L’obsolescence programmée est elle incontournable ?
Posté par Jean-Luc DOTHEE le 8 octobre 2011
La lecture d’un article plutôt pertinent sur l’obsolescence programmée (lien) m’a donné envie d’approfondir ce sujet souvent « tabou » en industrie. Il fait référence à un reportage passé sur Arte en Février dernier (lien).
Lorsque l’on engage une Analyse de Cycle de Vie, on est souvent surpris de l’impact très important que peut prendre la durée de vie du produit considéré. Mon produit contient du plastique ? si sa durée de vie est plus longue que son concurent en matière « naturelle », son impact environnemental se trouve « divisé » par l’unité de temps considérée et donc il peut devenir concurrentiel (du point de vue de l’impact environnemental). Dans un monde idéal, nous devrions donc produire des produits à longue durée de vie et pour atteindre cet objectif, éventuellement, organiser la réparation du produit en question.
« Dans la vraie vie », la tentation est grande pour le concepteur – fabriquant de ne pas « se pénaliser » en mettant sur le marché des produits qui ne seront pas renouvelés rapidement. Je ne pense pas que le plus souvent il s’agisse d’une stratégie assumée (je ne l’ai jamais vu) mais une simple adaptation au marché de référence. Le cas le plus parlant : le premier Ipod disposait d’une batterie de 18 mois non remplaçable imposant au consommateur de racheter un appareil neuf. C’est pas très responsable mais très efficace commercialement.
Qui n’a jamais été surpris du coût excessif de réparation de son imprimante, de son téléviseur, de sa machine à laver ?… et au final a acheté un matériel neuf !
Soyons juste et positionnons nous du côté de l’industriel. Un temps de renouvellement »raisonnable » permet, outre le chiffre d’affaire généré et les heures travaillées associées pour les salariés (ça compte dans le Développement Durable !), de justifier de lourds investissements en terme d’innovation, qui peuvent eux aussi générer des gains environnementaux notamment…
Certaines entreprises font par ailleur de la durée de vie de leurs produits une valeur intrinsèque de l’objet ou de la marque(Gautier par exemple qui organise et permet donc les démontages – remontages successifs de ses produits), ce qui peut s’avérer gagnant sur des marchés où l’acheteur accepte de valoriser cette caractéristique. La clef est en partie là : l’attente du marché.
Reste à donner une information accessible au consommateur sur la « réparabilité » ou la « durée de vie » du produit qu’il est prêt à acheter. On attend un peu ça de l’affichage environnemental qui est en cours de mise en place.
L’obsolescence programmée est pour moi un sujet à ne pas isoler des réflexions qui touchent à la Responsabilité Globale, même si le sujet est sensible et ne peut se faire à contre-courant des intérêts économiques immédiats des entreprises. Celles qui demain se diffencieront sur la durabilité de leur produit, l’organisation de leur réparation, voir de leur recyclage ont tout à gagner.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.