Retour sur la soirée « Géo-ingéniérie : faudra-t-il en arriver là ? » du 29/4/2014
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 5 mai 2014
Le Collège des Transitions Sociétales invitait (lien) la semaine dernière toutes les personnes intéressées par le sujet de la Géo-ingénierie. C’est un sujet que je prenais à la légère en 2011 (lien) et 2012 (lien) mais qui pourrait bien être plus sérieux que je ne l’avais envisagé initialement. D’ailleurs en 2013, le Centre d’Analyse Stratégique abordait les choses sous un angle très intéressant puisque orienté science-fiction (lien). Bref, en trois ans le sujet a pris du corps et justifie bien un déplacement sur Nantes pour savoir quel est le niveau de sérieux de tout cela.
Pour parler de ce sujet, était invité Benoit de GUILLEBON (Directeur de l’APESA) qui a participé à la réalisation d’une étude prospective de scientifiques sur le sujet [le rapport est ligne : lien].
L’introduction contextuelle de la mission en question est reprise ci-dessous :
En complément, précisons que la Géo-ingénierie englobe toutes les solutions technologiques en mesure de nous préserver des effets néfastes d’un réchauffement climatique trop douloureux (lien vers la synthèse pour les décideurs du dernier rapport du GIEC).
Dans le catalogue des solutions proposées, on distingue deux groupes :
Famille des A- les solutions techniques qui nous permettraient d’extraire le CO2 de l’atmosphère (et donc de le mettre ailleurs sous une autre forme)
Familles des B- les solutions techniques permettant d’atténuer le rayonnement solaire
Dans la familles des « A », on a des solutions très accessibles du genre « augmentation de la surface boisée » qui présente un problème de délais de mise en œuvre et d’échelle d’impact.
Il y a aussi des propositions effrayantes comme la fertilisation des océans (lien) ou la captation chimique du carbone de l’air. Dans le premier cas, les effets négatifs induits ne sont pas connus et dans le second il faut consommer beaucoup d’énergie (fossiles ?) pour mettre en œuvre le process. A ce stade, je comprends mieux pourquoi l’invitation mettait les shadocks en illustration.
Dans la famille des « B », on retrouve des répartitions équivalentes : du plus simple (mais peu efficace) au plus fou. Dans le plus « simple », pourquoi ne pas peindre tous les bâtiments en blanc ? On diminuerai ainsi l’effet albedo (de manière non significative). Rappelons que la neige renvoie vers l’espace 85% de la lumière reçue contre quelques % pour une surface bitume par exemple; ce qui nous renvoie à une boucle de retro-action positive, cad : plus ça fond, plus il fait chaud et plus il fait chaud, plus ça fond !
Dans les projets fous de nos contemporains pour nous sauver, ce qui tient la corde actuellement, c’est l’émission d’aérosols dans l’air (lien). C’est pas très compliqué et très efficace pour baisser la température. Les effets induits ? Rabats joies !
Je vous passe les projets de miroirs à placer entre la terre et le soleil, les projets destinés à rendre les nuages plus réfractant… car pour l’intervenant du soir, le sujet n’est pas vraiment celui de la faisabilité technique de telle ou telle solution (aucune n’étant démontrée à ce jour, surtout dans une logique « holistique », cad en regardant aussi les effets négatifs induits par ces « solutions »).
Le problème est plutôt celui de la Gouvernance mondiale sur ce type de projets fous. Il est plus que probable que dès la conférence COP de 2015 (qui se déroulera à Paris), plusieurs états proposeront des actions de géo-ingénierie pour traiter le problème climatique sans corriger notre modèle économique. Aujourd’hui, rien n’empêche vraiment un état de générer un équivalent-Punatubo de son côté sans rendre compte à la communauté internationale. La question de l’Étique est posée.
Cela va être chaud, Paris 2015 !
Le support de présentation de la conférence :
14-04-29 Géo Ingénièrie Nantes
Ci-dessous le reste de mes illisibles notes (pour archive en fait)
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