Energies renouvelables : la fin de l’ère du rachat et le début de l’ère de l’auto-production ?
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 5 octobre 2012
Les temps changent, les modèles économiques aussi, et ce n’est peut-être pas un mal.
En août 2011, je décrivais déjà l’exemple d’une entreprise écossaise qui consommait directement l’énergie électrique de ses trois éoliennes pour minimiser sa consommation de KWh réseau. Inimaginable en France dans l’ère « pré-moratoire » où tout autre système au rachat d’état n’était pas envisageable. Mais voilà, patatra, les règles ont changé et la filière photo-voltaïque s’est trouvée sinistrée.
Le principe de l’auto-consommation réapparait donc comme une solution possible et peut-être bien plus rentable à terme pour l’ensemble des parties intéressées. Cette semaine actu-environnement publiait un article sur l’expérience d’une zone d’activité de Perpignan qui a du revoir sa copie à l’issue du moratoire et qui a décidé d’utiliser son potentiel photo-voltaïque (90 000 m2 de toiture dans le projet initial) pour l’auto-consommation des entreprises de la zone. Après une analyse détaillée des conditions de consommation individuelle, le projet est redessiné et projette la production-consommation de 4 à 5 MW d’électricité PV.
Économiquement qu’en est il ? Selon l’article « Le watt crête installé devrait revenir à 1,5€, contre 6€ pour la couverture récente avec des tuiles solaires du marché Saint-Charles International. Soit quatre fois moins ! » La raison en est simple : plus de règle d’intégration couteuse, la possibilité de réaliser des installations « optimales » comme des ombrières, des parking… et bien sur à ce tarif, les panneaux sont probablement chinois, mais est-ce vraiment si grave ? Et avec l’augmentation planifiée du prix de l’électricité « qui sort du mur », le différentiel de prix est de plus en plus faible. En acceptant de calculer des retours sur investissement en dizaines d’années, la parité réseau est atteinte.
Le problème est la non valorisation des surplus de production, le flou législatif français sur le sujet et la toujours dépendance au réseau pour subvenir aux besoins supplémentaires à la production.
Paradoxalement, c’est peut-être en stoppant le système d’aide à l’achat d’électricité renouvelable que l’on va franchir un pas supplémentaire vers la décentralisation de la production d’électricité et la mise en place de l’internet de l’électricité dessiné par J Rifkin dans sa Troisième Révolution Industrielle…
En complément, je vous recommande la lecture de TERRA ECO de ce mois sur une île espagnole – El Hierro – qui œuvre à son indépendance énergétique complète à partir de renouvelable (lien payant). Rafraichissant.
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