• Accueil
  • > LECTURES
  • > Lu : Faim Zéro : en finir avec la faim dans le monde de Bruno Parmentier

Lu : Faim Zéro : en finir avec la faim dans le monde de Bruno Parmentier

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 31 janvier 2015

J’ai eu l’occasion de croiser sur mon chemin Bruno Parmentier (formation CHEDD), et depuis je suis ses pCaptureublications (commentaire de son avant-dernier livre) et son blog (lien).

Voici un ouvrage qui présente le mérite de réaliser un panorama des enjeux associés à la faim dans le monde. Le titre fait référence au plan « Faim Zéro » développé par le président brésilien Lula et qui a donné des résultats impressionnants.

Quels enjeux ? quels freins ? quelles priorités d’actions ?

Rappelons que la Terre hébergeait en 2010 850 millions de sous-alimentés (et paradoxalement près de 550 millions d’obèses !). Ce chiffre est d’une étonnante stabilité depuis les années 60 : ça veut dire que « la communauté internationale » arrive à améliorer le ratio (la démographie a continué d’augmenter) mais pas la valeur absolue. Difficile de se satisfaire de ce « résultat ».

L’enjeu politique

Pour Bruno Parmentier « la faim est politique et son éradication aussi« . Sa vision oscille entre l’optimisme des possibles (plus d’agriculture urbaine, partage des compétences pour améliorer la productivité des pays sur la « corde », améliorer les stockages de céréales…) et les constats de faiblesses de l’organisation mondiale en place pour ne pas que le meilleur arrive. 

Notamment, la doctrine « OMC » qui peut se résumer de la façon suivante : spécialisons les zones de production (« vous, vous ferez de la banane et que de la banane, vous du café et vous des fruits pour l’export« ) avec une croyance totale dans la vertu du marché mondialisé pour équilibrer les productions. Oui mais voilà, depuis 2007, on sais qu’en cas de tension sur les marché de base (céréales…), les pays à qui on a imposé la « spécialisation de la production », n’ont pas les moyens d’assumer l’augmentation des prix. Fautes d’autosuffisance et de sous, on observe alors des émeutes de la faim (Égypte…). Une première préconisation est d’arrêter d’empêcher les pays de la planète à produire leur minimum de cultures vivrières (ce que nous faisons notamment par le jeu des subventions et des droits de douane).

Aviez vous conscience par ailleurs des réalités de la répartition de la valeur, toujours largement défavorable aux producteurs (dans l’intérêt du consommateur que je suis mais aussi et surtout des intermédiaires et des spéculateurs sur les marchés) ? Par exemple, seulement 12% de la valeur de la banane va au producteur et 2% pour le producteur de café ! Moi, j’ai honte.

Triste paradoxe enfin : »les pays pétroliers et miniers sont souvent des pays de la faim« . Cupidité de certains + guerre = famine. C’est pas une surprise malheureusement.

L’enjeu démographique

Bien sur, le volet démographique est un enjeu largement développé dans l’ouvrage. D’ici 2050, par exemple, j’ai appris que le triptique  Inde+Pakistan+Bangladesh hébergerait 2,2 milliards de personnes qu’il faudra nourrir sur un territoire deux fois plus petit que les USA ! La vraie problématique est la capacité de produire à proximité immédiate des habitants. Contrairement à ce que certains pensent, la Chine a plutôt bien réussi ce challenge; par contre l’Inde est dors et déjà en difficulté (1/4 des affamés sur Terre est indien et un autre quart est subsaharien).

En lisant récemment « O Mali » d’Erik Orsena, je n’ai pas vu autre chose que la mise en valeur cet enjeu : maitriser la natalité des pays les plus pauvres. Une piste nous est offerte avec l’exemple de l’Iran, où l’éducation des femmes a permis de faire passer le taux de fécondité de 7 à 1,9 (quand le taux le taux d’alphabétisation est passé dans le même temps de 28 à 90%). Bien sur, la culture des pays est un autre point essentiel.

La surpopulation ne concerne pas que les humains, celle des animaux d’élevage a semble-t-il atteint un paroxysme. Ils étaient 7 milliards en 1960 et 30 milliards en 2012! Mangez moins de viandes!

L’enjeu climatique

Pour ne rien arranger 4,5 milliards de personnes vivent dans des zones fortement exposées aux conséquences du réchauffement climatique. Que ce soit en terme d’épisodes de « catastrophes naturelles » ou d’impacts sur les cultures au quotidien (salinisation d’espaces cultivés devenant impropres aux cultures du fait de la montée des eaux, manques d’eau…).

Une notion intéressante sur le sujet de la gestion des épisodes de crises post-catastrophe :l est beaucoup plus facile de supporter une diète de quelques jours quand on a été « bien » nourri avant, que lorsque ont été déjà sous-alimenté. L’important n’est pas l’urgent.

L’enjeu de maintien des surfaces arables

100 000 km2 de terres cultivables sont perdus chaque année du fait de l’artificialisation des sols pour des usages urbains – périurbains. Quand en 1960, la Terre disposait de 0.5 ha cultivé / humain, en 2010, c’était 0.25 ha et la projection pour 2050 est 0.16 ha. L’exigence d’intensification et de rendement explose !

En France, on peut peut-être commencer par arrêter de faire 500 ronds-points par an ? (auteur). Idem pour les projets routiers inutiles (moi) !

En conclusion

Ce livre pose les bases des constats de nos défaillances et ouvre des voies pour arriver à l’objectif « Zéro Faim » (il explore bien d’autres champs que ceux abordés ici). Illustré de nombreuses données chiffrées, il constitue une brique nécessaire à l’éveil de la conscience collective. Il devrait être offert à nos politiques (comme beaucoup d’autres) afin de sortir de l’urgent et causer de l’important. A lire.

 

Laisser un commentaire

 

vagno |
Fin de séjour à Amnesia |
nkoloboudou |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | www.motamotadomicile.fr
| TOUJOURS MASI MANIMBA
| Du lien social