Que faire pour vivre « malgré tout » dans ce monde de fous ?
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 18 juillet 2016
Il n’est pas possible de vivre comme si la séquence de tueries que le Monde subit n’existait pas. Notre petit bout de territoire préservé pendant quelques décennies n’est plus à l’abri de la barbarie.
A la lecture des articles des experts auto-proclamés, des politiques qui ne causent le plus souvent qu’avec des arrières pensées populistes (lien), des journalistes qui se répètent à longueur de journée et des penseurs qui ne savent plus quoi penser; il en ressort une impression magmatique anxiogène et au final plutôt déresponsabilisante pour le citoyen lambda. Petit échantillon :
- nous subirions les écarts géopolitiques du passé (colonisation, guerre en Irak…) ou du présent (nos relations ambiguës avec L’Arabie Saoudite en étant l’expression la plus visible. Voir le courage politique de la Suède aujourd’hui LIEN),
- nous serions dans un mouvement de plaques civilisationnel (« laissez les politiques travailler et prendre les décisions pour vous»),
- nous serions en pleine guerre de religion (« choisissez votre camps !« )
- nous subirions notre incapacité collective à intégrer et notre grande capacité à exclure par l’inégalité grandissante de la répartition des richesses (analyse que je partage mais qui ne trouve pas de solution de court terme).
Il y a aussi ce bruit de fond que je sens monter. Le stade ultime de la simplification qui est l’objectif avoué des fous de dieu qui nous terrorisent : la montée des racismes. Si les français ont jusque-là résisté aux amalgames, on sent que le vent peut tourner.
Je ne suis pas le plus informé, ni le plus futé pour comprendre le présent et encore moins pour prévoir l’avenir ; pourtant je ressens le besoin d’assimiler ce contexte lourdingue, de le digérer et d’en faire quelque chose de concret qui pourrait m’aider à ne pas faire que subir.
Alors voilà mon code de conduite personnel qui n’est en rien une vérité absolue :
1- Ne pas ignorer. Il faut parler, y compris aux enfants. Ça fait maintenant partie de nos vies, probablement pour une décennie ou plus (lien) ; ne pas faire semblant que tout va bien. Accepter que certaines actions politiques aient une portée de moyen termes. Ne pas se laisser enfumer par les postures de communiquant dictées par l’urgence.
2- Éteindre la TV. Le son suffit à savoir ce qu’il s’est passé à Paris, Bruxelles, Bagdad, Istanbul ou Nice. Les images et les interviews des victimes sont de trop.
3- Se préparer au pire et agir là où on le peut. Le risque statistique d’être présent à proximité d’un attentat a augmenté (même s’il reste très faible). C’est morbide mais je préfère penser « utile » : j’ai actualisé ma formation de sauveteur secouriste, je donne mon sang tous les 3 mois (les afflux de solidarité « à chaud » sont moins efficaces que les dons réguliers).
4- Ne pas s’enfermer et donner une part de son temps à la collectivité… et en profiter pour parler et essayer de convaincre que les solutions simplistes ne sont pas les meilleurs. Ne pas laisser la place à la haine totale et absolue. Expliquer la complexité chère à Edgar Morin dès que j’en ai l’occasion. Rappeler qu’à la fin des années 30 un énergique petit moustachu a été élu démocratiquement avant de faire basculer le monde dans l’Horreur.
5- Prendre de la hauteur par la lecture. Des romans, des revues, des essais, des BD… Histoire de partir, d’apprendre et de comprendre aussi.
6- Ne pas s’empêcher d’être heureux, même si d’autres auxquels nous pouvons facilement nous identifier viennent de voir leurs vies détruites. Pratiquer l’empathie et la compassion, mais aussi vivre sa vie… continuer à aller en concerts, à boire des coups entre amis, à s’amuser, à se créer des souvenirs… Faire tout ce que détestent ceux qui nous veulent tant de mal.
7- Je pourrai aussi faire la « guerre à la guerre » comme le propose Idriss Aberkane (Lien vers son TedX), mais je ne suis pas d’humeur super-héro en ce moment…
Au fait aujourd’hui, c’est la journée internationale Nelson Mandela.
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