Lu : La Vie secrète des Arbres (ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent)
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 7 mars 2019
LA VIE SECRÈTE DES ARBRE est un livre très accessible, captivant, cumulant les anecdotes faciles à transposer dans notre quotidien et nos (trop rares) relations avec les arbres. Une mine pour tous ceux, comme moi, qui aiment les arbres sans trop savoir pourquoi et sans expertise sur le sujet.
On y cause intelligence, communication, souffrance, relations de solidarité ou compétition, stratégie et innovation dans le but de bénéficier de la meilleure situation. La meilleure place « au soleil ». On parle aussi de déplacement, de mobilité…
Vous conviendrez que tous ces mots sont habituellement peu usités dans le contexte végétal !
C’est le pari de l’auteur qui use (et abuse ?) de l’anthropomorphisme pour nous faire entrer en empathie avec le monde peu connu des arbres et qui mérite une attention urgente.
A le lire, on s’attendrait presque à voir l’arbre le plus proche de votre fenêtre (moi c’est un Erable), vous sourire, vous faire un signe de la branche et partir se promener (marcher comme les Ents dans le Seigneur des anneaux).
Il a été reproché à l’auteur de trop jouer sur la corde des sentiments humains (« bébé-arbres », « maman-arbre« , « cerveau de l’arbre« …). Je n’y vois personnellement pas une volonté de manipulation par ce procédé mais un style narratif, point. Je pense que l’auteur a vraiment une vision « humaine » de ses « amis arbres ».
Et quand bien même il y aurait manipulation…
Qui reproche au marketing de faire parler dans les publicités des hamburger, des bonbons ou même de faire croire que le dernier SUV vous rendra heureux dans une ville idéalisée ?
S’il le faut, usons de manipulation littéraire sur les enjeux sociétaux pour donner envie d’aller plus loin. (non?).
Le message de l’auteur est clair : comprenons les arbres de nos forêts et laissons leur une place dans notre système productif.
Il en va de notre intérêt de préserver ceux qui ont littéralement rendu notre écosystème terrestre vivable.
L’auteur revendique la nécessité de récréer des forêts primaires dans une Europe qui les a quasiment totalement éradiquées (seulement 3% des forets européennes sont primaires). Mettons nous aussi au diapasons de la temporalité de l’arbre : pas la décennie mais le siècle. Donnons le temps à la forêt de se refaire une santé.
Citation d’un passage représentatif du style et qui m’a touché sur le fond :
Les arbres urbains sont les enfants des rues de la forêt. Pour ceux nombreux, qui doivent vivre en bordure de rue, l’expression est encore plus vraie. Les années de jeunesse ressemblent à celles de leurs congénères de parcs et jardins. Ils sont entourés de soins, font l’objet de mille attentions, parfois même une conduite d’eau est spécialement posée pour eux afin de les abreuver à la demande.Le jour où leurs racines se piquent d’étendre leur rayon d’action, ils ont une drôle de surprise. Sous la chaussée ou le trottoir, la terre, qui a été compactée à la plaque vibrante, est d’une dureté formidable. Le coup est rude, car les essences forestières développent leur racines moins en profondeur qu’en surface. Il est rarissime qu’elles s’enfoncent à plus de 150 cm,la plupart s’arrêtent beaucoup plus tôt. Dans la forêt, ce n’est pas un problème, un arbre peut s’étendre presqu’à l’infini. Il n’en va pas de même en bordure de rue. Toute expansion est limitée par la chaussée, des canalisations courent sous le trottoir et le sol compacté impénétrable. Il n’est pas surprenant que des conflits surgissent. Les platanes, les érables et les tilleuls tentent volontiers des incursions dans les égouts. [...]
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