Lu : Du bonheur, un voyage philosophique de Fréderic Lenoir
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 4 avril 2016
Voici une lecture qui m’a emporté loin et haut.
Frédéric Lenoir propose au lecteur, dans ce recueil, un voyage dans le temps pour nous permettre de « rencontrer » les philosophes qui nous ont précédé et ont pensé notre relation au bonheur. Quoi de plus essentiel que cette quête ? On parle sans scrupule de « bonheur au travail » mais on oublie un peu vite la complexité de la définition même du bonheur.
Il ne m’est bien sur pas possible de résumer les visions successives d’Epicure, d’Aristote, de Tchouang-tseu, de Montaigne, de Spinoza ou de Shopenhauer. Toutes leurs approches sont enrichissantes et je ne comprends pas pourquoi je ne me suis pas plus intéressé à ce sujet au moment où l’on me proposait des cours de philosophie. L’adolescent que j’étais n’avait pas faim de ce savoir là à ce moment là. Aujourd’hui, ce livre comble (un tout petit peu) mon ignorance.
Rien que de se poser la question de la distinction du bonheur et du plaisir, qui marque si fortement notre monde occidental, permet de remettre quelques pendules à l’heure. Citation :
Tandis que l’individu issu de la première révolution (avènement de la modernité) était encore imprégné de grands idéaux collectifs et d’un vif intérêt pour la chose publique, l’individualisme contemporaine se réduit à un narcissisme. Chacun de nous est plus préoccupé par la quête de son bonheur immédiat, par sa réussite personnelle et par la défense de ses intérêts. L’égocentrisme, l’indifférence aux autres et au monde sont devenus, pour beaucoup la norme.
La quête de sens, la place de la relation à l’autre, celle du rire, la capacité à s’auto-satisfaire de son bonheur avant qu’il ne disparaisse, mais aussi la plus gênante relativité du bonheur [Sénèque : « tu ne seras jamais heureux tant que tu seras torturé par un plus heureux] sont autant de pistes qui peuvent nous permettre de mieux nous comprendre, voir de nous influencer vers une meilleur conscience de notre être. Pierre Rabhi tente-il de nous dire autre chose quand il nous parle de la Sobriété Heureuse ?
Personnellement, je me suis retrouvé dans la modestie d’un Montaigne, encourageant à accepter la nature de chacun : être le plus heureux possible avec nos « armes », dans notre contexte du moment. Sans dogme, sans jugement, sans apriori.
C’est grâce au point de vue de Montaigne que j’ose écrire un tel post dans le contexte d’un monde si durement inégal, violent, intolérant… terrorisant ! Quelque soit le malheur qui nous entoure, nous sommes légitimes à quérir « notre » bonheur. La nuance tient dans le fait que ce bonheur ne doit pas se faire « au dépend » de l’autre.
J’ai beaucoup aimé ce moment de lecture. Il m’a enrichi.
C’est un peu bête mais j’ai envie de de finir ce commentaire de lecture par un moment de plaisir : LIEN. Prend qui veut.
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