Retour sur l’après-midi : « Biodiversité : de l’obligation à l’opportunité pour les entreprises »
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 5 février 2015
J’ai participé cet après-midi à un moment « Biodiversité et entreprises » offert par la CCI du Maine-et-Loire, inscrite dans le cadre du « Tour de France de la Biodiversité » porté par les CCI et le ministère du Développement Durable.
Plusieurs entrées dans cette après-midi : réglementaire, institutionnelle, témoignages.
La réglementation
Notre dernière Loi qui causait « Biodiversité » (en fait on parlait de Nature) date de 1976. J’avais donc 1 an. Nos très éclairés dirigeants se sont dit qu’il était temps de mettre ce texte ancestral au goût du jour. Le projet de Loi devrait être discuté à l’Assemblée Nationale dès mars 2015. A venir probablement, la création d’un Comité national de la Biodiversité, des Comités régionaux qui remplaceront les « Trames Vertes et Bleues » (www.tramevertetbleue.fr ) chapeautés d’une Agence Nationale de la Biodiversité qui serait parrainée (et non « présidée » comme écrit précédemment) par Hubert Reeves (post précédent sur son dernier ouvrage). S’il est confirmé à ce poste, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il saura donner de l’ambition au fonctionnement de cette Agence.
Le projet de loi est en ligne : lien.
Parmi les dispositions réglementaires déjà en place, CDC Biodiversité (opérateur privé de 30 personnes, filiale de la Caisse des dépôts) a présenté le principe de la compensation écologique, qui a vu le jour avec le Grenelle de l’Environnement et se trouve depuis applicable à tout les travaux d’ampleurs nécessitant la réalisation d’études d’impacts.
La « compensation », ce n’est rien d’autre que l’application du principe « pollueur – payeur » d’un point de vue écologique. Il est ainsi demandé aux maitres d’ouvrage de rechercher l’absence de « perte nette de biodiversité » à l’échelle de chaque projet. Pour se faire, la logique réglementaire se décompose en 3 temps :
1-EVITER => 2-REDUIRE => 3-COMPENSER
Pour illustrer l’application de la compensation, l’expert a cité le cas de l’autoroute A65 (1ère autoroute construite après le Grenelle de l’Environnement). Dans son cas, les mesures compensatoires ont coûté 2% du prix global du projet et la surface concernée pour la compensation dépasse les 1400 ha.
Institutionnels
Une représentante du Ministère du Développement Durable a présenté deux points (en tout cas, j’en ai retenu deux…).
1- un outil (EBEvie) qui est en ligne sur le site du Ministère (lien) pour permettre aux entreprises d’évaluer l’interdépendance des entreprises vis-à-vis de la biodiversité. Comme je n’ai pas vu la mécanique, je n’ai pas d’avis. Pour l’utiliser, c’est gratuit, il faut seulement s’identifier. Le Ministère cherche des « motivés ».
2- un dispositif de reconnaissance « Prix Entreprises et Environnement » a ouvert ses inscriptions pour les candidats. Voici la vidéo du dernier gagnant du volet « Biodiversité » (lien sur l’image) :
Témoignages
- APITERRA : entreprise mettant en place des ruches en entreprises. L’intéressant est le volet participatif induit par la démarche : on sensibilise à l’enjeu par l’action. Bonne idée. => lien
- EDELWEISS : un paysagiste qui propose une fonctionnalité « originale » : entretien d’espaces verts par des animaux pour la tonte (150 moutons / 200ha en gestion « tonte douce) => lien
- CPIE LOIRE ANJOU : présentation des collaborations entre l’association et les entreprises (carrières notamment). Démonstration que l’on peut faire des choses bien avec les activités économiques sur le sujet « biodiversité » => lien
- Mais aussi ANGERS LOIRE METROPOLE, ITENCIA, PARC NATUREL REGIONAL local.
Conclusions
L’action du domaine économique sur le sujet « Biodiversité » est de plus en plus opérationnelle. Les compétences augmentent. Cela reste cependant un sujet difficile d’accès car il demande une expertise bien plus forte qu’une approche « bilan carbone » par exemple ou la vulgarisation et la simplification sont la règle. La connaissance de la vie est plus complexe (même sur une petite surface) et les nouvelles règles du jeu réglementaires notamment ne sont pas encore facilement conciliables avec une logique purement industrielle. Pourtant, comme l’a dit un intervenant ce jour, « on ne détruirait pas le château de Versailles pour y faire passer une autoroute. Pourquoi donc notre patrimoine naturel aurait-il moins de valeur que notre patrimoine culturel ?«
Pour terminer la page « Biodiversité », je vous recommande de consulter ces belles photos de « très vieux » arbres (lien) et partage avec vous ma tristesse de ne pas voir nos sénateurs prendre au sérieux la santé de nos abeilles (lien).
Hubert Reeves a accepté de parrainer l’Agence Nationale de la biodiversité nullement de la présider.
Cordialement
Nelly Boutinot
Administratrice de Humanité & Biodivesité présidée par Hubert Reees
http://www.humanite-biodiversite.fr