Simon Pickard, Directeur Général d’EABIS (European Academy of Buisness in Society) est intervenu mercredi soir dans le cadre d’un débat organisé par Audencia. Précisons tout d’abord qu’EABIS est un réseau de multinationales promouvant une « Mondialisation Durable » auprès des instances européennes notamment. Parmi les entreprises parties prenantes : Shell, Unilever, Microsoft…
Selon Mr Pickard, et en cohérence avec les déclarations d’intentions récentes de l’Union européenne, une meilleure intégration de la Gouvernance au sein des entreprises, est LA solution pour la prise en compte des crises écologiques et plus largement sociétales que nous vivons. A ce titre, la nouvelle définition de la RSE proposée par l’Europe reconnaissant la responsabilité des entreprises quant à leurs impacts sur la société, va dans le bon sens.
L’optique séduisante du Share Value consiste à convaincre les grosses entreprises de prendre conscience de leur propre intérêt à prendre en compte l’intérêt des parties prenantes. Les Business models doivent donc évoluer en intégrant la prise en compte des externalités que sont les pollutions, la gène auprès des populations locales… L’illustration choisie : Procter et Gamble qui a affiché il y a peu des objectifs très ambitieux : d’ici 2020 multiplier par deux son Chiffre d’Affaire tout en divisant par deux son impact environnemental. Belle ambition qui souffre selon moi lourdement de l’absence de feuille de route permettant d’espérer l’atteinte de ce « Graal ».

Finalement, ce qui m’est apparu vraiment intéressant dans cette présentation, c’est la description, vu de l’intérieur des fonctionnements (dysfonctionnements ?) au sein de la CE des groupes de pression de tout bord qui « ne lâchent rien » de la défense de leur propre intérêt et bloquent systématiquement tout compromis. De loin, ça semble assez désespérant, car on reste sur les idées et les mots qui les décrivent, bien loin de l’accompagnement de changement de paradigme annoncé de tout côté. (A ce propos : les lobbyistes français semblent avoir des soucis à se faire : lien)
Mr Pickard nous a précisé les 8 grandes orientations du dernier livre blanc sur la RSE (lien post précédent) :
1- Donner de la Visibilité à la RSE
2- Mesurer la confiance des consommateurs
3- Évaluer les démarches
4- Générer l’intérêt des marchés à la RSE
5- Augmenter la transparence
6- Intégrer la RSE aux programmes de formation
7- Développer la RSE au niveau des politiques nationales des états membres
8- Assurer la cohérence avec les approches RSE au niveau international
Il me semble personnellement que l’Europe perd en ambition avec le temps. Jacques Delors avait missionné dans les années 90 un groupe d’experts pour dessiner l’avenir sociétal de l’Europe ! Parmi ces experts : Marc Luyckx que j’ai écouté la semaine dernière. Un cadre avait été dessiné clairement (dématérialisation, refonte de la fiscalité…) mais n’avait jamais passé le cap de la lecture. Aujourd’hui, plus de prospective sur notre avenir, le quotidien est trop prégnant.
Pour lire un compte-rendu plus complet, consulter le blog de Pascal Gaillard : lien