Lu : « Donner et prendre : La coopération en entreprise »

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 1 mai 2013

En ce 1er mai, il va de soi qu’il faut causer du travail. C’est ce que je fais avec le post sur un ouvrage incontournable et éclairant : « Donner et prendre – La coopération en entreprise« .

Je dois être honnête, je n’ai pas entièrement lu cet ouvrage de Norbert Alter, le temps à consacrer à la lecture étant en concurrence avec plein d’autres activités ces jours-ci. Pour autant, l’ouvrage étant un recueil de données sociologiques pour argumenter une idée, je ne pense pas trahir l’esprit de l’auteur en en parlant ce soir.

Ce n’est donc pas le livre que j’aime, mais l’idée qui y est défendue. En toute modestie, sans être capable de l’exprimer clairement, c’est un concept que j’avais acquis empiriquement (voir le post « limites du management par la Procédure » de février 2012).

Le livre traite de la coopération dans le monde de l’entreprise. Beaucoup oppose la coopération à la compétition. Le livre pose des bases argumentées démontrant que la coopération est un élément social indispensable à la vie de l’entreprise, permettant l’application de « la règle ». Sans coopération, sans « don » et « retour d’ascenseur » aucune entreprise ne fonctionne; c’est sociologique. On fonctionne tous pareil sur ce plan. De ce fait, penser que définir des règles suffit à les voir appliquer, revient à oublier la nature humaine qui permet l’adaptation, l’innovation, l’efficience (et non l’efficacité).

Lu :

 

Citation :

La coopération ne se réduit pas à la coordination technique. La coopération émane d’un milieu qui s’arrange avec les règles de gestion pour parvenir à produire la compétence collective. L’écart entre les règles de coordination technique et les pratiques effectives de coopération est si grand que la seule lecture des procédures donne finalement peu d’information sur « l’art » de travailler. Cet écart est à peu près celui qui sépare un programme politique de sa réalisation ou un contrat de mariage de la vie d’un couple. La coopération n’est aucunement réductible à un dispositif de gestion

 

Après la lecture de cet ouvrage, vous regarderez différemment l’homme qui retient la porte devant vous…

 

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Lu : Manifeste pour le bonheur « Comment passer d’une société de l’avoir à une société du bien-être »

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 9 mars 2013

La maison d’édition LLL (Les Liens qui Libèrent – quel beau nom !) publie un essai d’un professeur d’économie italien, Stefano Bartolini, au titre attractif « Manifeste pour le bonheur « Comment passer d’une société de l’avoir à une société du bien-être« . Ce livre a été un best-seller en Italie si on en croit la dernière page de couverture.

J’ai eu plaisir à lire ce livre, qui en reprenant des constats déjà exprimés dans d’autres ouvrages, se veut force de propositions pour changer radicalement de cap. Ambitieux, révolutionnaire, pas entendable par tous… Bref, je choisis lâchement ici de ne pas me positionner sur les propositions d’actions du livre mais plutôt d’exprimer dans la continuité de sa lecture quelques impressions qui méritent d’être partagées.

Lu : Manifeste pour le bonheur

 

Le constat du base du bouquin est que nos sociétés occidentales se sont considérablement enrichies ces dernières décennies et que malgré tout, toutes les mesures de satisfaction ou de bien-être disponibles, démontrent un décrochage flagrant. Nous ne sommes pas plus heureux parce que plus riche; par contre nous compensons notre baisse de satisfaction par la volonté toujours accrue d’augmenter notre richesse matérielle.

La cause, selon l’auteur, de cette incompatibilité des courbes « richesse » et « bien être » est essentiellement associée au fait que nous avons sur le même temps que l’augmentation de la richesse économique, perdue énormément de richesse relationnelle. Plus seul, moins de confiance, moins de partage de moments… (voir mon post précédent sur le sujet).

Pour palier cette perte de bien-être, l’auteur décrit un phénomène économique compensatoire qui s’est insidieusement mise en place : le NEG (Negative Endogenous Growth). Le modèle de croissance endogène négatif décrit comment des biens gratuits indispensables au bonheur ont été « remplacés » par des services/biens payants dans notre système économique. Une sorte de croissance économique « défensive ». Personne ne vend de l’air pur (qui était et devrait être accessible à tous gratuitement) mais en contrepartie nous avons créé une économie des masques de protection, de surveillance médicale, de filtreur d’air… Je dois bien avouer qu’une partie importante de notre croissance est associée à la vente de biens ou services correctifs de nos défaillances collectives (dépollution, protection des biens et des personnes, rencontre de l’autre, loisir, psy…). Ce n’est pas satisfaisant mais le constat est là : la dégradation favorise une certaine forme de croissance ! 

L’auteur insiste beaucoup sur l’influence négative de la télévision et de la publicité sur notre bien être. Les promesses véhiculées par les publicités sont toujours déçues et l’influence recherchée, notamment auprès des plus jeunes est effrayante. Rien de neuf de ce côté là malheureusement.

Ce livre m’a enfin involontairement, et peut être dans le sens opposé de l’objectif recherché par l’auteur, fait prendre conscience de ce qui me gêne depuis toujours dans le principe du temps de travail réglementé. Nous ne vendons pas des tranches de notre vie à notre employeur. Notre temps de travail fait parti de notre vie et je ne pense pas qu’il soit bon de l’isoler comme un moment où l’on se « vend ». Il me parait plus important de travailler sur le sens et l’intérêt de notre temps consacré au travail (y compris dans la relation aux autres) plutôt que de lutter pour le diminuer en valeur absolue; et l’intensifier alors avec les conséquences que l’on sait sur les conditions de travail.


Pour les propositions de l’auteur, elles n’engagent que lui et vous devrez lire le bouquin.

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Kick the Habit : Guide de l’ONU pour la Neutralité Carbone

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 10 février 2013

L’addiction est une chose terrible…

Voici les premiers mots de la préface signée Ban Ki-Moon de cette publication (lien), disponible en français; qui a pour ambition de nous aider à nous défaire de cette dépendance aux énergies fossiles. Une manière de nous engager à ne pas subir : nous sommes tout à la fois problème et solution.

Kick the Habit : Guide de l'ONU pour la Neutralité Carbone dans ENERGIE capture3

L’approche est très imagée, s’appuie sur des données GIEC connues, des données du Bilan Carbone Ademe (…)  partagées par tous les acteurs du domaine, mais présentées sous une forme nouvelle. Un bon document de vulgarisation rassemblant beaucoup d’informations sur le sujet GES. Un document de référence cependant un peu long pour vraiment permettre un partage auprès des non initiés.

J’y ai découvert quelques illustrations sympathiques, notamment celle présentée ci-dessous hiérarchisant les actions possibles d’atténuation du changement climatique. Une sorte d’évaluation du rapport effet / Prix (pour être franc, je ne me reconnais pas dans toutes les actions mais j’aime bien le concept).

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Document très (trop ?) riche et pourtant mono thématique « climat / énergie » (les autres enjeux de matière première ne sont pas abordés) mais un document de référence cependant.

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Conseil de lecture : Quel futur pour les Métaux ?

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 5 janvier 2013

Le 24 janvier prochain l’ATEE OUEST reçoit à l’Ecole de Mines de Nantes en soirée Philippe Bihouix pour nous parler du livre auquel il a contribué : « Quel futur pour les métaux ? Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société ». En bon élève, je me suis préparé à assister à cette conférence en parcourant l’ouvrage en question. Je m’empresse donc de faire un retour sur cette première lecture de 2013.

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Premier point : le titre de l’ouvrage est bien représentatif de son contenu. Sur un teasing plus cinématographique, on aurait pu entendre : « vous avez aimé le pic oil ? vous adorerez le pic de production des métaux ! ».

L’ouvrage présente l’excellente bonne idée de se découper en deux blocs : les quarante premières pages sous forme de synthèse vulgarisée, le reste de l’ouvrage plus détaillé pour les plus curieux.

Dans le fond, je constate que nous sommes tous plus ou moins conscients qu’il y a un risque de pénurie sur les métaux « à terme », mais on a peut-être trop tendance à l’effacer devant l’urgence énergétique (réelle) et le cloisonner à quelques métaux très spécifiques. Pourquoi revoir notre point de vue en 4 points :

  1. Le lien avec notre problème de raréfaction énergétique est mathématique puisque 10% environ de l’énergie primaire mondiale est consacrée à extraire et raffiner les ressources métalliques. Sachant que nous avons tapé (comme les énergies fossiles) dans les réserves les plus facilement accessibles, les métaux restant disponibles sur notre bonne vieille croute terrestre sont plus loin, moins accessibles, plus énergétiques à extraire.
  2. Les plus optimistes d’entre vous m’expliqueront qu’il suffit que nous nous donnions enfin les moyens de recycler correctement et mettre en place une vraie économie circulaire. Tous les déchets deviendraient alors une matière première et on vivrait en cycle fermé… Dans la montagne de Candy peut-être… Dans la vraie vrai vie ; il s’avère tout d’abord que nous avons pris la sale habitude de faire des alliages de plus en plus complexes ne nous permettant plus d’isoler les composants primaires, ensuite le métal s’use et se désagrège – des atomes se cassent ! -, nous perdons de la matière lors de refonte (perte au feu) et les procédés de recyclage sont eux même énergivores ! Pas si simple…
  3. Vous apprendrez aussi en lisant ce livre que la rareté n’est pas le seul problème. Environnementalement les enjeux sont multiples. Sachez qu’une tonne de cuivre nécessite 100 kg d’explosifs, 100 tonnes de résidus stériles, 500 kg d’acide sulfurique… et je ne vous parle pas de Biodiversité quand nous devrons aller creuser sous une forêt primaire…
  4. Peu de solutions sauf à envisager, ici aussi, la Sobriété dans nos usages; la technologie étant en l’occurrence plus un problème qu’une solution puisque nos appareils électroniques en tout genre consomment des métaux et alliages de plus en plus rares, de moins en moins recyclables et toujours en plus grande quantité ! La dématérialisation est très impactante quand on regarde ce sujet.

Captivant et effrayant à la fois. Vivement le 24 janvier.

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L’Age de l’accès : la nouvelle culture du capitalisme de Jeremy Rifkin

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 17 novembre 2012

Avant de vous proposer un retour sur ma dernière lecture « rifkinienne », revenons sur la rediffusion cette semaine par Carbon’at de l’intervention de J. Rifkin au World Forum de Lille. La technique a fonctionné et une cinquantaine de personnes a participé à cette double retransmission à l’École Supérieure d’Angers et l’École des Mines de Nantes. Carbon’at nous donne rendez-vous le 17 janvier prochain pour revenir sur les 5 piliers de la Troisième Révolution industrielle avec des « sachants » qui nous expliqueront où nous en sommes (et nous pouvons aller).

Pascal Gaillard était présent à cette rediffusion et à mis en ligne sur son blog un compte-rendu de cette matinée : lien

 

Parlons du bouquin maintenant.

Pour être direct et franc, la Date Limite de Consommation de ce livre est passée et je ne peux pas vraiment le recommander, d’autant plus qu’un grand nombre de ces enseignements actualisés se retrouvent dans un de ses ouvrage plus récent; La civilisation de l’empathie. C’est dingue comme l’année 2000 est loin ! Je ne dis pas que les analyses sont pour autant toutes périmées : les idées restent pour l’essentiel pertinentes (seules les illustrations sont d’un autre temps). Notre profilage (comprendre d’occidentaux) est effrayant par certains aspects. J’ai choisi un passage représentatif du contenu de l’ouvrage. Méditez le.

L'Age de l'accès : la nouvelle culture du capitalisme de Jeremy Rifkin dans LECTURES Rifkin-Jeremy-L-age-De-L-acces-Livre-422295230_ML

 

Extrait de la page 241 :

« Nous sommes en train d’assister à l’émergence d’un nouveau type d’êtres humains. Complètement à l’aise dans le cyberespace, où ils passent une partie de leur vie, connaissant parfaitement le fonctionnement de l’économie en réseau, plus intéressés par l’accumulation d’expériences excitantes et distrayantes que par l’accumulation d’objets, capables d’interagir simultanément dans des univers parallèles, prêts à changer de personnalité pour s’adapter à de nouvelles réalités – authentiques ou simulées -, ces hommes et ces femmes de type nouveau ne ressemblent guère à leurs parents et leurs ancêtres bourgeois de l’ère industrielle.

Le philosophe Robert J. Lifton y voit une nouvelle génération d’individus « proteiformes » . Ils ont grandi dans des espaces résidentiels fermés [...] ; ils louent leur automobile, ils font leurs achats sur Internet; ils sont habitués à la gratuité des softwares qu’ils utilisent, mais ne rechignent pas à payer les services et les extensions qui les accompagnent. Ils vivent dans un monde de spots de quelques secondes, sont accoutumés à avoir accès quasi instantanément à toutes sortent d’informations, n’ont pas une très grande capacité de concentration et se montrent plus spontanés et moins réfléchis que les générations précédentes. Ils conçoivent leur activité professionnelle comme un jeu et préfèrent être perçus comme des créateurs  plutôt que comme de bons travailleurs. [...]. Ces hommes et ces femmes de type nouveau commencent tout juste à laisser derrière eux l’univers de la propriété. Leur monde est de plus en plus celui de l’hyper réalité et de l’expérience éphémère – un monde de réseau de passeurs et d’interconnexion généralisés. Pour eux, c’est la logique de l’accès qui compte avant tout. Être déconnecté, c’est la mort. Ils sont les premiers à vivre dans l’âge « post-moderne » [...] qui repose plus sur des distinctions en terme d’accès qu’en terme de propriété. [...] la post-modernité correspond à une nouvelle époque du capitalisme qui repose sur la transformation en marchandises du temps, de la culture et de l’expérience, tandis que la modernité était liée à une phase antérieure reposant sur la marchandisation de la terre et des ressources naturelles, l’extension du salariat, la production industrielle de biens matériels et la fourniture de services de base. »

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Les Business Models du futur : créer de la valeur dans un monde aux ressources limitées

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 10 novembre 2012

Voici un livre que je recommande vivement car il présente le mérite de s’adresser aux acteurs économiques « en place », en leur démontrant les opportunités offertes par notre monde contraint En effet, mes lectures récentes avaient peut-être tendances à s’adresser aux convaincus. Ce livre fait le chemin inverse : il cherche à expliquer aux professionnels l’intérêt de « se mettre à la page » des nouveaux Business Models.

Les nouveaux Business Models sont présentés avec les mots du marketing, richement illustrés et dans un style accessible. Je ne crois pas avoir découvert de nouveaux modèles économiques, mais la lecture est enrichissante, notamment par son entrée stratégie produit / marché.

Les Business Models du futur : créer de la valeur dans un monde aux ressources limitées dans INNOVATION

Parmi les têtes de chapitres : éco-efficience et éco-conception, économie circulaire, « du produit au service centré sur l’usage » (on dirait du Rifkin dans le texte !), « du produit au service centré sur le résultat ».

Quelques références que j’ai trouvé intéressantes :

- Green Kitchen Whirlpool (un peu plus que de l’éco-conception)

- Seacourt (une entreprise 0 déchet et bien plus)

Pour conclure, j’ai beaucoup aimé la description du concept de la « Stratégie Océan Bleu« . Selon les deux concepteurs de cette théorie, il existe deux espaces de développement de son produit (/service) : l’océan Rouge et l’Océan Bleu. L’Océan Rouge fait référence à l’espace connu, concurrentiel. Pour gagner, il faut se battre avec de nombreux concurrents (rouge sang…). L’Océan Bleu fait référence à un espace nouveau, inconnu, à créer. Le premier à prendre place dans l’Océan Bleu prend un avantage concurrentiel énorme. Belle image pour donner envie de sortir des sentiers battus, non ?

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Pour une approche environnementale d’un art perdu…

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 25 octobre 2012

Voici plusieurs années que je détiens le livre objet de ce post dans ma bibliothèque, classé dans la catégorie « improbable »…  J’ai un peu hésité avant de mettre cet ouvrage « technique » à la une de mon blog, mais après tout, c’est un sujet moins grave qu’à l’accoutumé, traité de manière agréable et humoristique, qui concerne un public très large, non sans lien avec le sujet environnement et propice aux sourires en coins.

L’ouvrage « Comment chier dans les bois. Pour une approche environnementale d’un art perdu » est une référence en la matière. Il est vrai que la concurrence doit être faible sur le sujet ! Autant le dire de suite, le titre n’est pas une métaphore. Il s’agit bien d’une thèse illustrée de nombreux moments de vies, qui ne peuvent pas être imaginaires, sur les techniques, les pièges et les enjeux associés à la pratique de cet « art perdu ». Il est donc possible de remplir un livre sur un sujet comme celui là.


 Pour une approche environnementale d'un art perdu... dans HUMOUR

 

 Sérieux sans se prendre au sérieux, réellement instructif, bien écrit, ne demandant pas une grosse concentration : c’est en fait un livre idéal pour les toilettes !

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Homo Economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 16 octobre 2012

Ma dernière lecture est une petite déception. J’avais apprécié écouter son auteur à la radio lors de sa promotion et « pshittt ».

Commençons par ce que j’ai aimé dans ce livre : il se lit rapidement, le propos est cohérent, des références. Quelques bons passages, des repositionnements contextuels intéressants.

Ce que je lui reproche : j’ai eu l’impression de lire la « La Civilisation de l’Empathie » de Rifkin en moins convainquant et avec un « mille feuilles » d’apport finalement moins cohérent.

La promesse du titre n’est, pour moi, pas tenue. Rien de neuf.

 

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Une nouvelle conscience pour un monde en crise : vers une civilisation de l’empathie par J. Rifkin

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 16 septembre 2012

Je ne m’étais pas destiné à tomber sous le charme d’un soixantenaire chauve et grisonnant des tempes… Je dois pourtant me faire une raison, Jeremy Rifkin me plait beaucoup… Je ne connais pas d’autre personne qui ait une telle culture et vision globale de l’évolution de l’Humanité. J’avais déjà apprécié la « Troisième révolution industrielle » et me voilà conquis par son précédent ouvrage qui est en fait une introduction à la « Troisième révolution industrielle ».

Mon réel enthousiasme n’est cependant pas une recommandation sans réserve.  En fait, ce livre est très bon sans être très digeste (on parle d’un livre de 600 pages bourré de références bibliographiques)… Un peu comme la deuxième assiette de tartiflette qu’on regrette : c’est bon mais lourd à digérer !  Le fait que j’y consacre un des plus longs posts depuis l’existence de ce blog n’est cependant pas vide de sens, bien entendu. J’y ai trouvé une vision, des références et des explications à des impressions que j’avais du mal à formuler. Captivant.

http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782918597278.jpg

En m’attelant à lecture d’« Une nouvelle conscience pour un monde en crise : vers une civilisation de l’empathie », je ne m’attendais certainement pas à découvrir un tel condensé d’informations qui rend parfois la lecture bien difficile. Les deux premiers tiers du livre m’ont laissé l’impression de lire « la Grande Histoire de l’Humanité de la préhistoire à nos jours ». Tout ce qui a compté y est traité sous le double prisme de l’évolution comportemental individuel et de la relation de nos civilisations à l’énergie (qui a conditionné notre « réussite » humaine bien réelle aujourd’hui).

Connaissez-vous des livres qui abordent en un tout l’histoire des civilisations, l’évolution de la  psychologie, de la pédagogie, de la thermodynamique, de l’énergie,  de l’économie, de philosophie, du réchauffement climatique et de ses conséquences (…) et tout ça avec une conclusion prospectiviste ? Moi oui : celui-là ! Voilà à quoi vous devez vous attendre en ouvrant ce bouquin  pas ordinaire : un voyage dans le temps, au cœur des civilisations qui nous ont précédées, les raisons de leurs réussites et de leurs échecs avec pléthore de citations et remises en contexte. Je l’avoue humblement, tout ce que je connais à ce jour de Freud, de Rousseau, de la civilisation byzantine et de la religion protestante vient de ce livre ! 

Au-delà de l’aspect, « étalage de culture » (qui me laisse pantois), il y a un sens. Un message est délivré et les époques traversées ne sont que prétexte pour argumenter deux concepts phares : de tout temps la « facture entropique » de l’homme vis-à-vis de la nature nous a entrainé vers un abîme et tout au long de son évolution l’homme a profité de cette énergie pour évoluer « cérébralement » et  devenir un être empathique (vis-à-vis des siens, mais aussi des « autres » humains, des animaux et de la nature en générale). Une vision catastrophique couplée à une vision idéaliste. Que c’est étrange… et attirant à la fois.

Extrait : « Comme les grandes civilisations hydrauliques à sa périphérie orientale, l’Empire romain est mort lorsqu’une grande poussée empathique s’est heurtée à un déficit entropique plus énorme encore. L’empire avait étendu sa domination à d’immenses territoire. La ville de Rome et d’autres citées satellites ont alors accru leur population et leur opulence en aspirant toujours plus d’énergie du travail servile et de la terre. L’urbanisation de l’empire a créé les conditions d’une poussée d’empathie dont le point culminant a été l’avènement du christianisme. Mais, tandis qu’à la surface la nouvelle conscience prenait forme, au dessous continuait l’escalade de la facture entropique, due à la croissance du flux d’énergie qui passait de l’environnement à Rome. Finalement, même le puissant empire romain n’a pu échappé aux effets concrets des lois de la thermodynamique et de la facture entropique qu’elles suscitent.

J’ai compris que nous étions, nous occidentaux qui entrons pour certains dans une ère post-matérialiste (dans laquelle je crois me reconnaitre), en mesure de passer le cap de la « civilisation empathique ». Nous sommes « équipés » cérébralement, grâce à des centaines d’années de progrès (socio-culturo-cérébraux),  pour atteindre ce Grâle qui pourrait nous permettre de sortir du faux pas dans lequel nous nous trouvons en travaillant ensemble, en étant en mesure de profiter du nouveau réseau de communication Internet pour agir ensemble dans l’intérêt commun de notre Biosphère. Nos destins sont liés et nous avons tous à perdre à agir exclusivement dans notre intérêt individuel. Être capable, ne veut pas dire que nous allons le faire… Bien-sûr…

La dernière partie de l’ouvrage dresse les contours d’un scénario possible pour que nous intégrions réellement la situation liée au réchauffement climatique, à la raréfaction des énergies fossiles, à la montée des inégalités, à la perte d’efficacité du système financier, aux risques de conflits mondiaux (…). Ce qu’il dit ne sera probablement jamais la réalité, mais nous pouvons peut-être nous en inspirer pour construire un avenir qui évite le « pire ».

Je ne dis pas que ce livre est facile d’accès, mais moi, j’ai le sentiment qu’il m’a fait grandir.

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La cause humaine : du bon usage de la fin d’un monde

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 27 août 2012

Patrick Viveret est un ancien conseiller référendaire à la Cour des Comptes, il est philosophe et essayiste altermondialiste.

Le titre de son dernier ouvrage (préfacé par Edgar Morin) peut faire peur, mais je croix que nous sommes tous plus ou moins conscient que règne actuellement une ambiance de fin de cycle (après, on est loin d’être d’accord ce qui devrait changer dans le monde d’après…). On peut être d’accord ou pas avec les positions de l’auteur, mais la prise de hauteur du philosophe me semble salutaire dans une actualité dominée par l’ultra-court-termisme, occultant toute vision sur ce qu’est, sera ou devrait être la communauté humaine dans les décennies et siècles à venir. Nous focalisons sur notre système économique sans envisager la place de l’Homme dans son éco-système.

Son approche se veut globale, sa conviction étant que toutes nos crises contemporaines sont liées (écologique, économique, financière, sociale). Il nous pousse à envisager que ce que nous pensons immuables ne l’est pas, à commencer par notre système financier totalement défaillant selon lui. Il défend l’hypothèse que la fin de cycle qui s’annonce peut être une bonne occasion de reconstruire positivement les choses en « alliant l’optimisme de la volonté au pessimisme de l’intelligence« . Il envisage aussi une sortie par le bas qu’il appelle « barbare » et ne souhaite pas !

La cause humaine : du bon usage de la fin d'un monde dans LECTURES 9782918597667

Parmi les thèmes saillants (de mon point de vue) abordés dans cet ouvrage :

- l’inventaire des actions que devrait conduire un ministère de Défense de l’Humanité

- notre relation à la mort, à la violence, à la non-violence, à la valeur marchande et la valeur non marchande, à la rareté…

- la notion même de monnaie (comment la protégée de la spéculation). Rappelons que l’auteur est déjà largement intervenu pour mettre en place des monnaies complémentaires.

- les risques associés aux inégalités croissantes. Il nous rappelle notamment que les fortunes cumulées des trois personnes les plus riches du monde équivalent au revenu annuel des 150 millions de personnes les plus pauvres de la planète.

- le potentiel de territoire pour organiser leur propre transition

Plus facile à lire qu’à intégrer opérationnellement bien-sur. Certains parlerons d’un idéalisme stérile. Pourtant, j’ai aimé ce bousculement de pensée qui n’a d’autre objectif que de nous aider à « réussir l’aventure du XXIème siècle« .

 

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