporalité de l’arbre : pas la décennie mais le siècle. Donnons le temps à la forêt de se refaire une santé.

 

Citation d’un passage représentatif du style et qui m’a touché sur le fond :

Les arbres urbains sont les enfants des rues de la forêt. Pour ceux nombreux, qui doivent vivre en bordure de rue, l’expression est encore plus vraie. Les années de jeunesse ressemblent à celles de leurs congénères de parcs et jardins. Ils sont entourés de soins, font l’objet de mille attentions, parfois même une conduite d’eau est spécialement posée pour eux afin de les abreuver à la demande.Le jour où leurs racines se piquent d’étendre leur rayon d’action, ils ont une drôle de surprise. Sous la chaussée ou le trottoir, la terre, qui a été compactée à la plaque vibrante, est d’une dureté formidable. Le coup est rude, car les essences forestières développent leur racines moins en profondeur qu’en surface. Il est rarissime qu’elles s’enfoncent à plus de 150 cm,la plupart s’arrêtent beaucoup plus tôt. Dans la forêt, ce n’est pas un problème, un arbre peut s’étendre presqu’à l’infini. Il n’en va pas de même en bordure de rue. Toute expansion est limitée par la chaussée, des canalisations courent sous le trottoir et le sol compacté impénétrable. Il n’est pas surprenant que des conflits surgissent. Les platanes, les érables et les tilleuls tentent volontiers des incursions dans les égouts. [...]

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Chronique n°18 : Une bonne grillée de mogettes pour sauver l’Humanité

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 3 mars 2019

Et voici la chronique de février 2019. A lire ci-dessous et à entendre ICI dès qu’Euradio aura mis le podcast en ligne.

Aujourd’hui je tente un format tout neuf pour chroniquer sur les légumineuses : j’ai décidé d’emprunter des phrases à des chansons de Daniel Balavoine et de les saupoudrer dans ma bafouille.

xbalavoine

Mais pourquoi donc cette fantaisie ?

D’abord pour occuper ceux qui ne sont pas intéressés par le contenu de ma chronique et qui pourront ainsi s’amuser à compter le nombre d’emprunts (il y en a 6).

Et Pourquoi Balavoine ? car c’est la période où je le fais découvrir à mes filles, histoire qu’elle ne pensent pas que les Kids United ont tout pondu. Et puis, comme Ester -des cahiers d’Ester de Riad Sattouf- considère Balavoine comme un super chanteur mort… ça me fait une belle occasion de partager un truc que j’aime avec celles que j’aime.

Dernière raison, je me suis promis de ne pas citer ce coup-ci Nina Attal dans ma chronique… Zut, loupé…

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Aller, il est temps de rentrer en scène… « Entrer sur scène comme on prend le dernier train »… Car avant de causer Fabacées (l’autre nom des légumineuses), je veux vous causer train. Train de nuit pour être plus précis.

Il se passe un truc actuellement en Europe sur le sujet. On parle partout de la renaissance des trains de nuit. L’illustre National Geographic titrait récemment The return of sleeper trains en citant de nouvelles liaisons en Grande-Bretagne ; mais ces dernières semaines d’autres nouvelles lignes ont été annoncées : Berlin-Kiev, Berlin-Vienne, Amsterdam-Berlin, Amsterdam-Innsbruck… Les trains de nuit font peaux neuves avec des services nouveaux, un confort accru… Une renaissance vous disais-je.

Cette tendance semble être vraie partout en Europe… sauf en France… où les lignes ferment toutes les unes après les autres. Reste le Paris-Port Bout qui a été prolongé in-extremis jusqu’en 2020.

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Notre président a affirmé lors d’un débat avec des maires, ne pas vouloir taxer le kérosène des avions sur les vols intérieurs car sinon ces vols ne seraient pas rentables… On rêve : la subvention à la pollution est totalement assumée ! et on parle de plus de 300 millions d’euros par an quand même. Nous sommes près de 90.000 à avoir signé une pétition pour le maintien des trains de nuit sur change.org pour ressusciter ce mode de déplacement écolo et drôlement sympa qui nous offre la possibilité de faire de la mobilité une partie intégrante du voyage et non une stricte contrainte logistique.

xx

Mais une question me taraude… est-il bien raisonnable de se gaver de légumineuses avant de composter son billet pour une nuit dans un compartiment de quelques mètres carrés avec des inconnus ? 

xx
Car « même si un sourd n’entend pas ce qu’il veut », le  savoir-vivre nous impose une certaine contention digestive. Par convention (ce qui n’est pas vrai pour la vie en société chez les vaches par exemple), il n’est pas bien venu d’être trop libéral sur le sujet des gaz de digestion.

Je vais vous apprendre un truc. Le groupe de salopards qui nous privent d’un petit salé aux lentilles ou d’un cassoulet avant notre nuit ferroviaire est connu, fiché. Ces malfrats se donnent le nom du gang des alpha-galactosides. Avec un nom pareil, on s’attendrait presque à les trouver dans les vieux épisodes de Goldorak.

Ces Golgothes peuvent être vaincus ! En effet, on peut les exterminer avec des modalités de préparation adaptées comme un trempage préalable (l’eau de trempage à jeter obligatoirement bien-sûr!) ou même par l’utilisation d’épices (les indiens sont les premiers consommateurs de légumineuses au monde, ils ont eu le temps de bossé le truc).

 xx

J’ai commencé, comme d’habitude, à parler du côté malodorant de la chose en envisageant la flatulence avant les indéniables intérêts de ces puiseurs d’azote que sont les légumineuses.

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Car il faut bien comprendre l’énorme intérêt agronomique de ces plantes, qui par association symbiotique avec des bactéries dans leurs nodosités, sont en mesure de fixer l’azote atmosphérique. Une fertilisation naturelle du sol qui profite aux autres plantes et cultures. « Dieu que c’est beau ». Elles sont géniales ces légumineuses ! Elles mériteraient de gagner le premier prix de l’innovation utile aux MNA, Millenium Nature Awards.

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Innovation utile je dis bien, car quand je vois qu’une boite russe est capable de proposer comme innovation du siècle de mettre des panneaux publicitaires sur orbites pour toujours pouvoir être inciter à consommer des trucs, je pense que dans ce cas il faut compléter le mot innovation avec l’adjectif « toxique ». Je ferme la parenthèse.

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Je vous recommande une nouvelle fois la lecture de JAMAIS SEUL de Marc-André Sellosse pour comprendre le petit miracle symbiotique des légumineuses. Elles ont un incroyable talent qui peut permettre d’envisager une baisse de consommation d’apport azoté dans le sol, en plus d’être riche en Fer, en fibres, en vitamines et en protéines qui peuvent se substituer partiellement à l’apport protéique d’origine animale. L’Agence de Santé Publique France, dans ses dernières recommandations datant du 22 janvier dernier, conseille de manger au moins deux fois par semaine des légumes secs (lentilles, pois chiches, etc.), trop peu présents dans l’assiette des Français.

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D’un point de vu climatique les fabacées sont aussi des winners : d’après l’ADEME le steak de bœuf émet 28,6kg de CO2 par kg de viande. Tandis qu’un kilogramme de lentilles vertes émet seulement 0,88 kg de CO2, soit 30 fois moins d’émissions dans l’atmosphère. Même une ou deux substitutions par semaine sont les bienvenues.

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Les légumineuses nous aiment dirait-on. Elles font tout pour nous améliorer la vie. Pourtant les statistiques de consommation des légumineuses ne confirment pas qu’ « Aimer est plus fort que d’être aimé ».

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La baisse de consommation depuis les années 60 est constante. Pendant longtemps la légumineuse était la viande du pauvre. Avec l’arrivée sur le marché de la viande pas chère, la consommation française de légumineuse a été divisée par 10 entre le 19ème siècle et aujourd’hui.

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Parler légumineuse en 2019, c’est parler d’une production mondiale de 80 millions de tonnes, avec une demande hétérogène sur le globe. L’Inde produit 22 millions de tonnes à elle seule. Logique me dirait vous pour un pays habité pour l’essentiel de végétariens.

Mais ce qui est peu compris, c’est qu’aujourd’hui, la majorité de la production végétale agricole est consacrée à l’alimentation animale avec un système mondial, accords internationaux à l’appui, très conservateur et organisé comme suit (grosse simplification) : les USA produisent le Soja qui nourrissent nos animaux, l’Europe produit les céréales.

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Notre situation de dépendance au soja américain se résumerai par « Je ne peux pas et je ne sais pas et je reste planté là ».. Les US sont notre fournisseur officiel d’aliment pour les vaches à viandes européennes. Pourtant ; les animaux aussi pourrait s’alimenter en légumineuses locales.

Et les choses ne s’améliore pas puisque Donald a réussi à faire valider à l’UE l’importation de Soja à destination de Biocarburant, moins cher que les biocarburants made in France à base colza. Et là je ne vais pas me faire des copains, mais il ne faudrait pas que notre légitime mobilisation citoyenne contre la chimie de nos culture occulte les pratiques au-delà de nos frontières. L’import de la pollution est à mon sens tout aussi irresponsable que la maitrise de cette dernière sur notre sol.

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Un peu d’histoire avant que je vous lâche le haricot.

L’humain s’est intéressé à la légumineuse vivrière dès 9 000 ans avant notre ère en Iran (c’est donc chez les perses que les légumineuses ont en premier percées…).

Plus proche géographiquement et temporellement de nous des navigateurs espagnols rapportèrent quelques graines de haricot originaire du Nouveau Monde, du Mexique plus précisément, pour les offrirent au pape Clément VII. Et ici aussi les qualités de culture et de conservation du produit lui ont permis de conquérir la France pour atteindre une sorte d’aboutissement ultime en Vendée avec … la grillée de mogettes !

Je plains celui qui ne connait pas le plaisir de la dégustation d’une tartine, préalablement grillée au coin du feu et tartinée de beurre salé, que l’on aura pris soin de couvrir généreusement d’une couverture de mogettes chaudes.

Certains choisissent de prolonger ces soirées conviviales de moments non moins conviviaux que je ne décrirai pas dans le détail ici, la pratique du pet-flamme pouvant présenter de fort danger de dégradation de votre petit intérieur.

 xx

Pour conclure, je vous propose une punchline pour faire la promotion des légumineuses :

Peut-être que « Je ne suis pas un héro », mais en consommant des légumineuses, je contribue à diminuer l’impact carbone de mon assiette tout en améliorant ma santé.

Ce qui me parait mieux que « Je mange des légumineuses et je pète le feu ».

 

 

 

 

Sources ayant inspirées cette chronique :

 

https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-26-novembre-2018

https://www.planetoscope.com/fruits-legumes/2004-la-production-mondiale-de-legumineuses.html

http://www.b2ipme.fr/nimda/uploads/cours_AS_Voisin_M2_2012.pdf

https://solagro.org/images/imagesCK/files/publications/f12_diagnosticlegumineusesalim.pdf

 

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