Céréales killer
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 24 novembre 2012
Au moment où la renégociation de la PAC attise toutes les attentions médiatiques, deux articles ont retenu mon attention cette semaine. Les deux abordent un même problème mais sous deux angles différents :
- Le Financial Times tout d’abord (traduit dans courrier international n°1151) affiche une inquiétude globale et planétaire sur la capacité des pays producteurs de blé à répondre à la demande mondiale. Après la très mauvaise récolte sibérienne de cet été due à un climat sec et chaud (le réchauffement climatique n’est jamais bien loin du problème alimentaire), aucune des autres grandes puissances productrices n’a pu compensée cette défaillance. Ukraine, Australie, Argentine et États-Unis ont elles aussi souffert des conditions climatiques. Selon l’ONU, la production de blé est en deçà de la demande (661 millions de tonnes / 688 millions de tonnes). La « bonne nouvelle » pour nos céréaliers est qu’ils peuvent valoriser leur production bien au delà du raisonnable. « A Paris, le cours du blé meunier n’a jamais été aussi élevé depuis 4 ans : il a atteint 289.25 € / Tonne le 7 novembre soit une hausse de 40% par rapport à janvier. » Et les perspectives ne sont pas bonnes. On projette déjà que les engraisseurs en tout genre vont utiliser le blé pour l’alimentation animale du fait de l’augmentation du mais et du soja ! Tous les stocks de blé chutent partout et tous les cours augmentent dans le monde…
Rappelons une vérité : il faut 4 calories végétales pour produire une calorie de viande de poulet et 11 pour produire une calorie de viande de bœuf. Ce n’est pas le prix de la baguette qui va augmenter mais celui de nos steaks et filets mignons ! Il est bien peu probable que nous puissions assumer l’envie naturelle des consommateurs chinois de se rapprocher de notre mode consommation hyper carné.
- Les Échos du 22 novembre publie un article sur la relation de l’Arabie saoudite au marché de céréales. J’ai appris qu’en 2008 ce pays était auto suffisant grâce un système de production intensif s’appuyant sur un prélèvement des ressources en eau en grande profondeur… aujourd’hui épuisées. « L’eau est devenue bien plus rare que le pétrole » dans ce pays pas comme les autres. En 2016, le pays ne produira plus de blé faute de ressources en eau. Que faire ? Augmenter ses capacités de stockage pour ne pas trop souffrir des fluctuations du marché du blé et acheter des terres en Afrique et aux Philippines. Acteur de l’accaparement des terres avec la Chine, l’Arabie Saoudite a l’argent pour s’offrir la mise en exploitation de terres de pays pas forcement auto-suffisants mais en mal de devises étrangères. « La loi du marché » diront les plus convaincus de la bonne marche de notre système.
ci-dessous une belle image vue du ciel des champs « artificiels » d’Arabie saoudite :
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