700 000 personnes dans la rue…
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 18 janvier 2013
700 000 personnes sont descendues dans la rue il y a une semaine pour protester contre la perspective que des personnes de même sexe puissent se marier. Mon avis sur le fond de ce sujet n’a aucune importance et ce n’est pas l’objet de ce post. Par contre, je me permets une approche différente. Une réflexion qui me trouble vraiment : Pourquoi donc, sur des sujets vraiment vitaux, sommes nous incapables de mobiliser les troupes à la même échelle ?
Sans minimiser l’importance du sujet pour les 45% des français opposés à ce projet de loi; que représente la reconnaissance légale du mariage entre homosexuels devant les millions de réfugiés climatiques qui s’annoncent, le changement radical de mode de vie qui nous sera forcement imposé sur le moyen terme au regard de la raréfaction des énergies fossiles (et matières premières les plus rares), et je ne parle pas de la disparition pure et simple d’une part significative de la biodiversité de notre planète… Rien ou pas loin de mon point de vue.
Les modalités techniques de l’union marital contribue surement à notre code de conduite social, mais ne s’agit-il pas d’un micro-élément de l’ensemble des composantes de nos modes de vie ? Du coup, je me demande bien quels sont les critères de priorisation de mes concitoyens dans le choix des sujets « méritant un engagement fort » de leur part.
Quatre éléments d’explication me viennent à l’esprit :
1- ce sujet est simple et « clivant ». Un avis sur le sujet est binaire, facile. On est pour ou on est contre; en fonction de sa religion ou son engagement politique, son histoire familiale… Pas besoin d’un expert pour se forger son opinion.
2- les médias ont « choisi » d’exploiter ce sujet jusqu’à la moelle car il est facile à illustrer et satisfait à l’instinct basique de voyeurisme du commun des mortels. Combien de reportages sur les enfants élevés par un couple de femmes ou d’hommes ? les filières belges d’insémination artificielle ? On force ceux qui n’avaient pas d’avis à s’en faire un.
3- c’est notre État qui décide de cette loi. On maitrise le sujet à notre échelle et on n’a pas à négocier avec l’ONU, l’Europe et je ne sais quelle autre institution lointaine pour décider de ce qui sera. Un sentiment de maîtrise d’un bout du destin de son pays. Rassurant quand l’économie, la finance, l’Europe (…) partent en vrille pour des raisons complexes. L’engagement parait peut-être alors plus utile.
4- le poids des traditions ? quand le futur est incertain on se raccroche à ce que l’on croit immuable (alors que pragmatiquement récent à l’échelle de la présence de l’homme sur Terre).
Bref, plein d’arguments expliquant le fait que jamais nous n’aurons 700 000 personnes dans la rue pour exiger un déplacement de la fiscalité du travail vers la pollution, une transition énergétique franche et cohérente, la fin des subventions aux énergies fossiles sous forme de défiscalisation du carburant aérien par exemple (…). Ce sont des sujets compliqués, nuancés, nécessitant le positionnement d’experts, des décisions internationales, sans précédents dans l’histoire et que les parties politiques et instances religieuses n’ont pas mis en tête de chapitre de leurs priorités. En plus, le train médiatique est déjà passé une fois ou deux (Hulot, Copenhague…) et il semble que les sujets des ressources et du réchauffement climatique soient déjà « usés ».
Dommage. Ma conviction est qu’à l’épreuve du temps, nos « suivants » se rappelleront forcement des générations 1950/2050 qui auront « grillé » l’essentiel des stocks de ressources à leur dépend mais surement pas du moment ou les homosexuels ont eu le droit de se marier. ça se discute surement…
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