Palmarès « LA VIE » de l’écologie 2016 en France : pourquoi donc la Vendée est elle 23ème ?
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 8 novembre 2016
Une fois par an, LA VIE propose un classement des départements français sur des critères écologiques (lien). En s’appuyant sur 8 critères mesurables, le magazine donne ainsi les bons et les mauvais points aux territoires pour flatter ou pointer du doigt la mauvaise performance environnementale selon les cas.
Le vendéen d’adoption que je suis a fait un peu la moue en voyant le classement médiocre de mon territoire : 23ème ! (alors que la Loire Atlantique voisine est première ! Grrr…). J’ai donc essayé de comprendre ce qui pêchait et au travers cet exemple d’évaluer l’outil d’évaluation. Un modeste crash-test.
Transparence. Le site internet dédié au classement présente bien les sous-critères ayant permis la construction de ce classement d’initiative privé. L’effort de transparence sur les sous-critères permet de mieux comprendre l’agglomération des indicateurs ayant permis de construire le classement. La vraie limite est l’absence de mise en ligne des indicateurs de premier niveau permettant de composer les notes par sous-critères; ainsi que des résultats détaillés. Les sources sont citées mais non accessibles.
Les critères. Sont pris en compte : le nombre d’AGENDA 21 territoriaux, les engagements pour la TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, la santé de l’AGRICULTURE BIOLOGIQUE (surface, évolution), la protection de la BIODIVERSITÉ (sur des critères mesurables que je n’ai pas retrouvé), CONSOMMATION DURABLE (en intégrant que les circuits courts type AMAP et non les écolabels), la GESTION DES DECHETS (ratio par habitants mais aussi semble-t-il des éléments de pollution industriel ?), la QUALITE DE L’AIR (polluants de proximité), la QUALITE DE L’EAU (phyto, nitrates, eaux de baignade).
Ci-dessous sont repris 6 des 8 sous-critères retenus par LA VIE. Voyons les sujets qui handicapent ou favorisent les deux territoires que je connais le mieux :
Un coup des indicateurs de moyens, un coup des indicateurs de résultats. Je ne trouve pas que les indicateurs de moyens soient les plus pertinents pour mesurer une performance. ça se discute.
Facteurs de pondération. La méthode de cotation (une moyenne des résultats obtenus sur les 8 critères détaillés plus loin avec un traitement particulier pour l’Ile de France) ne prévoit pas de pondération liée aux spécificités territoriales (territoire rural, urbain, riche, touristique…). C’est une première limite à la bonne compréhension de construction du classement. Un élément de réponse montre la prise en compte de cette limite dans « le question – réponse » du site :
Ainsi, nous avons déjà commencé à compenser nos chiffres par le nombre d’habitants de chaque département. Par exemple, lorsque nous rapportons le nombre d’Amap à la population de chaque département ou encore en rapportant les émissions industrielles polluantes et les surfaces cultivées en bio à la superficie de chaque département.
Autre postulat méthodologique : les 8 critères se valent. L’existence d’AGENDAS 21 au niveau des collectivités du territoire vaut autant que la qualité de l’air. La gestion des déchets autant que la Transition énergétique… Ce postulat est aussi selon moi discutable au regard des enjeux prioritaires auxquels nous sommes confrontés.
Plus globalement, je n’ai pas trouvé trace de description des modes de Gouvernance dans l’évolution de la méthode permettant de solliciter des tiers dans les choix méthodologiques. Pour permettre une plus grande crédibilité, un comité d’arbitrage pourrait être mis en place (ou existe déjà peut-être).
Les critères absents (selon moi). A mon humble avis les grands absents sont : PRODUCTION DURABLE (sur la base du nombre de pollutions accidentels, de procédures de mise en demeure ICPE, de certification ISO 14001, ISO 50001…), l’INNOVATION (projets type SMART GRID, partenariats de recherche collectivité / université / privé, habitats partagés, projets innovants…), DEPLACEMENTS DOUX (nombre de passagers TER, bus, place du vélo en villes…), au delà de la BIO la dépendance aux INTRANTS CHIMIQUES serait une donnée intéressante car concernant la masse des agriculteurs (donnée connue), la dépendance en EAU (au regard de la fragilité de la ressource locale), AUTONOMIE du territoire (énergétique notamment…).
Crash-Test. Regardons maintenant de plus près le cas vendéen comparé au voisin lauréat de l’année.
A défaut de connaitre les données chiffrées de pondération, j’ai fait la moyenne des 8 classements des deux départements Vendée et Loire-Atlantique. Pour voir… Surprise : à ce jeux, les deux départements sont presque à égalité !
Je ne trouve pas de cotation totalement déconnectée de « ma réalité perçue », même si je ne connais pas l’intimité des données prises en comptes. Je ne comprends cependant pas ce qui a été réellement différenciant entre les deux départements regardés pour l’exercice. Le choix des indicateurs et des critères de cotation est plus discutable selon moi (voir plus haut).
Alors oui bien sur l’hebdomadaire LA VIE pourrait faire mieux en termes de choix de critères, de pondération, de gouvernance projet et de transparence… mais je suis conscient qu’aucune méthode d’évaluation compilant des données différentes peut aboutir à un résultat satisfaisant et irréprochable. Les travaux réalisés sur les nouveaux indicateurs de richesses en Pays de la Loire (lien) ou par la commission Stiglitz sont là pour en témoigner. Ce qui compte vraiment, c’est d’arriver à vulgariser des indicateurs autres que économiques pour aider à la prise de décisions. Encourager. Valoriser. En ça, le travail de LA VIE est salutaire.
J’ai relu le discours de Robert Kennedy (lien) suite à ce post. Discours qui se concluait par :
« En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue«
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