Nourrir l’humanité par Bruno Parmentier
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 18 décembre 2011
Bruno Parmentier, auteur du livre « Nourrir l’Humanité, les grands problèmes de l’agriculture mondiale au XXIème siècle » (2008) a dirigé pendant plusieurs années l’Ecole d’Agriculture d’Angers alors qu’il était ingénieur des Mines et économiste dans ses vies professionnelles précédentes. De ses expériences et de son sens de la synthèse est sorti ce livre qui présente l’énorme intérêt pour le lecteur de mettre en perspective les enjeux de l’agriculture mondiale en intégrant les multiples interactions avec le contexte extérieur (climat, énergie, eau, biodiversité, techniques agricoles…).
Ce livre, très argumenté, qui aurait pu s’appeler « comment faire 2 fois plus avec 3 fois moins ?« , dresse un tableau sombre et ouvre quelques perspectives nouvelles pour les années à venir. Je n’aurai pas imaginé qu’il était possible de ne plus avoir recours au labour (économie d’énergie du tracteur qui roule pas, protection de la biodiversité, lutte contre le tassement du sol…) ou de cultiver sur le même champ plusieurs cultures complémentaires simultanément (économie d’intrants car c’est la biologie qui réalise l’apport nutritif et pas la chimie et augmentation de la productivité en multipliant les récoltes). L’esprit est de construire une agriculture « écologiquement intensive ».
Je recommande à tous ceux qui le pourront, d’assiter à une conférence de Mr Parmentier. Son humour caustique facilite la digestion de la dureté des constats.
Quelques notions retirées au hasard de ce livre :
- Jamais autant de monde n’a eu faim sur Terre. Pour la première fois à un milliard d’humain a faim sur terre. Les zones de productions sont plus rares qu’on le pense. Ces dernières années les agriculteurs du monde n’ont pas été en mesure de produire suffisament pour répondre à la demande et ce, malgré une amélioration de productivité exceptionnelle.
- 45% de la production mondiale de céréales est destinée à nourrir les animaux d’élevage. Quand un végétarien mange 200 kg de céréales par an, un carnivore mange l’équivalent de 800 kg de ces mêmes céréales. Il n’est pas tenable que chaque habitant sur terre mange durant sa vie ses 7 boeufs, 33 cochons, 9 chèvres, 1300 volailles (…) comme le français moyen ! Une partie de la solution est de rendre nos rations moins carnées.
- la biodiversité, c’est l’inverse de ce que nous pratiquons dans l’agriculture. Sur les 30 000 espèces végétales comestibles encore disponibles sur terre, 30 fournissent 90% des calories consommées dans le monde ! Et pour l’élevage, c’est pas mieux : sur les 50 000 espèces animales connues, 15 assurent 90 % de la production ! Mais que se passera-t-il si ces espèces choisies pour leur productivité (dans un contexte chargé en intrants et dans un monde où le pétrole est pas cher) se trouvent fragilisée par des épidémies ? Certaines espèces « moins rentables » sont plus resistantes.
- la chimie fut un allié puissant pour améliorer la productivité agricole mais nous sommes allés trop loin. La charge environnementale et économique est devenue trop lourde dans un monde où l’énergie va coûter plus et où les milieux récepteurs se trouvent fragilisés. On parle de révolution doublement verte conjugant productivité et écologie. Savez-vous qu’un sous-sol de bonne qualité est chargé de 300 vers de terre au m2 alors qu’une pratique trop intensive divise par 300 la densité de cet allié naturel de l’agriculture ?
…
Pour Mr Parmentier, l’avenir de l’Homme passe par une agriculture valorisée, optimisée et en mesure de remettre en question les modèles déployés ces cinquantes dernières années. Pour lui, on peut faire plus avec moins et j’ai envie de le croire.
Pour allez plus loin, son blog : http://nourrir-manger.fr/
Bonjour,
Je vois avec plaisir que le CHEDD vous motive !
Et moi, c’est de vous lire qui me motive !
Vous pouvez éventuellement renvoyer sur mon blog : http://nourrir-manger.fr/
Cordialement
Bruno Parmentier