Chronique Ecolo-Buissonnière n°13 : « Auprès de mon arbre »
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 25 mai 2018
Déjà ma treizième chronique ! en podcast ICI et en texte (et sourcé) ci-dessous :
Je trouve le sujet de l’arbre très inspirant !
Inspirant… Expirant… Inspirant… Expirant… Rien que de le dire, ça fait du bien.
Il y a plein de raisons à s’attacher à un arbre. Et je ne parle pas là de pratiques écolo-fétichistes ; je veux dire que l’arbre est remarquable en bien des points :
- il est remarquable d’abord pour son talent de transformer du CO2 en O2 par le miracle de la photosynthèse. La forêt française capterait 15% des émissions de CO2 du pays selon le Ministère de l’Agriculture et de la forêt),
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- il est remarquable ensuite pour sa prise en charge, gratuite et désintéressée, de l’hébergement du vivant, prenons en de la graine (73 mammifères, 120 oiseaux en France).
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- L’arbre est remarquable enfin pour ses investissements extra-professionnels. Sur son temps libre ; l’arbre lutte contre l’érosion, dépollue notre l’eau, nous aide à lutter contre les ilots de chaleurs en ville (lien), il nous apaise aussi. La pratique japonaise du « bain de forêt » (Shinrin-Yoku) aboutirait de manière prouvée à une baisse significative du stress et de l’épuisement, moins de troubles de l’attention, une amélioration des défenses naturelles et des effets positifs sur la tension artérielle. (lien).
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- Enfin l’arbre donne même de sa personne pour nous chauffer… y-a-pas à dire, ça buche un arbre !
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J’ai envie de dire, qu’il mérite bien plus que les produits laitiers d’être désigné comme notre « ami pour la vie ». Ça se chante moins bien, mais on peut essayer : « Les arbres non tronçonnés sont nos amis pour la vie ». ça marche !
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Je rajouterai qu’un arbre c’est beau. Je ne connais pas grand-chose de plus beau qu’un arbre en fait… A part une forêt d’arbres bien-sûr (c’est de l’humour de conifère, ça pique un peu…).
L’arbre m’inspire tellement, qu’arrivé au bout de cette première page, ma chronique n’a pas encore commencé (elle durera exceptionnellement 35 minutes. Désolé pour les invités) ;
Ma chronique parlera aujourd’hui d’un livre exceptionnel, d’un héros des temps modernes, d’une femme hors-norme qui ont tous trois pour points communs : racines, bois et feuillages. Dit autrement, des histoires d’arbres qui vont nous emmener dans les Alpes françaises, au Kenya et en Inde.
Encore un voyage au bout du monde à 0 émission carbone ! C’est cadeau. Allez, sans mauvais jeu de mot : au boulot !
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Et pour ne pas frustrer ceux qui ne pourrons pas rester jusqu’à la fin de ma chronique, je vais vous en livrer la conclusion : « Ces trois parcours individuels nous montrent des chemins accessibles pour changer le monde et notre relation au vivant. Et tous trois utilisent les arbres comme véhicule pour ce changement. »
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Pour ceux qui sont restés, commençons par le livre. Si quelqu’un avait la curiosité de me demander quel est mon livre préféré. Ce serait celui-là. Un jour j’en ai même commandé une quinzaine pour les offrir à ceux que j’aime. Depuis, je suis heureux de le retrouver dans les toilettes chez maman. Son apparente simplicité (au livre) est inversement proportionnelle à la quantité d’énergie positive transférée au lecteur.
Il y est question du plus modeste et humble des hommes, isolé dans sa montagne et ignorant les deux guerres mondiales qui se déroulent aux pieds de ces dernières. Cet homme seul, observé ponctuellement par le touriste narrateur, bouge des montagnes ou plus précisément crée une forêt, à force de persévérance et de patience. Le livre c’est l’homme qui plantait des arbres de Jean Giono (que je recommande en version illustrée).
Médaille d’or au classement LLLPMP 2010 (Les Livres Lus Par Ma Pomme.)
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Acte 2 : L’étoffe boisée d’un héros. J’ai dû lire le livre de Giono pour la première fois en 2010 et voilà qu’en 2013, je tombe sur un article de courrier international décrivant un fait divers comme je les aime. Pas un fait divers déprimant que l’on retrouve toutes les 5 minutes sur BFM TV, mais un fait divers qui nous permet de deviner notre potentiel de grandeur.
Ce fait divers parlait d’un indien, Jadav Payeng, un homme ordinairement extraordinaire qui a tout simplement mis en application la fiction de l’homme qui plantait des arbres, probablement sans avoir jamais entendu parler de Giono. Il a fait pousser une vaste forêt sur un banc de sable de 550 hectares situé au milieu du fleuve Brahmapoutre.
C’est drôle comme nom de fleuve BRAMA-POUTRE pour une histoire d’arbre. Non ? continuons…
L’article racontait comment cet homme avait été choqué en 1979 de voir sur une île du fleuve des dizaines de serpents morts de chaud, faute d’ombre. Les autorités n’étant pas réceptive à ce micro problème, le bonhomme a décidé de s’y mettre. Seul. D’abord des bambous, ensuite des arbres, en prenant soin d’importer des fourmis de son village pour structurer le sol. Aujourd’hui sa forêt est un refuge pour la biodiversité locale (éléphants, rhinocéros…). C’est seulement depuis 2008 que son initiative est reconnue par les autorités indiennes.
Une vie de solitude il est vrai mais une partie de moi est jaloux de ce courage que je n’aurai jamais.
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Terminons par le cas de « Celle qui plante des arbres ». Connaissez-vous Wangari Maathai ?
Tout le monde devrait la connaitre cette femme, prix Nobel de la paix en 2004 et disparue en 2011.
Wangari Maathai a eu l’enfance africaine de millions de petits africains : aux champs au contact quotidien de la terre, dans un Kenya gérant tant bien que mal sa transition post-coloniale, au sein d’une famille traditionnelle. Elle a eu plusieurs chances : la première, des parents qui envoient une de leurs filles à l’école, la seconde, l’opportunité de faire ses études aux USA dans le cadre d’un programme international. De retour au Kenya, elle aurait pu capitaliser ce coup de pouce du destin et devenir fonctionnaire, membre de l’élite d’un pays en reconstruction ; ce qui aurait déjà été remarquable.
Mais voilà, elle a choisi de se battre sur plusieurs fronts tout au long de sa vie : féminisme, corruption, pauvreté, écologie. Car pour elle tous les sujets étaient liés. Pas de bonne gouvernance sans prise en compte de l’éco-système… et réciproquement. Une pensée révolutionnaire qui lui valut de nombreux passages en prisons.
Son œuvre : le Mouvement de la Ceinture Verte, qui a permis de planter plus de 40 millions d’arbres en faisant participer les paysans (paysannes surtout) dans un processus de plantation de masse, au sein d’un réseau qu’elle a mis des années à construire. Le mouvement continue : www.greenbeltmovement.org
Seconde recommandation de lecture : son autobiographie
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Il est temps de conclure.
L’arbre est notre passé : savez-vous que le plus vieil arbre vivant du monde est un pin
californien dont l’âge est estimé à 4.842 ans !
L’arbre est notre futur car il porte les solutions à nos problèmes de croissance des adolescents idiots que nous sommes. Même le mot croissance, quand il s’agit d’arbre, prend une toute autre signification. L’arbre est une solution accessible. Les portugais nous l’on montré récemment en plantant en une demi-journée 60.000 arbres sur un espace dévasté par un incendie (lien).
Surtout, l’arbre est inspirant comme le démontre mes 3 héros du jour. Avec les arbres on ne peut pas se planter…
Bonus : Pour voir ça sous l’angle de l’humour « et tout le monde s’en fout » : LIEN
Publié dans BIODIVERSITE, CHRONIQUES ECOLO-BUISSONIERE | Pas de Commentaire »