L’Age de l’accès : la nouvelle culture du capitalisme de Jeremy Rifkin
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 17 novembre 2012
Avant de vous proposer un retour sur ma dernière lecture « rifkinienne », revenons sur la rediffusion cette semaine par Carbon’at de l’intervention de J. Rifkin au World Forum de Lille. La technique a fonctionné et une cinquantaine de personnes a participé à cette double retransmission à l’École Supérieure d’Angers et l’École des Mines de Nantes. Carbon’at nous donne rendez-vous le 17 janvier prochain pour revenir sur les 5 piliers de la Troisième Révolution industrielle avec des « sachants » qui nous expliqueront où nous en sommes (et nous pouvons aller).
Pascal Gaillard était présent à cette rediffusion et à mis en ligne sur son blog un compte-rendu de cette matinée : lien
Parlons du bouquin maintenant.
Pour être direct et franc, la Date Limite de Consommation de ce livre est passée et je ne peux pas vraiment le recommander, d’autant plus qu’un grand nombre de ces enseignements actualisés se retrouvent dans un de ses ouvrage plus récent; La civilisation de l’empathie. C’est dingue comme l’année 2000 est loin ! Je ne dis pas que les analyses sont pour autant toutes périmées : les idées restent pour l’essentiel pertinentes (seules les illustrations sont d’un autre temps). Notre profilage (comprendre d’occidentaux) est effrayant par certains aspects. J’ai choisi un passage représentatif du contenu de l’ouvrage. Méditez le.
Extrait de la page 241 :
« Nous sommes en train d’assister à l’émergence d’un nouveau type d’êtres humains. Complètement à l’aise dans le cyberespace, où ils passent une partie de leur vie, connaissant parfaitement le fonctionnement de l’économie en réseau, plus intéressés par l’accumulation d’expériences excitantes et distrayantes que par l’accumulation d’objets, capables d’interagir simultanément dans des univers parallèles, prêts à changer de personnalité pour s’adapter à de nouvelles réalités – authentiques ou simulées -, ces hommes et ces femmes de type nouveau ne ressemblent guère à leurs parents et leurs ancêtres bourgeois de l’ère industrielle.
Le philosophe Robert J. Lifton y voit une nouvelle génération d’individus « proteiformes » . Ils ont grandi dans des espaces résidentiels fermés [...] ; ils louent leur automobile, ils font leurs achats sur Internet; ils sont habitués à la gratuité des softwares qu’ils utilisent, mais ne rechignent pas à payer les services et les extensions qui les accompagnent. Ils vivent dans un monde de spots de quelques secondes, sont accoutumés à avoir accès quasi instantanément à toutes sortent d’informations, n’ont pas une très grande capacité de concentration et se montrent plus spontanés et moins réfléchis que les générations précédentes. Ils conçoivent leur activité professionnelle comme un jeu et préfèrent être perçus comme des créateurs plutôt que comme de bons travailleurs. [...]. Ces hommes et ces femmes de type nouveau commencent tout juste à laisser derrière eux l’univers de la propriété. Leur monde est de plus en plus celui de l’hyper réalité et de l’expérience éphémère – un monde de réseau de passeurs et d’interconnexion généralisés. Pour eux, c’est la logique de l’accès qui compte avant tout. Être déconnecté, c’est la mort. Ils sont les premiers à vivre dans l’âge « post-moderne » [...] qui repose plus sur des distinctions en terme d’accès qu’en terme de propriété. [...] la post-modernité correspond à une nouvelle époque du capitalisme qui repose sur la transformation en marchandises du temps, de la culture et de l’expérience, tandis que la modernité était liée à une phase antérieure reposant sur la marchandisation de la terre et des ressources naturelles, l’extension du salariat, la production industrielle de biens matériels et la fourniture de services de base. »
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.