Posté par Jean-Luc DOTHEE le 12 mai 2012
De nombreux économistes (et pas des moindres puisqu’au moins 3 prix Nobel sont de la partie : Joseph Stiglitz, Amartya Sen et Daniel Kahneman dont il est question dans ce post) ont déjà remis en cause l’exclusivité actuelle du PIB pour caractériser le niveau de bonheur d’une population donnée. La France n’ayant pas transformé l’essai en utilisant les conclusions du « rapport Stiglitz-Sen », seul le Bouthan (lien) avec son indicateur de Bonheur National Brut était en mesure d’illustrer opérationnellement le constat théorique.
Voilà qu’aujourd’hui, en pleine crise économique, les USA se mettent aussi à envisager une autre voie pour la mesure de la prospérité que l’exclusif indicateur économique. En effet, selon un article du Washington Post (repris dans Courrier International 1120), le ministère de la Santé et des Services sociaux finance actuellement une projet destiné à tenter de définir des « indicateurs fiables de bien être subjectifs ». A ces travaux participe Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie en 2002 (photo ci-dessous). La production de ce projet (méthode de mesure, limites, réserves…) permettra peut-être de répondre à la fameuse question : le bonheur et revenus sont ils totalement corrélés ? Il semblerait que non. Au delà d’un certain seuil de revenu, le bonheur perçu n’augmenterait plus. Pour exemple, le Panama avec un PIB six fois inférieur à celui des USA, est mieux classé en terme de satisfaction de vie (enquête Gallup).

Peut-être n’est il pas surprenant que le gouvernement démocrate américain s’attache à ce sujet, à une période de notre histoire où les points de croissance se font de plus en plus rares et où beaucoup d’éléments laissent penser qu’une transition économique est nécessaire. En 1968, n’est-ce pas Robert Kennedy qui déclarait : « Notre Produit National Brut,s’il faut juger les États-Unis à cet aune, tient compte de la pollution atmosphérique et des publicités pour les cigarettes, et aussi des ambulances qui déblaient après un carnage [...]. Bref le PNB mesure tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue ».
Je vous recommandais un livre sur le sujet il y a quelques temps inventoriant les initiatives sur ce sujet : lien
Source principale de l’article : Courrier International n°1120
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Posté par Jean-Luc DOTHEE le 4 mars 2012
En France nous connaissons tous Nicolas Hulot, journaliste de reportages télévisuels et défenseur de la Nature sous toutes ses formes. Aimé ou raillé, il a en 2005, su mobiliser les candidats aux élections présidentielles autour de son Pacte Ecologique. Je reste convaincu que le Grenelle de l’Environnement n’aurait pas existé sans lui. La position de poil à gratter écolo-médiatique lui convenait à merveille. Il a voulu passer à l’action politique et il semble clairement que ce fut une erreur. Aujourd’hui, il est discrédité car « étiqueté » et ne pèse plus (ne souhaite plus peser ?). En conséquence, l’enjeu écologique a disparu des programmes de campagne. La société civile n’a plus de héro mettant la pression sur les politiques. Le lobbying écologique semble avoir disparu avec Nicolas Hulot. Il n’est pas mort mais il a quasiment disparu de la circulation et quand il intervient, c’est pour afficher son amertume (lien article du Monde du 8 février 2012).

Au même moment aux Etats-Unis, il semble qu’un personnage issu de la société civile fasse le chemin inverse. Il se nomme Bill McKibben. Il vient de la presse écrite. Il a pour point commun avec Nicolas Hulot d’avoir développé une grande compétence sur les sujets climat, énergie, ressources naturelles (…). Il est donc crédible techniquement. Il n’a pas généré un « Grenelle de l’Environnement » mais vient de faire reculer le gouvernement Obama sur un projet d’Oléoduc géant (Keystone XL) destiné à acheminer du Canada au Golfe du Mexique (2700 km) du pétrole issu des sables bitumineux d’Alberta. Ce projet, il est vrai, installait le pétrole comme l’énergie d’avenir des USA, ce qui n’était pas exactement la promesse de campagne du candidat Obama. L’ambition du mouvement naissant est mondiale et visible sur le site internet www.350.org (350 pour les 350 ppm de CO2 dans l’atmosphère que nous ne devrions pas dépasser pour maintenir le climat en équilibre). Le public américain semble plus disposé qu’on le pense à écouter les idées de cet homme : 70% d’entre eux pensent que l’homme joue un rôle dans le changement climatique et ce malgré le rejet permanent de cette vérité par les candidats républicains.

Les courbes d’influence de ces deux hommes semblent se croiser… Très concrètement, ça ne nous avance pas pour faire bouger les lignes de nos politiques en campagne sur les sujets chers à ces deux personnalités…
source : le Monde et Courrier International 1110
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Posté par Jean-Luc DOTHEE le 18 février 2012
Ce surprenant Bouthan… mérite que l’on s’attarde quelques instants sur son cas.
Ce petit pays, perché sur les flancs de l’Himalaya a pour voisins de palier les deux pays les plus peuplés du monde (Inde et Chine). Cela fait très peu de temps que ce pays est démocratique mais il présente la très grande originalité d’avoir mis en place dès les années 70 un indicateur très original (innovant au regard des questions que nous nous posons sur la pertinence de l’exclusif PIB : lien) : le BNB ou Bonheur National Brut. Cet indicateur national s’appuie sur l’évaluation du développement économique, de la préservation et de la promotion culturelle, de la défense de la nature et de la bonne gouvernance.
Au delà de l’outil de mesure, il semble bien que la déclinaison opérationnelle soit démontrable. Exemple ci-dessous avec l’implication, financée par l’état, des populations rurales dans la protection de la forêt.

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Posté par Jean-Luc DOTHEE le 16 janvier 2012
Une anecdote historique croustillante me dit que l’on n’est pas passé loin d’un monde différent d’un point de vue énergétique. C’est peu connu, mais James Carter, Président des Etats-Unis (de 77 à 81) post crise pétrolière ; avait pour sérieuse ambition de mettre en œuvre un programme que nous jugerions encore aujourd’hui révolutionnaire. L’Energy Independant Act aurait du, s’il avait été mené à son terme, rendre les USA autonomes à partir d’énergies renouvelable en 2050 (projection de couvrir 23% des besoins énergétiques à partir du photovoltaïque à partir de 2000 !). Le Pentagone, sollicité, avait validé le projet, en insistant sur le caractère de protection de l’accès à l’énergie.
La belle histoire s’arrête en 1981 lorsque R. Reagan est élu suite à une campagne ouvertement financée par les groupes pétroliers américains. On n’est pas passé loin de quelque chose de grand…

On peut rêver qu’un candidat de 2012 (américain ou français) tienne le même discours que Carter en 1974 : « Nous devons changer nos modes de vie. Soit nous faisons ces changements de notre propre initiative et de manière planifiée ; soit, si nous attendons trop, nous serons forcés de le faire dans le chaos en subissant la loi implacable de la Nature ».
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