Polytech Nantes a eu la gentillesse de m’inviter aujourd’hui à la journée de clôture du programme PERLE 2 (1,2 millions d’€) qui a mobilisé une douzaine de
laboratoires et une quinzaine de doctorants ces 4 dernières années. J’ai donc passé une grosse demi-journée pour comprendre l’état de la science en matière d’énergie.
Je ne cache pas que le programme de la journée pouvait m’apparaitre, en première approche, très universitaire avec un contenu laborieux pour le vulgarisateur que je suis. Le fait que des sujets sociétaux soient abordés m’a finalement décidé à me déplacer sur Nantes. Il me semble que cet effort d’ouverture est la traduction d’une prise de conscience du monde universitaire sur la nécessité de décloisonner les spécialités.
Bon, reconnaissons-le, je n’ai pas tout compris aux apports techniques (maintenant je connais la différence entre supercondensateurs et accumulateurs)…
Au delà de la technicité, je regrette personnellement un peu la forme de ces nombreuses « conférences descendantes » : apports (trop complets) d’experts qui ne sollicitent pas l’échange ou le débat. Le sachant parlent aux apprenants. Je ne suis plus vraiment habitué à cette méthode « traditionnelle » d’exposé scientifique.
Voici quelques morceaux choisis de ce que j’ai choisi de retenir :
Ouverture : Dany Escudié – directrice de recherche CNRS INSA Lyon
L’intervenante a choisi de cibler quelques points très pertinents. Par exemple, la forte « dépendance en eau » associée à la production d’énergie ; l’importance de la géopolitique de l’énergie, l’enjeu de l’efficacité énergétique (on perd en moyenne 30% entre l’énergie primaire et finale).
L’accent est aussi donné à la nécessité d’innover technologiquement (à la fois, c’est pas surprenant, je suis dans un « nid » de chercheurs!).
Cette introduction, intéressante et accessible, m’a permis d’identifier quelques mémos sympas à placer en soirée :
- Énergie = force en action (Aristote – 320 avant JC)
- -1100 : premier usage du charbon comme énergie par les Chinois !
- 1630 : première crise énergétique / pénurie de charbon de bois
- De 2.5 kWh/j (besoins vitaux)=> aujourd’hui, l’homme a besoin de 140 kwh/j en France pour vivre, se mouvoir (et polluer…)
- Le cloud computing est la 5ème puissance consommatrice d’énergie (avant l’Inde, l’Allemagne, le Canada, la France…). La dépendance énergétique des Data centers est invisible mais l’enjeu est énorme (illustration innovation sur le sujet)
- Rappel « jancovicien » : l’électricité dans le monde est avant tout charbonnée. Je me permets pour le coup de rappeler qu’une voiture électrique à Bombay rejette indirectement plus de 250 g de CO2 au km.
- Investissement public dans le domaine de l’énergie : c’est 1 milliard d’euros dont près de la moitié traitent de sujet nucléaire.
C’est le second expert en deux jours (je suis le MOOC Économie circulaire) qui minimise l’« irresponsabilité » environnementale supposée de la Chine. J’ai même appris qu’une législation sur l’économie circulaire avait été déployée
il y a plusieurs années déjà. Mme Escudié, elle, relativise la consommation énergétique chinoise (notamment du fait de la fonction d’externalisation de la production des biens aux services de l’occident – voir schéma ci-dessous l’illustration de la « fuite carbone »).
Dominique Pécaud (directeur IHT) « l’acceptabilité sociale des énergies nouvelles : critique et pratiques nouvelles »
Comment intégrer les « riverains » dans le déploiement des énergies nouvelles ? Ou plutôt, comment « Demander l’avis aux parties prenantes et … ne pas en tenir compte ». Voici l’introduction de l’intervenant. L’approche est critique. Aucune démarche de transparence sincère ne semble être possible. Il est possible que je n’aie pas été assez intelligent pour tout comprendre.
Je retiens que le rôle de l’expert scientifique est de plus en plus remis en cause par le savoir profane, favorisé par l’accès à l’information sur internet. Démocratie en trompe l’œil ? Explication ou demande d’avis ?
Selon lui, la rationalisation sur des sujets scientifiques n’est plus vraiment possible.
2 idées intéressantes dans sa conclusion :
- Travailler plus sur le patrimoine matériel et immatériel
- Confronter régulièrement les savoirs scientifiques et les savoirs profanes
Rodica Loisel (maitre de conférence IEMN IAE) « Transition énergétique et effets de la RetD énergétique industrielle »
Il y a des gens qui bossent sur des études de marché de la production d’H2 et de ses usages à horizon 2030 sur la base du projet éolien offshore. Intéressant. Speed, mais intéressant…
La problématique : 30 % de la production d’électricité de l’éolien offshore est effacé du fait de l’incapacité de transporter le surplus d’énergie transformé. Parmi les différentes hypothèses étudiées : Power to gaz (pas d’investissement donc le plus intéressant), Power to power (investissement d’infrastructure), power to mobility…
Bon, le résultat , c’est qu’aucun transfert n’est rentable !
Les installations industrielles n’aiment notamment pas le marche / arrêt imposé par la discontinuité de production d’ENR.
Pas gagné de voir le projet de Rifkin se transformer en réalité sur le court terme !
Bruno Auvity (Professeur Chercheur Polytech Nantes) « Piles à combustibles et hydrogène »
Donnée d’entrée ; les humains sont près à consacrer 10 à 20 % de leur budget à la mobilité. A horizon 2050 : la pertinence du choix techno de l’hydrogène devrait être évident. Aujourd’hui le coût est trop fort.
Mohamed MACHMOUM (Directeur de l’IREENA / Institut de Recherche en Energie Electrique de Nantes Métropole) « Dimensionnement optimisé, commande et intégration »
Alors là, on rigole plus. C’est de la technique pure et dure. Du coup, j’ai lâché.
Je retiens seulement que le câblage Haute Tension dans le cadre de projet Off-shore peut représenter jusqu’à 75% du budget de l’investissement !
Vive les machines lentes à aimants permanents !
Thierry BROUSSE (professeur Polytech Nantes) « Stockage de l’énergie : des solutions et des problèmes »
Une piste pour l’avenir : le développement des batteries Sodium Ion; ce qui prendrait en compte la pénurie de ressource Lithium. C’est possible ! Les marais salants ont un nouveau débouché.
Et vives les Mésopores interconnectés !
Je n’ai pas pu rester pour les autres présentations, mais il est encourageant de voir l’énergie libérée sur le sujet Énergie en Pays de la Loire. Continuez !