lu : Révolution comptable (pour une entreprise écologique et sociale)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 18 août 2020

Voici un livre fort recommandable, ouvrant des perspectives d’innovation sur un sujet difficile d’accès pour les non initiés et dont le titre reflète bien l’ambition des auteurs : il s’agit bien de proposer ici une révolution comptable, seule à même selon les auteurs toujours, de répondre aux enjeux de 2418872_mediumnotre temps.

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Si je me permettrai quelques réserves un peu plus loin, il faut reconnaitre que les deux premiers chapitres, en se positionnant sur le champ historique, démontrent de manière limpide comment nous en sommes arrivés « là ». Le « là » faisant référence à un système comptable international, érigé en norme incontournable et incontestée, ne regardant que la protection du capital financier au détriment de la protection des capitaux humains et naturels.

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Il est captivant de constater que ces 40 dernières années, les entreprises ont su s’entendre pour définir des règles « dures » applicables partout dans le monde sur le sujet de leur comptabilité (IFRS) alors qu’en 2020 il n’existe toujours aucune instance mondiale de protection du vivant et en conséquence qu’aucune exigence climatique, par exemple, ne soit applicable. C’est possible pourtant : sur la comptabilité, les entreprises sont surveillées, contrôlées, sanctionnées selon des normes supranationales sans rien trouver à y redire.

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Le soucis du soucis est que ces règles sont incompatibles avec les protections sociale et environnementale selon les auteurs, conscients de l’atteinte des limites de notre système. Ils proposent donc de tout revoir. Ce que l’on a fait, on doit pouvoir le modifier.

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Ne s’arrêtant pas au constat, une partie significative du livre (partie3) s’attelle à la description d’une proposition, qui n’est aujourd’hui qu’un modèle expérimental dont on commence à beaucoup parler (au sein de Ruptur par exemple): le modèle CARE-TDL (vidéo de présentation).

L’idée est bien de renverser la table des normes internationales existantes, de les substituer par une comptabilité triple capital permettant de définir les capitaux à conserver, dont les capitaux naturels et humains. Je ne rentrerai pas ici dans le l’explication technique, je résumerai avec mes mots :

  • les capitaux financiers, naturels et humains ont le même poids et ne se mélange pas. On doit les considérer comme des fins en soi et non comme des moyens pour l’entreprise. A la fin, les capitaux sont restitués. On  ne mélange pas les capitaux financiers, humains, naturels. Ils ne se compensent en aucun cas.
  • Ambitieux mais par réparateur. Sur le champ environnemental, l’enjeu est bien de conserver l’état de l’existant, pas de l’améliorer.
  • L’identification des capitaux à préserver doit faire l’objet d’une étude « ontologique » (étude de l’être) avec des parties prenantes expertes (je dois avouer que cette théorie m’a laissé un peu sur ma faim opérationnellement. Le choix des « bon enjeux » est un exercice en soi).
  • (…)

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Pour modérer mes critiques à suivre, je veux être clair sur le fait que cette proposition et la direction de la recherche vont dans le sens d’une correction d’un biais de fonctionnement évident empêchant les changements nécessaires en entreprise pour construire un système compatible avec nos systèmes planétaires. Mais…

L’approche comptablement-centrée, sans nuance, ne laissant aucune place aux autres ingrédients du changement que pourraient être l’engagement, l’innovation dans modèles économiques, la fiscalité (…); voir l’agressivité des auteurs envers toute action sortant de la sphère comptable (RSE, marché carbone, réglementation, attentes marché…) décrédibilise certains passages ou en tout cas ne fait pas œuvre de mobilisation. Comment croire que seul un changement de norme comptable changera le monde de l’entreprise ?

Dis autrement, pour voir émerger ces évolutions, il me semble qu’il faut s’appuyer sur les entreprises les plus engagées en matière de RSE, même si cette dernière est imparfaite et plus personnellement, la phase d’identification des enjeux et des critères mesurables me semble pouvoir être alimenter des méthodes utilisées depuis des années dans le cadre des démarches RSE.

 

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Lu : Le Bug humain de Sébastien Bohler

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 28 avril 2020

Voici une lecture qui m’a enthousiasmée / déprimée et dont la lecture est tout aussi indispensable que Economix. Bien-sur ici, il est question de vulgariser et d’interpréter ce que nous apporte la neuroscience quand Economix nous aide à décrypter l’Economie, mais il m’a semblé retrouver ici les mêmes ingrédients dans les deux ouvrages, abordant le sérieux (la science, l’évolution, l’avenir) avec humour et détachement. J’ai dévoré ce livre.

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Et si notre cerveau, qui nous a permis de nous hisser si haut dans la domination de la vie sur Terre, était « aussi » la cause de l’impasse de développement dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui ? Notre cerveau nous empêche-t-il de penser le temps long ? d’envisager un système post-COVID climato-compatible ? et du coup, sommes nous équipés pour aller beaucoup plus loin ? C’est un peu le sujet de ce livre.

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Sans tenter de résumer maladroitement le contenu de l’ouvrage, on apprend notamment qu’il existe dans nos têtes, une toute petite partie de notre cerveau qui abrite le striatum, petite chose molle qui libère la drogue la plus recherchée de nos univers sensoriels : la dopamine. Cette dernière nous donne des shoots de plaisir que tout un chacun cherche à activer.

On apprend que 5 motivations, et pas une de plus, activent la dite zone : Manger – Copuler – Explorer – Conquérir – Dominer. Ces 5 motivations nous influencent tout au long de nos vies, de nos choix. Dit comme ça, ça parait négatif, mais envisagé sur le temps long, ça nous a permis de nous élever et de vaincre les limites du moment.  On comprend même bien pourquoi l’Évolution s’est appuyée sur ce système de récompense : dans un monde où tout était rare, valoriser celui qui mange le plus, car il a développé un talent en matière de chasse par exemple, et lui permettre de transmettre ce talent par un accès à la reproduction « pass premium », ça se tient !

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Le problème que met bien en évidence ce bouquin, c’est que dans l’Humanité de 2020, où l’accès aux 5 motivations est open-bar et instantané (porno sur Internet, nourriture en excès aboutissant à l’obésité, infobésité des réseaux sociaux, surconsommation comme marqueur de statut social, félicitations artificielles des jeux vidéo qui nous donnent l’illusion d’une domination…), nous n’arrivons pas à gérer…

Nous savons que nous avons des murs devant nous (climatique en premier lieu) mais nous n’arrivons pas à sortir de nos dépendances et habitudes à cause de ce fichus striatum. Alors on achète des SUV, on regarde des séries à la chaine sur Netflix, on se conforte avec ses 300 « amis » sur les réseaux sociaux… Nous sommes des gosses à qui personne n’ose dire « arrête! ». Alors on continue.

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Il y a aussi des pistes dans ce livre pour « faire avec » ce striatum inadapté (on ne peut pas l’enlever de toute façon), notamment en faisant des pratiques sociales vertueuses des marqueurs de reconnaissance sociale, en apprenant la sobriété et la pleine conscience (prendre le temps de déguster, apprendre à être heureux avec moins…), mais aussi en partageant (car partager libère aussi de la dopamine!), mais quel défi !

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Ce livre est captivant parce qu’il parle de nous collectivement et de nous individuellement. J’ai donc reconnu le travail de mon striatum sans avoir encore la conviction de pouvoir l’éduquer (!) … mais comprendre et savoir sont aussi des armes puissantes pour faire évoluer nos comportements et surtout ne pas en retirer un sentiment de fatalisme.

J’espère.

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Lu : RENNAISSANCE ECOLOGIQUE, 24 chantiers pour demain de Julien Dossier

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 24 septembre 2019

Un livre préfacé par Rob Hopkins, c’est classe ! Quand ce dernier appuie son commentaire de la manière suivante, on se dit que ce serait dommage de passer à côté :9782330114398

« le génie de ce livre est qu’il s’appuie sur la sagesse de notre passé pour imaginer le futur »

L’expertise de Julien Dossier dans l’accompagnement des transitions zéro carbone (mais pas que) et son expérience sur le territoire parisien font de ce livre un recueil méthodologique outillé, tourné vers l’action pour accompagner les territoires à engager leur(s) transition(s). Je reviendrai plus bas sur les « envies » que ce livre ont pu générer pour le conseiller municipal que je suis encore pour quelques mois.

La valeur ajoutée principale de ce livre dépasse selon moi la méthode et se trouve inscrite dans la recommandation de lecture de Rob Hopkins citée plus haut. Car les enjeux et leviers de transition sont connus (à défaut d’être massivement activés) mais l’effet mobilisation est souvent étouffé devant l’ampleur des chantiers à ouvrir, l’expertise technique perçue et le manque de vision globale. Comment présenter un projet de transition sur un territoire de manière ludique, pédagogique, implicative (…) ?

La proposition de Julien Dossier est lumineuse. Il s’appuie sur une fresque d’Ambrogio Lorenzetti du 1338, visible à Sienne et nommée « Effet du bon et du mauvais gouvernement« .  Derrière ce titre un poil trop manichéen se cache une mise en forme complète des composantes d’une Société « bien fonctionnante », avec ses acteurs et ses interactions. Tous les morceaux du puzzle (de la bande dessinée ?) ont leur raison d’être et laissent envisager la complexité de lecture. Finalement ce qui est chouette, c’est que la fresque est accessible à tous sans aucune expertise. La fresque est support de mobilisation.

 

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Julien Dossier a actualisé la Fresque à nos enjeux contemporains (avec l’aide du crayonné du dessinateur Johann Bertrand d’Hy) et propose une interprétation d’un territoire « souhaitable/idéal » et l’a outillé d’une méthode accompagnant son usage pour générer l’action. Cette réflexion est captivante car elle pousse à la transposition sur son territoire de vie.

Personnellement, au fil de la lecture, j’ai ressenti le besoin d’adapter la fresque proposée à mon territoire rurale, qui a ses propres caractéristiques en termes d’accès à l’emploi, de bassin de vie, de cœur de vie (…) et le travail mériterait d’y passer du temps pour le proposer à un collectif pour passer sur les étapes de « chantiers ».

Preuve en est que ce livre ne vous laissera pas insensible. A ranger à côté du Manuel de transition de Robb Hopkins.

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Chronique Ecolo-Buissonière n°20 : c’est la Pata !

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 29 avril 2019

Cette chronique n°20 est bien numérotée puisque j’y cause d’ami.e.s de 20 ans ! la vie est bien faite parfois.

La vingtième donc, en mots ci-dessous et en son ICI.

 

Aujourd’hui est un jour de chronique spécial pour moi et je m’en vais vous dire pourquoi avant de ne pas traiter le sujet du jour puisque j’en avais préparé un autre. Avant d’être hors sujet donc, je vais abuser de ma position de chroniqueur libre dans mon strict intérêt personnel. Je vais faire, comme on dit dans le métier, une « Carlos Ghosn »…  sans prendre le risque cependant d’aller me promener au Japon dans la soirée.

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Il se trouve en effet que je suis entrainé depuis quelques semaines dans la préparation d’un évènement fort particulier, qu’est celui de la préparation de l’anniversaire des vingt ans de mon diplôme de fin d’étude (que je suspecte encore d’avoir obtenu grâce au fait d’arme de l’organisation du gala de dernière année…).

Donc, grâce à la magie des réseaux sociaux et à l’initiative de quelques collègues de promo, me voilà, soir après soir, en contact direct avec les joyeux fantômes de mon passé. Des gens avec qui j’ai vécu près de 3 années dans une période où les souvenirs impriment bien le cortex. Des personnes, qui pour beaucoup avaient disparu de mes radars.

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Et PAF ! du jour au lendemain, les photos du passé se confrontent à celles du présent avec des enfants partout. Les souvenirs potaches croisent les informations sur nos vies professionnelles souvent bien éloignées du diplôme qui nous destinait tous à travailler dans une usine agro-alimentaire.

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Soir après soir, Régine me fait marrer avec son poney qui a peur des souris, Jean-Philippe avec son concours de grues, Frédérique avec ses soucis de camionneurs… Ils n’ont pas l’air d’avoir trop changé. Sauf mon binôme bien-sur qui n’a plus un poil sur le caillou et qui est tatoué de partout !

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Mais la pression des retrouvailles approche. #retrouvaillesarecomming

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Comment leur dire…

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Comment leur dire ce que je suis devenu…

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Comment les alerter sur le fait que je suis maintenant un anxiogène de première ?

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Avant, le seul stress que je provoquais venait du malaise engendré par mes blagues foireuses… Mais maintenant c’est différent ! Il faut qu’ils sachent que ma vision du monde a radicalement changé en 20 ans… Que moi aussi je vois des marcheurs blancs partout (lien chronique précédente).

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Je me suis dit que le meilleur moyen était de profiter de cette chronique pour montrer par le versant éclairé ce que je m’efforce de faciliter en autopsiant le cas d’une entreprise inspirante. Histoire de donner du concret à mon Graal.

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Et là REPAF. Transition.

Je vais chroniquer sur l’autobiographie de celui qui incarne l’âme de mon entreprise référente.  A ce stade je devrais citer le bonhomme en question mais faisons trainer encore le suspense quelques secondes. Quand je demande aux gens qui m’entourent qui est leur entrepreneur emblématique, on me cite pèle mêle : Elon Musk, Bill Gates…

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Et quand je dis le nom de mon référent à moi, les gens sourient toujours. Ça ne semble pas sérieux.

C’est vrai que Yvon Chouinard ça ne sonne pas « Silicon Valley », c’est moins stylé comme dirait ma fille.pata

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Et pourtant c’est bien de lui dont je vais vous causer en racontant, vite fait, l’histoire de Patagonia par les yeux de son créateur, un entrepreneur pas comme les autres.

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« aucun enfant ne rêve de devenir un homme d’affaire »

voici les premiers mots du premier chapitre de l’auto-biographie d’Yvon Chouinard. Phrase symbolique d’un homme qui a réussi presque malgré lui, en partant de rien, à créer ce que l’on appelle aujourd’hui une licorne (une des rares entreprises à afficher un chiffre d’affaire de plus d’1 milliard de dollars). C’est le seul qui en a un peu honte aussi…

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Son nom franchouillard, il le tient de ses origines québecoises d’où ses parents ont émigré dans les années 40 pour s’installer finalement en Californie en 1946.

Le gosse Yvon est passionné de nature, monte à 15 ans un club de fauconnerie. Il voudrait être trappeur plus tard. Il pêche, surfe…

Il est surtout passionné d’escalade Yvon. Il passe son temps à grimper, et manque à plusieurs reprises d’y passer, à cause notamment d’un matériel très insuffisant. En 1957, il achète une forge et une enclume chez le ferrailleur du coin et se met à forger son matériel d’alpinisme.

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Bref, il forge des pitons une partie du temps et les utilise l’autre partie. Il se met à les vendre et ça marche. Chouinard Equipment est née dans le début des années 60. En 1970, c’est le premier fournisseur d’escalade américain.

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Il devrait être content Yvon. Mais non.  Dans son livre, il écrit son désespoir de voir que son entreprise contribue autant à la dégradation de l’environnement. En effet, aux USA ; les pitons étaient retirés à chaque utilisation, ce qui détruisait la roche. Le nombre d’escaladeurs augmentant, l’impact était de plus en plus visible. Il décide donc du jour au lendemain d’arrêter de fabriquer, pour cette raison, les pitons qui ont fait sa réussite. Il développe à la place des coinceurs en aluminium. L’entreprise communique sur le pourquoi de cette décision et revendique une escalade « propre ». Nous sommes au début des années 70 et ça marche.

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Autre virage quand il a l’idée de proposer des vêtements aux escaladeurs. Polos, anoraks, gants, bonnets… Une offre inexistante dans les années 70. Le quincailleur se lance dans la mode pour sportifs. Il mit de la couleur et surtout de la technique au service des sportifs. En 1973, la marque Patagonia est née.

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En 1977 l’effectif passe à 16 personnes mais Yvon Chouinard continue de passer une part importante de son temps à surfer et faire de l’escalade. Il pratique le MBA (Management by Absence).

Grâce à nombre d’innovations et de développements (polaires, sous-vêtements techniques…), du milieu des années 80 au début des années 90 le chiffre d’affaire de Patagonia bondit de 20 millions à 100 millions de dollars; avec une attention toute particulière au recrutement : il faut que les gens aiment les produits, les utilisent et qu’ils aient d’autres activités externes à l’entreprise.

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x« Puisque je n’avais jamais souhaité être un homme d’affaire, il me fallait au moins quelques bonnes raisons pour accepter de le devenir […] le travail devait rester agréable »

ce qui se traduit par une des premières crèches d’entreprise, des horaires à la carte car « un vrai surfeur ne décide pas d’aller surfer mardi prochain à 14h » !

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Mais c’est la conscience environnementale du patron qui caractérise le plus Patagonia, probablement car il est resté très proche de cette dernière (surf, escalade…). Un texte présente les valeurs de l’entreprise, qu’il enseignait en interne sous le terme de Philosophie Patagonia, dont je ne retiens ici qu’une phrase mais qui mériterait une chronique entière :

« toutes les décisions de l’entreprise sont prises dans le contexte de la crise environnementale »

En 1986, Patagonia s’engage a reverser chaque année 10% des bénéfices à des ONG (ou 1% du CA). Engagement tenu depuis. 66 millions de dollars de reversés à la date de l’édition de l’autobiographie !

Patagonia est aussi une entreprise militante qui s’affiche sur des causes comme en 1984 la protection du Parc Yosemite ou plus récemment en reversant l’intégralité du cadeau fiscal de début de mandat de Donad Trump à des associations.

Dès 1994, l’impact de la production des vêtements est au centre des attentions. L’éco-conception est la règle, traduite par du sourcing bio, suppression des toxiques et surtout en prenant la responsabilité de chaque produit de sa « naissance à sa renaissance ». Les produits doivent durer, être réparables, simples… Dans le métier du textile les enjeux se jouent souvent dans la chaine d’approvisionnement et j’encourage le curieux auditeur à consulter sur le site internet de la boite son FootPrintChronicles qui affiche une transparence totale sur la chaine d’approvisionnement.

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Si la réussite Patagonia ne s’est pas faite sans à-coups, il est intéressant de comprendre ce qu’Yvon Chouinard a essayé d’insuffler à son entreprise :

« pratiquer des sports à risques m’avait enseigné de ne jamais dépasser ses limites. […] quand une entreprise essaie d’être ce qu’elle n’est pas, qu’elle essaie de tout avoir, elle court à sa perte. Il était temps d’appliquer un peu de philosophie zen à notre entreprise ».

Il revendique souvent de freiner la croissance de sa boite. Là-dessus, il a un peu échoué…

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Jamais Patagonia n’est rentrée en bourse, pour éviter de subir la pression court termiste de l’actionnaire. Cette entreprise a le statut légal de Benefit Corporation depuis 2012, année où la Californie a rendu possible le statut d’entreprise à intérêt général, ce que la France a intégré en avril 2019 dans son corpus législatif (lien) . Si Patagonia venait à être vendue, ces valeurs ne pourraient changer qu’à l’unanimité du conseil d’administration.

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Bref, je vous recommande vivement la lecture de « Confessions d’un entrepreneur…pas comme les autres » Edition Vuibert pour prendre un peu d’inspiration et constater que l’entreprise est aussi un lieu des solutions.

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Dorénavant quand vous verrez un truc qui réussit, faites comme moi et dites, « C’est la Pata »!

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… Et à mes amis de 1999, n’ayez point peur, on peut œuvrer à l’évolution positive du système et (en) passer (ant) une bonne soirée ensemble…

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Lu : La mission de l’entreprise responsable (principes et normes de gestion)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 20 mars 2019

La loi PACTE vient d’être votée et elle annonce peut-être des changements majeurs pour les entreprises et pour l’intérêt collectif. En effet, parmi les multiples sujets traités dans cette loi, y est décrit la possibilité juridique de modifier les statuts des Entreprises à Mission. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans le bouquin que je vais essayer de peacher ici.

La mission de l'entreprise

Les travaux de Blanche Segrestin, qui m’avait captivé lors d’une conférence en 2015 (lien), s’intéressent à ce qui caractérise la « responsabilité » de l’entreprise au travers l’histoire, de la Rome antique à aujourd’hui en tournant autour du concept de « norme de gestion » qui définit la « bonne gestion en Société » (intégrant l’intérêt collectif et pas que l’intérêt individuel).

Bien que très technique (c’est un bouquin de chercheurs), cet ouvrage présente l’énorme mérite de rentrer dans le fond des choses et faire l’autopsie de la situation présente pour comprendre en quoi l’entreprise « maximisatrice de profits » n’est pas une fatalité. Le sujet majeur traité ici, est plus que jamais d’actualité : A quoi peut (doit) ressembler l’entreprise responsable du XXIème siècle ?

Un coup d’œil dans le rétroviseur – chapitres 1,2,3 -

Qui savait que Cicéron avait théorisé « la bonne gestion » sous le mot gerere ? Il décrivait ainsi l’idéal d’action publique par faces complémentaires et indissociables : l’exigence de l’esprit (compétence, étude, réflexion) ET la vertu politique intégrant justice et bienveillance. La bonne gestion de l’action politique intégrait donc efficacité et responsabilité.

Le retour à l’Histoire, permet aussi de rappeler la différence entre entreprise et société. Ce n’est pas du tout la même chose ! Si les entreprises ont explosé lors des révolutions industrielles, c’est avant tout grâce à leur capacité à innover, à surfer sur les inventions scientifiques du moment, à organiser le travail. Les entrepreneurs étaient avant tout des « explorateurs« ; pas des commerçants.

Le bug système est arrivé dans les années 1970, moment où le capitalisme financier est monté sérieusement en puissance, où l’actionnaire « individuel » a progressivement laissé la place à l’ »actionnariat industriel » via l’apparition de nouveaux intermédiaires. La priorité de l’entreprise s’est mis alors à glisser vers le court-termisme avec une relation de dépendance Actionnaires – Dirigeants paradoxale : exigence de la part des actionnaires de maximiser les profits sur le court terme (au détriment notamment de la R&D couteuse et trop aléatoire) et influence forte sur les prises de décisions du dirigeant, sans aucune responsabilité en cas de défaillance, contrairement aux dirigeants, responsables devant le code du travail mais aussi devant les fiduciary duties anglo-saxonnes (obligation de protection des intérêts de tous les actionnaires). C’est ce que les auteurs appellent le « contrôle sans responsabilité » des actionnaires.

Et maintenant on va où ?
- chapitre 5

Pour les auteurs, la RSE « volontaire » est insuffisante pour intégrer l’intérêt général dans le logiciel de l’Entreprise, car hors cadre de tout contrôle juridique opposable et finalement accessible que dans les rares cas de profitabilité. Il faut donc, selon les auteurs toujours, introduire des normes de gestion permettant de dépasser la stricte performance économique; de donner aux actionnaires des responsabilités équivalentes à celles des dirigeants, mais aussi clarifier la légitimité d’intervention de chacun au regard d’un « contrat de gestion ».

Ce « Contrat de gestion », passé entre associés et dirigeants :

« …doit remplir plusieurs conditions. Le mandat doit d’abord respecter les normes de responsabilité et d’équité. En pratique, cela empêche les forme de rémunération actuelle, indexée en large part sur la valeur actionnariale. Le mandat doit ensuite désigner un inconnue désirable et d’intérêt collectif, c’est ce qu’on appelle une « mission ». »

Nous y voilà. L’apparition de nouveaux cadres légaux permettant la reconnaissance des entreprises à mission (Profit with Purpose Companies) est donc une piste crédible. Ces entreprises (comme Patagonia, j’y reviendrai dans un prochain post, puisque que je lis actuellement l’auto-biographie passionnante d’Yvon Chouinard), ont inscrit dans leurs statuts les finalités sociales et environnementales additionnellement à la recherche de profit. Et ça change tout !

En protégeant juridiquement les entreprises qui décident de s’engager dans une finalité plus large que le seul profit, elles affirment leur différence bien au delà de la simple communication de court terme et assurent la pérennité de la mission de l’entreprise au delà de la présence du leader charismatique. Le Dirigeant peut prendre des décisions qui ne vont pas strictement dans l’intérêt de l’actionnaire sans être accusé de « mauvaise gestion ».

Conclusion partielle

Le chapitre 7 est dédié à la « ré-invention du cadre de responsabilité de l’entreprise » est, me semble-t-il, le plus intéressant. Je laisse le soin au lecteur de le découvrir par sa lecture complète et reprends seulement ci-dessous une phrase extraite de sa conclusion :

« … Cet examen montre que la mission réinvente profondément le schéma de l’objet social, en l’adaptant aux enjeux contemporains d’innovation. La mission en tant qu’engagement à un effort d’exploration, de recherche et d’innovation, apparait en tout cas prometteur pour organiser une action collective à la fois efficace et responsable. »


Dans ce livre la RSE prend cher… Sans être dans une posture défensive stricte, je me permettrai seulement de nuancer les constats, souvent pertinents pour les multinationales et que je ne retrouve pas dans les PME – ETI de mon territoire qui agissent plus qu’elles ne communiquent. Reste que les pistes proposées vont dans le sens de la montée en gamme dans l’engagement sociétal. Nous avons tout intérêt à utiliser la RSE comme une étape indispensable au passage de l’entreprise à mission.

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Bref, nous risquons de beaucoup parler « entreprise à mission » dans les mois et années à venir. Nous ne sommes pas donc à l’abri que cette « réforme » des entreprises soit utile et salutaire !

Cette lecture me semble être une introduction indispensable à l’action et je la recommande vivement.

 

 

 

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Lu : La Vie secrète des Arbres (ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent)

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 7 mars 2019

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LA VIE SECRÈTE DES ARBRE est un livre très accessible, captivant, cumulant les anecdotes faciles à transposer dans notre quotidien et nos (trop rares) relations avec les arbres. Une mine pour tous ceux, comme moi, qui aiment les arbres sans trop savoir pourquoi et sans expertise sur le sujet.

On y cause intelligence, communication, souffrance, relations de solidarité ou compétition, stratégie et innovation dans le but de bénéficier de la meilleure situation. La meilleure place « au soleil ».  On parle aussi de déplacement, de mobilité…

Vous conviendrez que tous ces mots sont habituellement peu usités dans le contexte végétal !

C’est le pari de l’auteur qui use (et abuse ?) de l’anthropomorphisme pour nous faire entrer en empathie avec le monde peu connu des arbres et qui mérite une attention urgente.

A le lire, on s’attendrait presque à voir l’arbre le plus proche de votre fenêtre (moi c’est un Erable), vous sourire, vous faire un signe de la branche et partir se promener (marcher comme les Ents dans le Seigneur des anneaux).

Il a été reproché à l’auteur de trop jouer sur la corde des sentiments humains (« bébé-arbres », « maman-arbre« , « cerveau de l’arbre« …). Je n’y vois personnellement pas une volonté de manipulation par ce procédé mais un style narratif, point. Je pense que l’auteur a vraiment une vision « humaine » de ses « amis arbres ».

Et quand bien même il y aurait manipulation…

Qui reproche au marketing de faire parler dans les publicités des hamburger, des bonbons ou même de faire croire que le dernier SUV vous rendra heureux dans une ville idéalisée ?

S’il le faut, usons de manipulation littéraire sur les enjeux sociétaux pour donner envie d’aller plus loin. (non?).

 

Le message de l’auteur est clair : comprenons les arbres de nos forêts et laissons leur une place dans notre système productif.

Il en va de notre intérêt de préserver ceux qui ont littéralement rendu notre écosystème terrestre vivable.

L’auteur revendique la nécessité de récréer des forêts primaires dans une Europe qui les a quasiment totalement éradiquées (seulement 3% des forets européennes sont primaires). Mettons nous aussi au diapasons de la temporalité de l’arbre : pas la décennie mais le siècle. Donnons le temps à la forêt de se refaire une santé.

 

Citation d’un passage représentatif du style et qui m’a touché sur le fond :

Les arbres urbains sont les enfants des rues de la forêt. Pour ceux nombreux, qui doivent vivre en bordure de rue, l’expression est encore plus vraie. Les années de jeunesse ressemblent à celles de leurs congénères de parcs et jardins. Ils sont entourés de soins, font l’objet de mille attentions, parfois même une conduite d’eau est spécialement posée pour eux afin de les abreuver à la demande.Le jour où leurs racines se piquent d’étendre leur rayon d’action, ils ont une drôle de surprise. Sous la chaussée ou le trottoir, la terre, qui a été compactée à la plaque vibrante, est d’une dureté formidable. Le coup est rude, car les essences forestières développent leur racines moins en profondeur qu’en surface. Il est rarissime qu’elles s’enfoncent à plus de 150 cm,la plupart s’arrêtent beaucoup plus tôt. Dans la forêt, ce n’est pas un problème, un arbre peut s’étendre presqu’à l’infini. Il n’en va pas de même en bordure de rue. Toute expansion est limitée par la chaussée, des canalisations courent sous le trottoir et le sol compacté impénétrable. Il n’est pas surprenant que des conflits surgissent. Les platanes, les érables et les tilleuls tentent volontiers des incursions dans les égouts. [...]

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Lu: Ecotopia d’Ernest Callenbach

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 8 janvier 2019

Quel plaisir de se faire offrir un livre !

Comme ça, sans raison, au détour d’une conversation, dans un moment professionnel bien éloigné de la prospective écologique.

C’est un plaisir à double titre : d’abord car je pense qu’une lecture est faite pour être partagée et ensuite car ça démontre que le sujet de notre avenir (intégrant notre relation à l’écologie) intéresse plus de personnes qu’on peut le croire en regardant BFM TV le samedi après-midi.

550165._UY630_SR1200,630_Ce cadeau sans raison (merci Marie-Luce) est ECOTOPIA d’Ernest Callenbach. Il s’agit d’une nouvelle qui ne l’est pas (nouvelle)  puisqu’elle a été publiée l’année de ma naissance,en 1975 et ré-éditée dans un très beau format. J’ai appris en parcourant le web, que ce livre fait référence en matière de prospective écologiste.

Le pitch : Trois États de la côte ouest des États-Unis (la Californie, l’Oregon et l’État de Washington) font sécession et se lance dans une reconstruction totale d’une Société écologique radicale. On suit un journaliste américain dans la découverte de ce nouveau monde « près de chez lui », 20 ans après la sécession. Au grès de ses articles et de ses expériences, nous regardons avec les yeux du principal protagoniste, à quoi ressemble cette Société qui a choisi de prendre une voie différente.

Forcement, William Weston (le journaliste), est au début très critique en se rendant chez ce qu’il envisage comme des sauvages retournés à l’âge des cavernes; puis il se laisse convaincre par les vertus de cette nouvelle Société, plus responsable, plus sobre, plus féministe, démondialisée, moins guerrière, moins marchande, moins centralisée, plus sensible, décroissante.

Le scénario ne présente aucun autre intérêt que de servir de prétexte à la description de cette nation écotopienne idéale imaginée par l’auteur, sur tous les pans de la Société. Force est de reconnaitre que nombre de « solutions » proposées n’ont pas mal vieillies : zéro déchet, mobilité douce, « do-it-yourself », gouvernance locale, partage du temps de travail (…) et font même échos à de nombreuses « innovations » de 2018 !

Ce livre culte traduit dans le monde entier, a le mérite d’offrir une vision d’un possible accessible… mais j’ai eu personnellement du mal à me retrouver dans l’ambiance hippy un peu caricaturée qui est proposée ici (même si je n’ai rien contre la plénitude sexuelle dans les bois, à l’hôpital ou au sauna!). Certaines propositions me dérangent franchement : des communautés fortes tournant milice locale parfois, un isolationnisme raciale, une apologie des violences primaires de l’homme pour qu’il se sente « vivant »… Bref, je n’ai pas gouté à toutes les propositions.

Au delà de l’inventaire des solutions techniques, culturelles, politiques disponibles pour changer de système, il me semble que c’est l’arrivée d’internet et des réseaux sociaux qui rendent de facto le scénario proposé périmé. L’actualité nous montre tous les jours, que ces nouveaux acteurs de notre quotidien, inimaginables en 1975, conditionnent notre vie sociale, pour le meilleur (parfois) et pour le pire (souvent).

Et si aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de mondes rêvés, de perspectives positives, loin des prospectives apocalyptiques, cet ouvrage intéressant à de nombreux titres, mériterait une mise à jour pour jouer ce rôle mobilisateur.

A lire pour la culture plus que pour le plaisir.

 

 

 

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Lu : Le Siècle Bleu de Jean-Pierre Goux

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 7 décembre 2018

Si on m’avait dit le que le roman écoterroriste deviendrait un genre à part entière…

En quelques mois, c’est le troisième livre sur le sujet que je dévore. Après Le Gang de la Clef à molette de Edouard Abbey (lien) et le parfum d’Aden de Christophe Rufin, voici le Siècle bleu de Jean-Pierre Goux dont la seconde édition est assurée par une maison nantaise qui me tient tout particulièrement à cœur : la Mer Salée (lien).

large_Photo_Front_KKBB_Sandrine_v1_-_small-1527535645Il est bien trop restrictif de limiter ce roman au traitement du sujet de l’écoterrorisme. Il est bien plus juste de présenter cet ouvrage (en deux tomes) comme un thriller efficace qui a pour substrat l’impasse systémique dans laquelle l’humanité est engagée, incapable qu’elle est, de gérer les contradictions entre un développement économique destructeur et une finitude écologique chaque jour plus criante.

Le thriller fonctionne et l’intrigue peut se suffire à elle-même, mais la spécificité de cet ouvrage est d’utiliser un style littéraire abordable pour tous, comme un cheval de Troyes pour aborder nombre de thèmes écologiques très bien vulgarisés et bibliographiés. Je critique souvent les bouquins d’experts destinés à convaincre les convaincus. La nécessité est d’élargir le cercle de la conscience et c’est probablement avec ce type d’excellent bouquin populaire, qu’il est possible d’y arriver.

Bon, il se trouve que mon souvenir de lecture sera pour toujours associé au mouvement des gilets jaunes qui ont colonisé l’intégralité de l’actualité. Mon cerveau ne séparera donc jamais ces deux histoires concomitantes, et l’analyse reste paradoxale ou au moins imparfaite. La société civile peut donc se soulever. Reste que la cause n’est pas celle envisagée par l’auteur… Le sauvetage de Gaïa, notre petit vaisseau aux ressources si limitées, n’est pas à l’ordre du jour. Trop loin des problèmes du quotidien.Pourtant, ce livre reste un atout pour construire un imaginaire collectif positif, même si on sait que ce n’est pas que d’un imaginaire dont nous avons besoin.

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On trouve dans l’actualité de ce mois de novembre 2018 des résonances avec cette idée de passage à l’action : [article du Monde sur le sujet] [article du Guardian] groupe d’activistes anglais, écologistes et pacifiques nommé Extinction Rebellion qui se positionne clairement sur le passage à l’action par la désobéissance civile. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pacifiquement en novembre sur Londres et pour info, Big Ben n’a pas été vandalisé.

xx

 

En ce qui concerne la trame de l’histoire, il s’agit d’un roman. Les héros sont admirables, les méchants sont très méchants et le Complot fait partie intégrante de l’intrigue. Tout ceci est nécessaire au style choisi. Dans la vraie vie, il me semble que les choses sont plus complexes. Moins de « super-méchants » et plus de méchants-gentils hybrides… Comme le dit Paul Gardner, un des personnages principaux, bloqué sur la Lune (oui, oui) :

Il n’y a pas d’un côté des hommes bons et de l’autre des mauvais. Il y a juste des vulnérables assaillis constamment par des forces prédatrices.

J’ai particulièrement apprécié l’idée, souvent répétée, que quand on voit la Terre de l’espace, on ne peut pas ne pas comprendre la finitude de notre « île ». Déjà le philosophe grecque Phédon (que je ne connaissais pas) disait :

Confinés dans un creux de la terre, nous croyons en habiter le haut, nous prenons l’air pour le ciel et nous croyons que c’est le véritable ciel où les astres se meuvent. C’est bien là notre état : notre faiblesse et notre lenteur nous empêchent de nous élever à la limite de l’air; car si quelqu’un pouvait arriver en haut de l’air, ou s’y envoler sur des ailes, il serait comme les poissons de chez nous qui, en levant la tête hors de la mer, voient notre monde; il pourrait lui aussi en levant la tête,  se donner le spectacle du monde supérieur; et si la nature lui avait donné la force de soutenir cette contemplation, il reconnaitrait que c’est là le véritable ciel, la vraie lumière et la véritable terre.

Cette idée n’est pas neuve pour Jean-Pierre Goux puisqu’il a porté le projet BlueTurn.

BlueTurn, c’est une expérience unique de contemplation de la terre « en mouvement » et donc une illustration indispensable à la lecture du roman Siècle Bleu. Prenez quelques minutes pour prendre de la hauteur.

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Pour le reste, je vous recommande de lire ce roman puisque voici une excellente idée de cadeau de Noël. Et comme l’auteur semble avoir de très bons goûts musicaux, je vous recommande de l’accompagner, sous le sapin, du dernier album de Nina Attal.

 

 

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Lu : Jamais seul (ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations) de Marc-André Selosse

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 26 août 2018

Au milieu des romans policiers et des ouvrages de sciences-fictions qui ont accompagné mon été 2018, un ouvrage m’a marqué pour son originalité, son expertise et son approche « décalée ». Je parle ici de JAMAIS SEUL- Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations de Marc-André SELOSSE.DkyQJzFWsAEL2Ex.jpg large

Voici donc un livre extrêmement riche en savoir qui vous fera considérer le monde des « microbes » sous un jour nouveau, ouvrant la porte à la compréhension du rôle de ce « petit » monde, bien au delà du regard « pathologique » que nous lui portons souvent exclusivement. « Lave toi les mains ! »

Voici un livre illustrant comment les partenariats au sein des organisations vivantes – symbioses et bien plus – nous ont construits et font ce que nous sommes, font ce que sont les arbres sont, font ce que les animaux sont, font ce que les fromages sont, font ce que les civilisations sont… Brefs, que nous l’acceptions ou pas, nous sommes liés à ce monde microscopique.

Voici un livre qui vous aidera à lire l’invisible au travers de nombreuses histoires micro et macro-biologiques qu’on a envie de raconter autour de soit. Pour briller en société, lisez cet ouvrage !

 ****

Ceci étant dit, je me sens bien en difficulté de résumer l’ouvrage, tant il est riche et complet (parfois complexe pour le lecteur peu cultivé que je suis). Faute de le résumer donc, je vais partager, deux souvenirs anecdotiques de lecture en espérant que chacun ira y chercher sa propre inspiration.

  • la vache n’est pas herbivore !

Parmi les jolies histoires racontées ici, je suis heureux d’avoir appris que les vaches ne sont pas des herbivores. Mince ! Je suis ingénieur des industries alimentaires et personne ne m’avait appris ça ! Ces animaux placides qui passent leur temps à brouter et à mâchouiller; de manière fort sobre en énergie (pas de chasse ou de recherche de nourriture) ; et bien, ces animaux se nourrissent des micro-organismes qu’elles « élèvent » dans leur rumen (et qui eux se nourrissent de l’herbe ingérée par leur hôte). Le micro-organisme n’est pas viable hors du rumen de la vache et la vache ne sait pas se nourrir sans ses hôtes.

  • « la faim rassemble, tandis que l’abondance disloque la symbiose »

Les plus grandes réussites en matières de symbiose se produisent quand les milieux sont pauvres, quand on a besoin de mettre en commun ses spécificités pour l’intérêt commun. Quoi de mieux pour une plante de démultiplier le pouvoir d’absorption / captation de ses racines grâce aux filaments de champignons. Chaque centimètre cube de sol contiendrait entre 100 et 1000 mètres d’hyphes de champignons mycorhiziens connectés aux racines des plantes ! La recherche de nutriments est optimisée.

Par contre si comme dans l’agriculture « moderne », on enrichit le sol à l’extrême, les plantes peuvent survivre sans les mycorhizes ou nodosités de leurs vieux alliés. Toutes les « compétences » de collaboration plantes / champignon, acquises au cours des 400 millions d’années antérieures sont en partie détruites.

Extrapolons. Cette nécessité de la « crise des ressources » pour collaborer me permet une légère digression dans « mon » univers. Je me demande toujours pourquoi si peu d’entreprises actionnent le levier « écologie industrielle » / « partenariats de proximité ». La réponse est peut-être que dans notre monde, au moins économiquement, l’accès au ressources est encore trop facile. Les collaborations ne pourront se faire que dans un monde plus contraint. 

***

Conclusion : « les microbes sont nos amis, il faut les aimer aussi…« 

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Lu : « L’innovation ordinaire » de Norbert Alter

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 1 septembre 2017

Voici plusieurs mois que j’ai entamé la lecture de « L’innovation ordinaire » de Norbert Alter. La lecture par un sociologue du processus d’innovation est éclairante et permet de prendre un peu de hauteur sur une notion que nous avons un peu tendance à utiliser à toutes les sauces. Tout n’est pas innovation. Je vais essayer de partager ici quelques propositions de l’auteur, traitées avec ma grille de compréhension :

 

  • Tout d’abord, faisons une mise au point sémantique : nous confondons trop facilement les termes INNOVATION et INVENTION. Pour l’auteur, innover, c’est mettre en œuvre « l’invention », atteindre l’usager, lui faire au bout du compte, transgresser les règles établies. Beaucoup d’inventions (peut-être géniales) n’ont jamais trouvé leurs « clients ».

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  • « L’innovation bute toujours contre l’ordre établi », elle suppose une rupture, et celle-ci s’appuie sur une « déviance ».

 

  • L’innovation ne se décide pas. Les service RetD peuvent être pour les entreprises un investissement nécessaire pour créer le contexte favorable à l’innovation « souhaitée » mais ne sont pas à même de planifier l’innovation. « La RetD est en effet régie par la notion de risque, c’est-à-dire l’impossibilité de prévoir le résultat de l’action menée ainsi que la nature des sanctions positives ou négatives qui lui seront affectées. »

 

  • « L’innovation est une activité banale » (comprendre de non spécialistes). Le plus souvent, dans l’histoire industrielle, ce sont des ouvriers, confrontés à leurs problématiques opérationnelles du quotidien, qui ont contribué à innover sur leurs outils de production.

 

  • Le plus souvent, les dirigeants ne sont pas les innovateurs. Ils sont par contre ceux qui permettent de faire passer les idées / propositions des innovateurs au stade application. On a besoin de leur autorité pour légitimer auprès de la majorité la pratique « déviante » ! Paradoxalement, c’est par une logique managériale descendante que les innovations peuvent être appliquées. Les directions gouverneraient l’innovation plus en « aval » qu’en « amont ».

 

  • Nous classons souvent dans la catégorie « innovation » des inventions dogmatiques imposées par un management tout puissant (parfois à côté de la plaque). La relation du travailleur à la prescription, à l’absence de concertation, aux invectives managériales « command and control » est une composante très présente dans l’ouvrage. Avec mon passif de consultant « ISO » et mon actif de consultant « RSE », cette lecture me chatouille les neurones. Intéressant.

 

Bref, lisez l’ouvrage pour voir plus loin que ce mini post mais, un conseil au lecteur : prévoyez une disponibilité à 100% pour lire ce livre. Je me suis vu relire plusieurs fois des passages pour assimiler le message. C’est pas du Fred Vargas.

 

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