Labellisation Lucie
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 25 septembre 2014
Certains s’offrent des voyages pour les vacances. Comme il ne faisait pas beau au mois d’août dernier et pour le même prix qu’une semaine au Maroc « all inclusive« , je me suis offert une formation de 2 jours sur la démarche LUCIE. Dans ma période de transition professionnelle, cet investissement autofinancé m’est apparu pertinent. Retour d’expérience et avis sur le dispositif.
Le Label Lucie, c’est quoi ?
Déjà en janvier 2012 (lien), je présentais cette labellisation, arrivée assez récemment dans le panorama des reconnaissances externes et très présent dans le grand Ouest.
Le label Lucie s’appuie sur la norme internationale ISO 26000, définissant les principes de la responsabilité sociétale pour les organisations. Rappelons au passage que la norme ISO 26000 n’est en aucun cas certifiable comme peut l’être la norme ISO 14001 par exemple, car elle ne contient aucune exigence. Elle donne un cadre à la définition du concept de « Développement Durable » appliqué aux organisations, c’est tout (et c’est déjà pas mal). De nombreux organismes (qui sont par ailleurs des organismes de certification) proposent des évaluations sur la base de cette norme pour donner aux entreprises un degré de maturité sur la base d’un référentiel interne qu’ils ont écrit. Ces évaluations ne sont pas réalisées sous couvert d’accréditation bien entendue.
Le principe de LUCIE est de s’appuyer sur une évaluation initiale réalisée par ses partenaires VIGEO et AFNOR Certification (sur la base de leurs propres référentiels inspirés d’ISO 26000 ou de celui proposé par LUCIE) puis d’évaluer les engagements de progrès proposés par l’organisation en question. En amont, Lucie met à disposition des outils de positionnement et un listing de consultants formés à la méthode pour un accompagnement éventuel.
LUCIE propose alors des supports de communication et de valorisation pour l’entreprise labellisée.
Au delà de ce dispositif de valorisation, LUCIE souhaite développer une « Communauté LUCIE » au niveau nationale, qui doit permettre le partage d’expérience, la montée en compétence des acteurs, la reconnaissance du dispositif par le monde professionnel mais aussi des avantages plus directes entre membres.
Une centaine d’organisations seraient labellisées ou engagées.
En quoi ce dispositif me parait-il intéressant ?
- Les outils conçus par l’organisation LUCIE sont bien faits et rassurants, la norme ISO 26000 n’étant, reconnaissons le, pas très facile d’accès et pas explicite sur les modalités de déploiement opérationnel au sein des TPE/PME. Le travail de traduction / interprétation réalisé par LUCIE est donc le bienvenu.
- La mise en place progressive d’une « communauté Lucie » laisse entrevoir une dynamique nationale au service de la performance RSE des entreprises. A suivre.
- Au bout du compte, ce type de projet incite les organisations à penser le progrès en ce qui concerne leur performance RSE. On questionne les organisations.
- Les entreprises engagées bénéficient d’un dispositif de communication externe bien maitrisé. Certaines entreprises pourront donc facilement valoriser leur engagement dans leurs relations BtoB.
Ses limites selon moi ?
Je suis convaincu que pour une organisation, engager une démarche RSE, ne passe pas forcement par une volonté de reconnaissance externe.
La porte d’entrée « RSE » peut aussi être :
- la remise en cause de modes de fonctionnement,
- le besoin de faire un premier inventaire des enjeux prioritaires de l’activité « pour voir »,
- la formation des acteurs de l’entreprise pour monter en compétence et imaginer de nouveaux horizons,
- la consultation des parties prenantes,
- le choix de donner une ambition plus forte au processus achat,
- la volonté d’élargir le spectre de démarches de certification ISO vieillissantes
- …
La reconnaissance externe -type LUCIE- peut répondre à un besoin bien sur, mais il ne s’agit pas pour moi d’une porte d’entrée exclusive pour intégrer la RSE dans le logiciel de l’entreprise.
L’autre limite pour moi est issue d’ISO 26000 à proprement parlé. Cette norme n’incite pas vraiment à envisager le changement de modèle économique. Je suis convaincu pourtant qu’il s’agit d’un levier majeur pour faire muter notre économie dramatiquement linaire en une économie plus circulaire, collaborative, servicielle… Quitte à vouloir changer, ne nous bridons pas à l’amélioration de l’existant que diable !
Conclusion
En conclusion, mon naturel critique ne remet pas en cause la crédibilité du processus de labellisation. Il répond bien au besoin de reconnaissance externe que peuvent avoir certaines organisations.
Les outils sont pertinents et il y a vraiment de la matière à valoriser derrière ce Label (la partie intéressée peut avoir confiance). Les entreprises labellisées ont vraiment travaillé et se sont engagées dans une logique d’amélioration vertueuse.
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