« Après » ?…. sérieux ?
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 7 mai 2020
6 semaines de confinement et les cérébraux – ce n’est pas péjoratif, je m’inclus en partie dans cette masse de personnes dont le rôle social est de penser des trucs -: « nous » donc, commençons à produire des analyses de ce qui doit changer « après » la crise COVID. C’est logique quand on y pense : le temps disponible s’est considérablement allongé pour une grande partie d’entre nous; en tout cas pour tous ceux qui ne sont pas « en première ligne » (personnel soignant…) ou en « seconde ligne » (certains commerçants, agriculteurs, livreurs…) pour reprendre les termes guerriers présidentiels.
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Du coup, les tribunes injonctives se succèdent et il m’arrive un truc étrange: je lis des déclarations d’intentions, des projections questionnant le monde « d’après » et – c’est dingue !- tout en étant le plus souvent d’accord sur le fond, j’ai des boutons d’urticaire virtuel qui me chatouillent le cortex. Même Nicolas Hulot ne me convainc plus. J’ai la sensation insupportable que personne ne change vraiment (ou même n’évolue). Je crois lire un bandeau BFMTV défilé en bas des articles : « j’avais bien raison de penser ce que je pensais, COVID vous le montre bien ! » et du coup j’ai beau être d’accord avec certaines remises en cause des erreurs système, je ressens (plus que je mesure) que les équilibres de forces restent les mêmes… les « anti-machins » ou les « pro-trucs » passent leur temps à se confirmer entre eux que leur « bonne » vision de ce qui doit être apparait enfin à la lumière de tous.
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Ça me laisse penser que le monde « d’après » est une promesse marketing qui sera par nature déceptive. Suis-je « passé à côté » de mon confinement en n’ayant pas acquis la conviction que le changement systémique soit possible grâce cette crise ?
Bien sur, on peut (va?) rendre cette crise « utile » sur des choses importantes :
- La revalorisation des biens communs probablement pour un temps. Le système de santé coute cher ? oui et alors ? Nous formons Société quand nous sommes organisés collectivement pour nous soigner, nous nourrir, nous entraider. Effet de bande, peut-être aurons-nous gagné pour quelques temps la reconnaissance de l’utilité de l’impôt sans quoi rien n’est possible (version optimiste).
- Nos approvisionnements stratégiques ne sont pas forcément associés à une technicité ou au coût de production. Produire des masques, des respirateurs, des médicaments coûte (beaucoup) plus cher en Europe en temps de non-crise mais sont essentiels à notre survie en période de crise. Certaines chaines d’approvisionnement vont se raccourcir.
- Le télétravail, c’est possible pour beaucoup de métiers. Il se peut même que ce soit parfois plus efficace.
- le vélo-taf semble prendre 10 ans d’avance dans ses infrastructures en cette veille de déconfinement progressif.
- Certaines entreprises ont pu faire la preuve de leur engagement sociétal en trouvant des leviers de contribution à l’effort collectif (Décathlon, Maif…) et en sortent grandies. D’autres en choisissant de ne rien changer à leur référentiel de fonctionnement s’éloignent encore un peu plus de leur « responsabilité sociétale » (versement de dividendes énormes aux actionnaires et demande de soutien de l’Etat, lobbying pour diminuer les « contraintes » environnementales…)
- Nous avons tous fait un stage de sobriété qui démontre à chacun où se situe l’essentiel.
- L’incivisme et l’irresponsabilité ne dépassent pas, loin s’en faut l’entraide et la coopération. Le pire et le meilleur s’assemblent et philosophiquement sont représentatifs de ce que nous sommes individuellement (le meilleur et le pire en un seul corps).
- Les inégalités sociales on été rendues concrètes par le confinement (éducation, conditions de vie confinée…). Il y aura des traces et un effort de rattrapage évident à mettre en chantier pour compenser cette situation sur le temps long.
- Le numérique s’est encore plus encré dans nos vies (du coup je crains que la 5G passe comme une lettre à la Poste non confinée)
- La hiérarchie des métiers et l’insupportable décalage avec les échelles de rémunération pourra elle évoluer ? (« merci pour vos applaudissements mais ils ne se mangent pas« ) et le corolaire : « à quoi je sers en période de crise majeure ? c’est quoi mes compétences utiles pour la Société ? »
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Mais je suis convaincu que cette crise n’aura d’une part pas été régénératrice pour l’environnement (effet rebond à attendre du fait de la sur consommation post confinement), ne sera d’autre part pas une répétition générale de ce qui nous attend sur le terrain de réchauffement climatique (on ne trouvera pas de vaccin) et que nous devons donc continuer à agir en Colibiri à notre petite échelle pour négocier les Transitions.
Et comme mon post ne se veut pas sombre, je voudrai finir en partageant la dernière vidéo du Programme TES (Transition Énergétique et Sociétale), qui lui, me donne beaucoup de raisons d’espérer ! LIEN
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