Le Syndrome « Small is beautiful, big is… »

Posté par Jean-Luc DOTHEE le 1 octobre 2012

Confronté il y a peu à une opposition de principe concernant l’impossibilité supposée d’une multinationale à contribuer à faire avancer le sujet de la responsabilité sociétale, je me suis trouvé profondément dérangé. Dérangé, car je me suis sentis personnellement « attaqué ». En effet, travaillant régulièrement pour de « grosses entreprises» et ayant la prétention de ne pas faire faire du green-washing, j’ai ressenti le besoin de cette bafouille. Libre à chacun de penser que je défends mon gagne-pain ou ma bonne conscience bien entendu.

La question qui s’est posée est la suivante : les valeurs du développement durable peuvent-elles être portées par les « grosses entreprises », soupçonnables de manipulations des masses au profit de l’intérêt mercantile de quelques privilégiés et aux dépends des consommateurs ?

Je traduis les arguments entendus de la manière suivante : « c’est un non-sens de s’intéresser à un petit bout  l’impact de l’entreprise (un impact environnemental en l’espèce) sans remettre en cause la globalité des enjeux de cette activité », prolongé en «  La finalité de la production en question est-elle cohérente avec les enjeux même de la notion de développement durable ? » et finalement « Pourquoi perdre son temps à écouter la multinationale présenter son approche partielle alors qu’il faudrait œuvrer à la faire évoluer (disparaitre ?) ». Pleins de questions que l’on ne poserait pas à une petite structure.

Je reconnais sans difficulté que la priorité d’une entreprise « engagée » est de remettre en cause la finalité de son activité, d’avoir le courage de dépasser les conséquences et agir sur les causes. J’ai toujours été en phase avec ça (en promotionnant l‘économie de fonctionnalité par exemple) mais la violence du rejet que j’ai observé, me force à nuancer cette vision idéale :

1-      Les hommes et femmes qui travaillent sur les sujets sociétaux dans ces structures contribuent à leur niveau à les faire évoluer en augmentant la compétence disponible sur des sujets bien souvent considérés pendant des années comme secondaires. Surtout, au-delà de toute évaluation réalisée « à la va vite » sur la pertinence de l’existence même d’une activité donnée, les gens qui la composent, ne peuvent selon moi, pas être tenus responsables des irresponsabilités passées ou présentes, réelles ou supposées, de la « firme » en question.

2-      Il faut bien se dire que le plus souvent, ces acteurs sont à la fois considérés comme des « activistes » en interne et des « green washers » en externe. Je ne crois pas, qu’agir selon ses convictions, ce soit rester chez soi à attendre que le monde change  tout seul. Je ne crois pas non plus à la politique de la table rase. Donc, je crois ces soldats utiles.

3-      Qui a autorité (compétence ?) pour statuer sur la compatibilité des activités d’une entreprise avec les valeurs du développement durable ? Faire des ascenseurs, c’est bien ou pas ? Et des voitures alors ? Est-ce que la notion de plaisir alimentaire est un élément à prendre en compte ou pas ? Même mon métier de consultant  ne me paraît personnellement pas si simple à classer dans la colonne des « compatibles DD »…

4-      Enfin, pourquoi ne pas profiter des énormes moyens de ces entreprises mises au banc des accusés du développement durable (à tort ou à raison) ! N’est-il pas faire preuve de bon sens que d’utiliser les résultats des investissements consentis par ces entreprises pour agir sur leurs impacts ? Ils peuvent déployer des méthodes, tester à de grandes échelles de nouveaux modèles. Je reprocherais plus facilement à une entreprise de ne rien faire plutôt que d’agir, surement trop modestement. Il me semble plutôt pertinent de l’encourager en lui exprimant notre attente de « parties intéressées » : change, on a besoin que tu t’y mettes ! Pourquoi tout rejeter en bloc sous prétexte que nous doutons des intentions du financeur ? Au contraire utilisons ces enseignements et vérifions les avant. Soyons cultivés et critiques (Ça oui, il y a une jurisprudence Monsanto quand même).

Qui croit que nous pourrons réaliser cette indispensable « transition » que j’appelle de mes vœux sans les multinationales qui emploient des centaines de milliers de salariés et ont les moyens de financer d’ambitieux programmes de RetD ? Je suis adepte des actions locales comme les CIGALES, ENERGIE PARTAGEE (…), mais ne rêvons pas, l’action doit être menée sur tous les fronts.

Pardon pour ma naïveté, mais je rêve que nous avons plus à gagner à travailler ensemble que les uns contre les autres.

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