Chronique Ecolo-Buissonnière n°27 : Retour vers le futur

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 4 mars 2020

Cette chronique est la 3ème des quatre chroniques proposées aux candidates nantaises aux Municipales 2020. Je n’ai pas écrit les chroniques en lien avec le programme ou le profil des candidates présentes au moment du méfait.Euradio-logoNB

Le son est ICI.

 

Marie ? Elisabeth ?

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Vous m’entendez ?

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J’ai un problème. Et pas qu’un petit… Ce matin, j’ai pris le jus en voulant récupérer ma tartine dans le grill pain avec ma fourchette. Ça a fait un grand éclair blanc et paf plus rien ! Je crois que je suis tombé dans les pommes et quand je me suis réveillé je me suis retrouvé dans une grande pièce toute blanche. Par terre.

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Pétard les filles j’étais mal… je me voyais déjà arrivé dans la gare de triage céleste !

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Puis des gens sont rentrés. Ils m’ont demandé de quand je venais.

J’ai trouvé la question incongrue. On demande aux gens d’où ils viennent, comment ils viennent, pourquoi ils viennent éventuellement mais demander de quand on vient…

Alors j’ai souris.

Pas eux.

Ils me regardaient de haut, un peu comme des flics parleraient à un délinquant inconscient de la gravité de ses actes dans une mauvaise série de France 3.

Ils ont pris une heure pour m’expliquer. Leur discours était rodé. Je n’étais visiblement pas le premier. J’ai compris. Je crois.

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Je suis bloqué dans le futur.

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Je suis à Nantes en 2103 et je leur ai dit de quand je venais. Ils savent que je suis né en 1975, en pleine crise pétrolière, que je me suis éclaté dans les années 90-2000 en roulant des milliers de km dans des « Réservoirs » (c’est comme ça qu’ils appellent les voitures en 2103). Ils ont été surpris de savoir que j’avais pris l’avion… plusieurs fois.

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Ils m’ont expliqué qu’ils ne me voulaient pas de mal. Ils disaient qu’ils voulaient seulement comprendre ; qu’une grande partie des archives de mon époque avaient disparu à cause des « évènements » et en tant que seul représentant disponible des hommes du passé, ce groupe d’historiens cherchaient à refaire le film. Moi je trouvais que ça ressemblait à une sorte de procès à charge.

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Des heures durant, dans la grande salle blanche, un jury m’a questionné. Ils ont fait des efforts sociaux mais leurs regards étaient lourds. Je lisais leur mépris et leur dégout devant mon récit.  Bêtement, j’ai rapidement pris le parti de répondre à leurs questions. Je leur ai parlé de mes vacances, de ma vie, de mon travail. Je leur ai dis que je suis quelqu’un de très vigilant à mon impact environnemental, que je prends le train quand je peux et j’achète mon énergie chez Enercoop, que je prends l’avion une fois tous les 10ans… La discussion s’est envenimée. La petite dame du fond avec la longue tresse, a explosé et m’a criée que ma génération avait dilapidé son avenir à elle, que mon inconséquence devait être punies. Elle est sortie en pleurant.

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Gros, gros malaise. Les autres ont essayé de me rassurer et m’ont demandé de leur parler de la Nantes de 2020.

J’ai été obligé de leur dire qu’on chauffait les terrasses pour pouvoir consommer notre bière dehors en hiver. Pour certaines candidates même que les terrasses chauffées étaient l’âme de nos villes! Stupéfaction. Ils pensaient que c’était une légende. Ils m’ont encore engueulé et ils ont fait les calculs devant moi. Une seule terrasse consommant 50 400 kWh de propane par hiver, elle rejetait 13,7 tonnes de gaz carbonique. Pour une seule terrasse ! 122 000 km en berline (Lien)

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J’ai aussi du leur parler de la climatisation des magasins l’été et des portes ouvertes, du chauffage des rues l’hiver. Je leur ai dit. Je leur ai dit comment, dans les années 20 encore, les enseignes nationales imposaient à leur personnel de laisser les portes ouvertes en dépit de toute logique de sobriété énergétique.  Je leur ai cité un article de Ouest France lu peu de temps avant mon accident temporel. « Tant que les températures sont acceptables, nous proposons à nos boutiques d’ouvrir les portes afin de favoriser le plus grand confort de notre clientèle. ». Lien

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Bref les sujets se sont succédé puis on a arrêté le procès en écocide. J’étais vidé. Moi, l’engagé dans mon monde était devenu le pire des salauds dans le monde de demain. Je me suis dis que ce serait une belle expérience à proposer à nos élus pour sortir de la myopie du quotidien.

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D’ailleurs c’était le sujet suivant.

Pour mes interlocuteurs il était de notre responsabilité – celle de nos gouvernements locaux qu’ils ont appelé ça – de réguler et interdire ces pratiques déviantes et mortifères dans un monde où nous connaissions la  dérive climatique. Je leur ai parlé de nos engagements, de nos premières actions…

La discussion pris alors un tour inattendu. Ils m’ont demandé comment les décisions locales étaient prises. Comment les habitants étaient formés, impliqués et mis à contribution dans l’action publique. Ils ne pouvaient croire que de citoyens informés pouvaient ainsi creuser leur tombe. J’ai expliqué nos élections et tout et tout…

Ils ont pris un air entendu. Genre. OK boomer, on a compris.

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Ils m’ont parlé de manque de démocratie.

J’ai pris la mouche à mon tour et j’ai expliqué que nous étions en démocratie puisque des élections régulières désignaient les plus pertinents d’entre nous pour prendre les meilleures décisions d’intérêt collectif.

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 « Comment avez-vous pu exclure les principaux intéressés de la décision publique ! comment vous êtes-vous laissé confisqué l’action !».

Je leur ai dit que pour être efficace on ne pouvait pas non plus se permettre d’impliquer en permanence les citoyens. J’en suis là…

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La Colère gronde maintenant et j’ai peur pour mon intégrité physique.

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SVP, demandez concrètement, opérationnellement, quelles dispositions de démocratie citoyenne votre invité a prévu de mettre en œuvre pendant son mandat.

Moi, faut que je trouve une DeLorean pour rentrer, A bientôt, j’espère….

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Chronique Ecolo-Buissonnière n°26 : Je l’ai eu dans LOOS!

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 4 mars 2020

Cette chronique est la seconde des quatre chroniques proposées aux candidates nantaises aux Municipales 2020. Je n’ai pas écrit les chroniques eEuradio-logoNBn lien avec le programme ou le profil des candidates présentes au moment du méfait.

Le son est ICI.

 

Voici une musique (lien pour les oreilles des lecteurs) bien entrainante pour entériner en même temps que notre entrée dans les années 20, le divorce en maturation depuis si longtemps entre l’Europe et la Grande-Bretagne. Bien sûr qu’il faut passer à autre chose, j’adore le film « un jour sans fin » mais Andy Mac Dowell ne peut nous faire patienter éternellement ! Nous avons cependant le droit d’être triste… un court instant. Après, promis je cause municipale.

Triste, ou plutôt nostalgique des moments partagés. Comme un vieux couple qui a fait le tour de sa vie commune.

Perso j’ai en tête ces nombreux instants feutrés de début de soirée, debout dans l’ambiance bondée d’un pub, à boire une Guinness dans un récipient tenant finalement plus du pot de fleur que du verre. J’ai aussi en mémoire cette pluie pénétrante avec en arrière-plan une vue sur le pont de Darteford (que je pris des dizaines de fois en 1995) sur une scène du film « 4 mariages et un enterrement » (Andy Mac Dowell, cette chronique est pour toi).

Je n’oublierai surtout jamais cet humour incomparable qui m’a fait longtemps penser que ce Brexit était une nouvelle blague absurde que je n’avais pas comprise.

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Va, amis anglais, va mais n’oublie pas de revenir si l’oncle Donald te déçoit.

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Cette chronique aurait dû être une chronique de vœux à la fois drôle et pertinente avec des jeux de mots écolo à l’intérieur mais nous sommes en février… La chronique initiale a donc été mise à la corbeille et je vais vous parler d’une rencontre. Une rencontre qui date de plusieurs semaines. Une rencontre marquante et inspirante.

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J’aurai presque envie de dire : Ça y est, nous sommes sauvés : nous avons un modèle à suivre ! Les 4 cavaliers de l’apocalypse que sont le réchauffement climatique, la désespérance sociale, l’épuisement des ressources et la haine de l’autre peuvent rassembler leur linge sale et faire leur sac ! Dis autrement, si nous choisissons de ne pas nous inspirer de cette expérience, nous ne pourrons nous en prendre qu’à nous.

Bien sûr que j’en fait trop et l’homme rencontré s’opposerait à de tels propos dépourvus de nuances… Mais pourquoi je serai tiède alors que mon cerveau et mon cœur bouillonnent ? et puis, je fais ce que je veux avec les mots dans ma chronique.

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Vous connaissez Los Angeles ? Ben moi je vous emmène à Loos en Gohelles !

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L’homme rencontré est Jean-François CARON, maire depuis 2001 de Loos en Gohelles, une ville de 7000 habitants dans le Nord. Ville qui a subi dans les années 70/80 un effondrement : celui de sa raison d’être : sa mine de charbon. Se relever d’un effondrement ce n’est pas rien. Je vous parle d’une ville survivante qui a embelli ses terrils pour les rendre touristiques, a engagé cette transition en s’appuyant sur son histoire pour se projeter vers un avenir au diapason des enjeux de notre temps.

Jean-François CARON est connu pour avoir fait de sa ville un laboratoire français de la transition énergétique (Jeremy Rifkin adore cette expérience et en fait un lieu de référence) et quand les médias viennent sur place pour observer, comme France 2 récemment (lien), ce sont les actions écologiques qui sont mises en valeur : plan solaire, lutte contre la précarité énergétique… mais je crois maintenant qu’ils se trompent en ne regardant que ce qui est visible.

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La réussite de Loos en Gohelles est aussi et surtout ailleurs. La substantifique moelle de Loos est donc ailleurs…

Elle est dans la démonstration opérationnelle et concrète qu’il est possible de faire vivre une démocratie participative locale de manière systémique, au plus proche des préoccupations du quotidien des habitants. Sans entrer dans le détail de ce que Jean-François CARON appelle le CODE SOURCE dans cette chronique (définitivement trop courte) je ne peux qu’essayer de vous donner envie d’aller creuser ce retour d’expérience unique, sur le site de la ville ou sur le blog du Monsieur.

Ce maire, sans renier son pouvoir de décision finale, s’est outillé pour co-construire les projets d’amélioration de la ville et de la vie avec les habitants. Il s’est organisé pour donner à tous le pouvoir d’agir (ce que les plus intellos d’entre nous appelleront de la capacitation et les plus anglophones de l’empowerment). Et à Loos, c’est du concret !

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Dans la boite à outil qu’est le référentiel d’implication citoyenne (téléchargeable gratuitement lien) on trouve par exemple un dispositif nommé le « fifty fifty  : le citoyen ou un collectif propose un projet contribuant à l’intérêt collectif de la ville et la mairie apporte une aide matérielle et technique pour que le demandeur fasse. L’idée ici est d’associer le citoyen non plus seulement à la définition des projets, mais bien à leur mise en œuvre !

On trouve aussi des diagnostics en marchant (promenade d’observation avec les habitants dans leur quartier pour trouver les choses à changer) et des dizaines d’autres outils et méthodes destinés à faire avec les gens et les rendre fiers de leur action et leur lieu de vie.

Mais cette histoire c’est plus que la somme d’outils et la réussite d’un homme, c’est une volonté d’inclusion de tous dans la chose publique à l’échelle la plus pertinente qui soit : son lieu de vie.

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Cette chronique s’adresse aux citoyens qui devrait exiger ce niveau de contribution à leur vie locale pour ne pas être considéré comme des consommateurs de décision publique à convaincre par des sachants élus, mais elle s’adresse aussi à la candidate que j’ai la chance d’avoir sous mes yeux.

Concrètement, opérationnellement, quelles dispositions de démocratie citoyenne avez-vous programmé de mettre en œuvre lors de votre mandat ?

 

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Chronique Ecolo-Buissonnière n°25 : Démocratie et JE (de dés)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 5 décembre 2019

Et voici une nouvelle chronique en mots ci-dessous et en son bientôt ICI.

La dernière fois que j’ai bafouillé dans le micro, j’ai uchroniqué le second mandat écolo fictif de Jimmy Carter … (lien). Dommage pour les absents car le monde était alors presque sauvé à l’issue de cette fiction inspirée de la lecture récente de Civilization de Laurent Binet, qui a entre-temps reçu le Grand prix du roman de l’Académie française (mes recommandations de lecture, c’est pas de la m…).

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Mais mon uchronie low-cost présentait pourtant une faille de taille. Elle revendiquait le concept du leader comme solution à tous nos maux. Je suis tombé dans le panneau !

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Il faut dire que notre démocratie représentative est construite autour des  leaders qui incarnent. On ne sait pas trop quoi d’ailleurs mais ils et elles incarnent. Pour être en position de se présenter puis de gouverner, il faut incarner…

Perso, j’ai longtemps pensé que notre système électif était la stricte application de l’idéal démocratique. Une évidence encrée en moi depuis mes cours d’éducation civique durant lesquels on ne m’a jamais laissé envisager une quelconque nuance sur le sujet.

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Et si les règles du jeu de notre démocratie représentative étaient pipées ?

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A ce stade de l’introduction de la chronique je voudrai que nous nous placions dans la tête de Marie.

Oh là là, quelle mouche l’a piqué aujourd’hui ?

D’habitude on a droit à sa vie à la sauce verte. Qu’est-ce qui lui prend ce matin. Vl’a pas qu’il est parti sur les RIC et samedi jaunes ! Comment je vais rebondir là-dessus moi. Elle va être longue cette chronique… elle va être longue…

1167 mots ma chronique Marie et à ce stade il en reste encore 886. Courage.

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Donc, dans son ouvrage « le Principe du Gouvernement Représentatif » Bernard Manin explique en quoi la Démocratie représentative que nous percevons comme une évidence n’en n’est pas une …

Pour faire simple, il constate notamment que les révolutions américaines et françaises des années 1790 ont totalement effacé des radars un outil de démocratie directe pourtant largement éprouvé. J’ai nommé le tirage au sort

Tirage au sort revenu en grâce avec la Convention citoyenne pour le climat, mais très exceptionnellement.  D’ailleurs, je ne sais pas vous mais moi au moment du tirage au sort pour la convention citoyenne pour le climat, je me suis surpris à espérer être appelé sur mon 06. J’avais même commencé à réorganiser mon agenda pour être dispo ! #déception

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Pourquoi donc Aristote disait-il que « le tirage au sort est démocratique, l’élection oligarchique » ? Pourquoi donc Jean-Jacques Rousseau disait-il que «  l’élection est aristocratique, le tirage au sort est démocratique » ? Comme si ces observateurs avaient remarqué qu’une caste de « gouvernants » supérieure socialement aux électeurs accaparait le système électif.  Montesquieu assumait et justifiait même l’existence d’élites éligibles par l’idée qu’elles seraient plus compétentes et plus sages. Nous ne le dirions pas ainsi aujourd’hui mais globalement cette perception reste vraie.

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Pourtant des Cités comme Athènes ou Venise avaient jugé que le tirage au sort équilibrait leur système, notamment en prévention des risques de squattage des lieux de pouvoirs. Bien sûr, ce qui fut dans une Cité comme Athènes avec ces 300 000 habitants n’est pas extrapolable à un pays de 60 millions…

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Nantes a combien d’habitants déjà ?

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Imaginons une Cité de Nantes appliquant quelqu’une des règles de fonctionnements glanés dans l’expérience de son antique ainée Athéna.

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Bienvenue étranger dans la Cité de Nantes ! Je me présente : Hippolyte, habitant ici depuis 8 ans et tiré au sort le mois dernier pour devenir conseiller municipal pour 30 mois à compter de mars prochain. Je suis tellement content ! Je vais enfin contribuer à la décision publique. J’ai plein d’idées en tête.

Je crois que vous venez observer la très réputée structure de gouvernance municipale à la nantaise ? Je vais essayer de vous présenter simplement comment ça marche mais soyez tolérants avec moi car je n’ai suivi pour le moment qu’une des 2 semaines de formation que chaque tiré au sort doit réaliser en plus des 5 jours dédiés aux transitions sociétales.

Une première chose que je dois vous dire, c’est que, comme à Athènes en un autre temps, les tirés aux sorts sont des volontaires. Ceux qui se présentent se sentent donc capables. Bien sûr, nous devons aussi être majeur, sans casier judiciaire et justifier de 5 ans de vie dans la Cité.

Nous étions cette année que 30 000 postulants. Nous serons une soixantaine de conseillers tirés au sort complétant la trentaine d’élus (qui le sont eux pour 5 ans). Nous disposerons tous d’une voix pour les votes en séance. En plus de l’expression des votes en séances, chaque conseiller partagera des missions spécifiques. Moi, je serai chargé des questions relatives à la Mobilité. Je n’y connais rien pour le moment mais apparemment, l’expertise n’est pas requise. Par contre mon expérience d’usager semble être elle très appréciée.

Nous siégerons hebdomadairement au Forum Graslin où toutes les séances sont ouvertes au public.

Que vous dire d’autre ? Dans notre système, quand une personne est tirée au sort, les Sages de la Cité, élus, valident sa candidature au regard de critères inscrits dans le code des valeurs de la Cité. J’ai été reconnu digne de la fonction. Je viens de recevoir le courrier officiel.

Ce qui a été un peu compliqué, c’est la négociation avec mon patron. Je suis technicien chez Euradio. Il a fallu que je m’engage à libérer 50% de mon temps de travail pour la Cité. Je serai rémunéré à hauteur des 2/3 d’un SMIC sur ce mi-temps par la collectivité, ce qui est moins que mon salaire mais comme je bénéficierai de bonification retraite ; de mise en suspension de mes prêts et de déductions fiscales, je pense que ça vaut le coup. En plus cette expérience trouvera une bonne place dans mon CV.

Dernière chose, je sais que mes activités seront évaluées par les Sages de la Cité. Si je n’assure pas, je ne pourrai plus prétendre à un futur mandat par tirage au sort. Nous avons le droit à 2 mandats durant toute notre vie de citoyen. Après si ça me plait, il faudra que je passe par les élections. On verra.

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Voilà pour la petite extrapolation.

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Depuis que nous sommes enfants l’aléatoire est cantonné à l’univers du jeu, du pas sérieux. Pourtant le tirage au sort intelligemment agencé, sans être une solution miracle, présente peut-être quelques intérêts.

D’abord celui de rendre la pratique démocratique usuelle, de montrer aussi la complexité de l’exercice du pouvoir et se prémunir des manipulations souvent simplificatrices des réseaux sociaux.

Enfin, en offrant à chaque citoyen une chance raisonnable de pouvoir contribuer durant sa vie à la décision publique, on répond à cette dernière citation d’Aristote « l’une des formes de la liberté, c’est de commander et d’obéir tour à tour ».

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Chronique Ecolo-Buissonière n°19 : Glandeurs Non Violents

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 20 mars 2019

Ma dernière chronique (mars 2019) en son ICI et en mots ci-dessous :

En choisissant de traiter le sujet des Glandeurs Non Violents, je suis conscient de snober le sujet du jour qu’est la Communication Non Violente… Ce n’est pas que je ne me sente pas empathique personnellement et en capacité d’écouter et parler avec tous. Pour preuve, je passe ma vie à être un écolo intégriste pour les uns et un dangereux compromissionnaire acquis au Système pour les autres. En disant pourtant à peu près la même chose à mes interlocuteurs…

 

Le sujet Communication Non Violente est intéressant … mais il se trouve que ma dernière lecture cause si bien des arbres que j’avais envie de chroniquer chlorophylle. C’est comme ça. Une envie de vert, ça ne se discute pas.

 

Le livre c’est LA VIE SECRETE DES ARBRES du maintenant célèbre forestier allemand Peter WOHLLEBEN grâce à une audience peu ordinaire : plus de 1 millions d’exemplaires vendus dans le monde !

 

Cette chronique est aussi l’occasion pour moi d’ouvrir un nouveau combat. Nouveau combat qui est donc à ajouter aux dizaines d’autres abordés dans les 18 chroniques précédentes (déjà !). En vrac et non exhaustivement : la fiscalité du kérozène des avions, la masse croissante des voitures, la survie des trains de nuits, le plastique tueur d’Océan, les déserts médicaux, l’éradication organisée des grands mammifères et l’éradication plus anarchique des insectes, l’articulation du Je Nous, le combat contre les innovations toxiques, le mauvais usage de notre épargne, la mauvaise fois en matière de transition, le refus de la complexité, la publicité…

Le nouveau combat qui complète cette liste est linguistique celui-là.

Je voudrai vous faire un peu réfléchir à l’importance du gland et à la profonde injustice de la trop péjorative perception du glandeur dans notre monde moderne.

GNV

J’œuvre donc ici à la réhabilitation du gland comme un matériau noble de notre environnement et à celle de glandeur comme laborieux intérimaire de nos forêts.

Commençons par le début. Je vous présente le gland.

Le gland est le fruit du chêne, il est très riche en lipide (jusqu’à 50% de sa masse). La fructification demandant beaucoup d’énergie aux arbres, ils ne peuvent se permettre ce type de projet reproductif tous les ans.

La période de production des glands est appelée la glandée et se trouve donc fort irrégulière en quantité selon la météo, la santé de l’arbre ; son âge…

Par effet ricoché la santé des populations de sangliers ou de cochons sauvages mangeurs de glands, sont très impactées par ces irrégularités de glandée.

« Les années de petite glandée, les 3 petits cochons ont faim »

 

Et il n’y a pas que les petits cochons sauvages qui apprécient le gland. L’ONF aussi.

L’automne dernier, l’Office National des Forêts de Tronçais (lien) a sollicité pour la première fois depuis quatre ans, des glandeuses et des glandeurs pour une mission de la plus haute importance. Le quotidien auvergnat La Montagne a rapporté notamment que Gisèle a été missionnée pour parcourir les 430 ha de la forêt de Tronçais et récupérer les glands en bon état pour optimiser le processus naturel de renouvellement des générations. Ainsi 7 à 10 000 Litres de glands en pleine forme vont pouvoir être replanté.

Sans ce travail de petites mains, physique et demandant un œil expert pour ne pas ramasser des glands véreux (quel plaisir que de clamer que « glander n’est pas de tout repos » !). Sans ce travail donc, il faudrait s’en remettre à Dame Nature et compter sur quelques oiseaux ou mammifères oubliant leur surplus de stocks de glands cachés à des endroits qui doivent de surcroit être acceptables pour la croissance de bébé chêne.

Vous devez savoir que le taux de mortalité infantile est élevé chez les arbres.

Par exemple, un hêtre va produire durant sa vie de 150 ans, 60 fructifications, ce qui représente 1,8 millions de fruits (les faines). Et vous savez statistiquement combien vont réussir à produire un arbre adulte ? 1 seul !

Donc, pour une fois que l’homme peut donner un petit coup de main à la nature… remercions les glandeuses et glandeurs de leur boulot utile !

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Ce que je trouve beau, c’est que les glands et autres faines ne maitrisent rien de leur destinée mais participent pourtant à quelques choses de plus grand que leur simple existence. Toutes les forêts du monde sont passées par l’étape « gland » (ou équivalent).

Tout le pétrole que nous nous dépêchons de bruler de peur d’en laisser aux générations suivantes, vient quand, on y réfléchit bien, de ces petites choses insignifiantes que nous écrasons lors de nos balades en forêt.

Le gland est bien plus grand qu’il n’en a l’air, pensez-y dorénavant avant d’utiliser ce mot comme une insulte.

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J’en reviens au livre LA VIE SECRETE DES ARBRES. C’est un livre agréable à lire, captivant, cumulant les anecdotes faciles à transposer dans notre quotidien.

On y cause intelligence des arbres, communication, souffrances, relations de solidarité ou compétition, stratégie et innovation dans le but de bénéficier de la meilleure situation. La meilleure place « au soleil ».  On parle aussi de déplacement, de migrations…

Tous ces mots (intelligence, communication, innovation…) sont peu usités dans le contexte végétal. C’est le pari de l’auteur qui use et abuse de l’anthropomorphisme pour nous faire entrer en empathie avec le monde peu connu des arbres.

A le lire, on s’attendrait presque à voir l’arbre le plus proche de votre fenêtre (moi c’est un Erable), on s’attendrait presque à le voir vous sourire et partir se promener et marcher comme les Ents dans le seigneur des anneaux.

Il a été reproché à l’auteur de trop jouer sur la corde des sentiments humains (« bébé-arbres », « maman-arbre »…). Je pense que l’auteur a vraiment une vision humaine de ses amis arbres.

Et quand bien même il y aurait manipulation ! Qui reproche au marketing de faire parler des hamburgers ou des bonbons, qui critique les auteurs de publicité vantant que le dernier SUV de 2 tonnes saura vous rendre plus heureux.

S’il le faut, marketons les enjeux sociétaux ! Utilisons les armes du camp adverse. Aux armes stylistiques subversives Ecrivains !

Et tant pis si ce n’est pas de la communication non violente : Oups, pardon, je dérive…

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Ce week-end, au retour de l’Ile d’Yeu où j’ai assisté à un superbe concert de Nina Attal, je me disais que la souffrance après cette lecture, c’est de savoir que l’Europe n’a conservé que 3% de ses forets primaires et que – selon l’auteur – seules ces formes forestières sont adaptées à la vie épanouie des arbres.

L’espérance après cette lecture c’est de savoir la formidable résilience des arbres. Il faut seulement les laisser faire et penser avec une montre d’arbre qui mesure le temps long (il faut selon l’auteur moins de 400 ans pour reconstituer une forêt primaire européenne).

Et je rappelle que sans ses alliés arbres Frodon et ses potes n’auraient pas pu sauver la Terre du Milieu. Qui sait ce qui nous serions devenu sans les arbres.

J’arrête les bêtises. Lisez ce livre et passez quelques minutes à regarder vos voisins arbres. Vous allez voir, ça fait du bien.

 

C’était la seconde fois que je chroniquais sur les Arbres. Il y a une raison. Je ne les connais pas bien mais suis sûr de les aimer. Et puis cette citation de François René de Chateaubriand me hante un peu :

 

“Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent.”

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